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victoire
Maraudeur à Serpentard
victoire


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MessageSujet: sans titre   sans titre EmptySam 19 Mar - 21:22

voilà le premier chapitre d'une histoire qui, à mon grand désespoir, n'a pas de titre. j'ai eu beau me creuser la cervelle pendant des mois et des mois...
les premiers chapitres ne sont pas vraiment les meilleures, encore qu'il y a certains passages qui m'ont vraiment fait rire. bon, je vous laisse découvrir et juger.

1
Vers, souris et hérissons.


Thoé était allongée sur son lit (celui à la hauteur de la fenêtre). Elle ne dormait pas et écoutait les ronflements des sept autres filles. C’était toujours ainsi. Elle faisait des insomnies des nuits durant, obnubilée par de sombres pensées ou réveillée par des cauchemars, ou alors, elle s’endormait comme une masse d’un sommeil sans rêve.
La jeune fille finit par se lever et elle s’assit sur le rebord de la fenêtre qui était ouverte à cause de la chaleur qui régnait dans la pièce. C’était une belle nuit d’été et le ciel scintillait de mille étoiles. Mais Thoé n’était pas d’humeur à apprécier le ciel. Elle était perdue dans ses pensées, pensées sur le fait qu’elle était à l’orphelinat depuis qu’elle avait quatre ans et que jamais personne n’avait voulu l’adopter, pensées sur son nom étrange et son tatouage qui ne lui attiraient que des moqueries de la part des autres pensionnaires de l’orphelinat…
Thoé ne se souvenait pas du tout d’avoir vécu ailleurs qu’à l’orphelinat et si au début, elle avait espéré avoir un lointain parent qui la sortirait de cet enfer qu’était l’orphelinat, cela faisait déjà plusieurs années qu’elle n’espérait plus rien. A part atteindre un jour l’âge adulte pour voir autre chose que cette prison pour orphelins. Mais il fallait attendre encore deux ans, deux longues années dans cet orphelinat et si Thoé n’était pas du genre qu’on embête, elle était bien du style à avoir des ennuis. C’était le troisième orphelinat dans lequel elle vivait. Elle s’était fait renvoyer des deux premiers et de cinq établissements scolaires pour faute de bagarres, d’indiscipline ou d’insolence. Mais c’était parce que personne ne la comprenait, parce qu’elle était différente des autres. Et pas seulement à cause du tatouage, ou plutôt de la marque au fer rouge, qui lui défigurait le visage ! Comme elle l’avait haï, cette marque ! A un point tel qu’à l’âge de quatorze ans, elle avait découpé au couteau la peau de sa joue gauche sur laquelle reposait la marque. Une vraie boucherie ! Elle avait saigné pendant des heures, seule dans le noir sur le carrelage de la salle de bain, avant que l’une de ses camarades de chambres ne se lève pour étancher sa soif. Quand elle l’avait vue, le visage ruisselant de sang et le couteau dans les mains, la jeune fille avait hurlé, réveillant ainsi tout l’orphelinat. Thoé ne se souvenait que vaguement de la suite. Tous les éducateurs qui entraient dans la minuscule salle de bain, leurs cris, puis l’infirmière qui l’avait conduite à l’infirmerie où elle l’avait recousue pendant plus d’une heure. De ce dépeçage, Thoé n’en avait retiré que deux choses : un énorme pansement qu’elle avait dû porter pendant deux mois et des séances chez un psychologue qui l’avaient ennuyée au plus haut point et qu’elle avait probablement conduit à l’asile s’il ne s’était pas suicidé. Mais la marque, elle, avait réapparu. Heureusement aucune cicatrice ne s’y était rajoutée. Mais après cela, Thoé n’avait plus jamais recommencé à se charcuter et elle avait fini par s’habituer à cette marque qu’elle avait depuis toujours, du moins c’était ce qu’elle se rappelait, et qui faisait partie d’elle. Elle avait même fini par trouver joli ces entrelacs de serpents qui recouvraient sa joue gauche. Du moins, s’était ce dont elle essayait de se convaincre !
Assise sur la fenêtre, Thoé attendait que l’aube se décide à apparaître dans le ciel. Le jour, elle avait moins le temps de penser et de déprimer et n’ayant pas d’amis, elle préférait s’abrutir dans le travail. La jeune fille se pencha dans le vide et elle essaya d’imaginer l’état dans lequel elle serait si elle tombait du deuxième étage. Thoé n’était pas suicidaire mais elle espérait toujours trouver un moyen de s’enfuir. Enfin, par la fenêtre, ce n’était pas la peine d’y penser. A moins de penser que mourir était une façon comme une autre de quitter ces lieux d’ennuis et de mélancolie…

Enfin l’aube se leva. Thoé admira les mille et une teintes qu’utilisait le jour pour naître chaque matin et les mélodies à la gloire du soleil que chantaient les oiseaux. Puis la cloche retentit et la jeune fille regagna son lit avant de filer à la salle de bain pour y être avant les autres. Celles-ci eurent beau tambouriner à la porte, Thoé n’ouvrit pas et elle prit tout son temps afin que les autres soient obligées de se presser pour arriver à l’heure dans le réfectoire. Thoé faisait toujours la même chose le matin mais comme elle était toujours la première levée, les autres ne pouvaient pas l’en empêcher. Ce n’était que l’une des petites choses qui permettaient à Thoé de se venger des coups de ces camarades sans risquer de se faire à nouveau renvoyer.
Thoé prit son petit déjeuner, le plus possible à l’écart des autres ce qui n’était pas facile car il n’y avait que cinq longues tables pour les cent pensionnaires de l’orphelinat. Thoé devait donc supporter les vains bavardages de ses condisciples tout en essayant de trouver du goût à ce qu’ils appelaient du café et qui lui semblait plus être du jus de chaussettes (déjà portés, les chaussettes !). C’était de toute façon un mauvais jour car la jeune fille était fatiguée (cela faisait déjà quatre nuits qu’elle faisait des insomnies) et quand elle était fatiguée, elle se mettait facilement en colère et il se passait toujours des choses bizarres.
Thoé demandait depuis dix minutes déjà, le sucrier à l’adolescente qui se trouvait à côté d’elle mais celle-ci ne l’écoutait pas, trop occupée à raconter à ses amies qu’elle avait rencontré le plus mignon garçon du monde. Thoé se retint à grand peine de ne pas lui planter sa fourchette dans la main. La jeune fille se forçait à rester calme. Mais le résultat n’était pas très concluant ! Elle regardait fixement le sucrier quand celui-ci commença à se transformer. Il se recouvrit d’une douce fourrure beige ; de petites oreilles, des yeux et un museau apparurent et il commença à marcher en direction de Thoé. Cette dernière jeta un coup d’œil de tous côtés mais personne ne semblait avoir remarqué qu’elle venait de transformer le sucrier en cochon d’Inde. Le petit rongeur s’arrêta devant elle. Thoé voulut l’attraper pour le cacher dans ses vêtements mais dès que ses mains eurent effleuré la douce fourrure, la métamorphose s’inversa. Et Thoé eut dans ses mains le sucrier qu’elle avait demandé. Thoé prit un sucre en essayant de ne pas s’interroger sur ses facultés à transformer les objets en animaux. Ce n’était pas vraiment la première fois qu’une chose pareille arrivait mais heureusement, personne n’avait jamais fait le rapprochement entre les animaux qui apparaissaient mystérieusement à la place des objets et Thoé. Une chance car Thoé se doutait bien que ce genre d’étrangetés lui vaudrait de sérieux ennuis comme par exemple de se faire disséquer le cerveau par une bande de cinglés en blouses blanches se prenant pour de grands chercheurs !

C’était le premier jour des vacances d’été. Thoé n’aurait donc pas, à son grand ennui, cours de la journée. La jeune fille avait toujours préféré les cours aux vacances car si elle se concentrait sur son travail, elle n’avait pas à penser à cette stupide vie qui était la sienne.
Ce n’était pas parce que c’était les vacances que rien n’était prévu ! Les éducateurs avaient prévu de faire un pique-nique au bord d’un lac où l’on pourrait se baigner. Thoé n’était pas du tout enchantée par cette idée, tellement originale qu’elle avait eu droit au pique-nique au bord du lac chaque été depuis qu’elle vivait dans cet orphelinat ! Mais elle n’avait pas le choix. Aussi retourna-t-elle dans sa chambre pour préparer ses affaires. Elle jeta donc son maillot de bain, une serviette, un livre et son journal intime avec un stylo dans un sac à dos puis ressortit de la chambre alors que les sept autres filles discutaient encore pour savoir quel maillot de bain emmener, quelles lunettes de soleil, quel chapeau… Thoé préféra les ignorer et elle s’assit sur l’un des bancs du réfectoire en attendant que les autres soient prêts. Thoé avait hâte d’être la semaine suivante car elle commencerait à travailler. Comme tous les orphelins à partir de l’âge de quinze ans, Thoé avait trouvé un travail pour les vacances d’été ce qui lui permettrait d’avoir un peu d’argent à elle. L’année précédente, elle avait travaillé dans un centre équestre et elle avait adoré cela. Cette année, elle devait passer un mois dans le même centre équestre et un mois dans un zoo. Elle ne passerait donc que les nuits à l’orphelinat ! Mais il fallait encore attendre toute une semaine… Une semaine à s’ennuyer et à supporter cette vie de prisonnier.
Enfin, le départ fut donné. Les éducateurs et les cent pensionnaires s’engouffrèrent dans les trois cars qui les attendaient et ils se dirigèrent vers le lac.

Quand ils furent arrivés à destination, Thoé installa ses affaires dans un coin tranquille, à l’écart des autres, puis elle alla se changer dans les cabines. Thoé fut la première à mettre un pied dans l’eau. Elle était délicieusement glacée à l’inverse de la chaleur ambiante. Thoé s’avança dans l’eau jusqu’à n’avoir plus pied puis elle plongea. Elle se sentait si bien sous l’eau ! C’était un monde silencieux et solitaire qui s’offrait à elle. Thoé aurait aimé savoir respirer sous l’eau pour ne pas avoir besoin de remonter à la surface pour respirer un air bruyant. Á force d’entraînement, elle était parvenue à rester sous l’eau sans respirer plus longtemps que tous les autres. Mais ces instants de calme et de bonheur étaient toujours trop courts…
Thoé finit par revenir sur la plage pour pique-niquer. Ensuite, elle prit son livre et, allongée sur sa serviette, elle commença sa lecture, insouciante à ce qui se passait autour d’elle.
L’une des filles de sa chambre, Clara, s’approcha discrètement du sac de Thoé. Elle commençait à le fouiller quand Thoé se rendit compte qu’il se passait quelque chose en entendant des gens pouffer.
_ Repose mon sac immédiatement ! s’écria Thoé.
Clara lâcha le sac mais elle avait gardé le journal.
_ Un journal intime ! Voyons voir ce que Thoé nous cache ! se moqua Clara.
Thoé se releva brusquement et se jeta sur sa camarade de chambre. Mais celle-ci s’esquiva et entra dans l’eau. Elle tenait toujours le journal à la main et essayait de forcer le cadenas.
_ Si tu le veux, viens le chercher !
Thoé ne se le fit pas dire deux fois et elle entra dans l’eau à sa suite. Thoé allait attraper son journal quand le cadenas céda. Surprise, Clara lâcha tout et le précieux journal tomba à l’eau. Clara n’était plus du tout fière d’elle et elle sortit de l’eau rapidement en bredouillant quelque chose qui pouvait vaguement ressembler à des excuses. Les autres adolescents qui les avaient suivies firent eux aussi demi-tour. Il ne restait plus que Thoé, dans l’eau jusqu’à la taille, qui regardait horrifiée l’endroit où son journal était tombé. La jeune fille faillit tomber à la renverse quand elle aperçut une raie. Mais le plus étonnant n’était pas que cet animal d’eau de mer soit dans un lac d’eau douce, c’était que la raie était peinte ! Sur ses écailles s’étendait une végétation de forêt amazonienne dans laquelle étaient cachées toutes sortes d’animaux ! Le même dessin que sur son journal ! Thoé n’hésita pas une seconde, elle plongea ses mains dans l’eau et saisit la raie avant de la remonter à la surface. La raie n’avait pas plus tôt senti l’air sur ses écailles qu’elle se métamorphosa. Et Thoé eut dans ses mains son journal, tout à fait sec.
Thoé ressortit de l’eau, son journal serré dans ses bras et des idées de vengeance plein la tête. Et puisqu’elle avait manifestement un don certain pour transformer les objets en animaux, elle allait s’en servir !
Clara, étendue beaucoup plus loin, s’étalait de la crème solaire sur le corps. Thoé fixa la crème qui sortait du tube en un long spaghetti blanc qui commença à remuer et à onduler sur le corps de la jeune fille. La crème s’était changée en un long ver blanc. Clara, quand elle aperçut le ver, se redressa en hurlant et en se donnant des claques pour le faire tomber.
_ Enlevez-moi cette horreur ! hurlait-elle. Au secours !
L’adolescente finit par se jeter à l’eau au moment même où le ver reprenait sa forme initiale.
Thoé avait bien ri, mais elle n’était pas décidée à laisser tomber. Et elle prévoyait bien d’autres vengeances !
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 19 Mar - 21:23

Beaucoup plus tard, en fin d’après-midi, ils revinrent à l’orphelinat. Comme le repas ne serait servi qu’une heure plus tard, chacun retourna dans sa chambre.
Thoé rejoignit sa chambre et s’allongea dans son lit pendant que les sept autres filles, dont Clara, se serraient dans la salle de bain pour se refaire une beauté. Comme la salle de bain était trop petite pour sept, elles avaient laissé la porte ouverte et Thoé les voyait parfaitement. Elles étaient toutes en train de se coiffer, de se maquiller…
Thoé fixa soigneusement les brosses et les peignes qu’elles tenaient dans leurs mains. Et elle ne tarda pas à entendre des hurlements à réveiller les morts tant ils étaient perçants. Les brosses et les peignes avaient été remplacés par des souris et des hérissons. Les sept adolescentes se retrouvaient donc à tenir des souris par la queue ou des hérissons par un piquant ! Affolées, elles lâchèrent les animaux qui s’enfuirent dans toute la chambre semant une pagaille sans nom car dès qu’une des filles voyait une souris, elles se mettaient toutes à hurler et elles se retrouvèrent debout, comme des cruches, sur les chaises, la table ou les lits !
Incapable de garder son sang-froid, Thoé riait aux larmes. Entre deux éclats de rire, la jeune fille descendit de son lit et attrapa quelques souris qui passaient à sa portée et elle les agita sous le nez de Clara. Cette dernière poussa un hurlement et, essayant de se reculer précipitamment, elle tomba de la chaise sur laquelle elle s’était réfugiée et se retrouva les quatre fers en l’air !
En voyant cela, Thoé ne put s’empêcher d’éclater de rire et de déposer l’une des souris sur le ventre de Clara. L’adolescente hurla de plus belle, terrorisant d’avantage encore la pauvre souris et se releva avant de s’enfuir par la porte suivie par ses six camarades.
Thoé en profita pour ramasser les souris et les hérissons et leur redonner leur forme première. Elle n’avait pas plus tôt terminé de démétamorphoser les animaux que la directrice, madame Mochu jaillit devant elle tel un boulet de canon. Thoé comprit, avant même que la directrice n'ouvre la bouche, qu’elle allait avoir des problèmes.
_ Dans mon bureau ! Tout de suite ! éructa la grosse femme qui était tellement en colère qu’elle ressemblait à une grosse tomate trop mûre sur le point d’exploser.
Thoé, amusée, s’aperçut que la directrice regardait d’un air inquiet si rien ne bougeait sous les meubles de la chambre. Elle aussi craignait de si minuscules petits mammifères ! Thoé cessa de sourire en pensant à ce qui allait lui arriver. Elle suivit donc, dépitée, la directrice jusqu’à son bureau.
La pièce était entièrement recouverte d’une vieille moquette rose clair qui, de l’avis de Thoé, ne devait avoir qu’une seule utilité : couvrir les bruits que faisait la directrice quand elle s’envoyait en l’air avec Jérôme (l’un des éducateurs qui avait au moins vingt ans de moins qu’elle ! Elle le payait sûrement !). Le bureau, qui occupait à lui seul la moitié de la pièce, constitué d’un ensemble de troncs d’arbres à peine élagués, ressemblait plus à un stère de bois qu’à un bureau (au moins s’ils manquaient de bois pour le feu cet hiver, ils sauraient où en trouver !) et les trois chaises qui l’entouraient, des chaises en simili acajou dont le siège et le dossier étaient recouverts de velours rose bonbon usé jusqu’à la trame et troué en plusieurs endroits par des brûlures de cigarettes, n’allaient absolument pas avec. Il y avait aussi un lampadaire (une lampe de chevet sur pied plutôt ! avec un abat-jour rose bonbon à pois violets et à pompons !) une cheminée qui semblait sortir tout droit de la grotte d’un homme de cro-magnon, une plante verte en plastique très mal imitée, des rideaux oranges à grosses fleurs violettes et un énorme cendrier en coquillages du genre bibelot made in Taiwan pour gogos passant ses vacances sur la côte bretonne.
Pour Thoé, cette pièce était le summum de l’horreur, en plus elle puait la cigarette, quand une épaisse fumée ne stagnait pas dans la pièce, ce qui avait au moins l’avantage de cacher la pièce à la vue des malheureux visiteurs, mais elle correspondait parfaitement à sa propriétaire, une grosse femme d’une cinquantaine d’années bien tassée, avec des cheveux courts, blonds et frisés et de petits yeux porcins cachés (heureusement) derrière d’énormes lunettes fantaisies généralement de couleur fluo. Elle était toujours maquillée comme une vieille prostituée croyant pouvoir cacher rides, tâches et boutons sous des kilos de fond de teint et en attirant les regards par un rouge à lèvres sanguinolent et un fard à paupière dans le style de l’art abstrait : en couche épaisse, craquelé et vif à faire pleurer ceux qui pourraient avoir l’idée saugrenue d’y poser les yeux. Elle portait des kilos de faux bijoux aux pierres si grosses que Thoé s’étonnait qu’elles n’aient pas encore obligé madame Mochu à se déplacer en rampant et ne portait que des tailleurs qui la faisait ressembler à un saucisson sur pattes.
Avec le rose de la pièce, l’orange des rideaux, le vert pomme du tailleur et le rouge violacé du visage de la directrice, on ne pouvait plus dire que les couleurs juraient ! Elles s’insultaient carrément !
_ Assis ! ordonna la directrice.
Thoé évita soigneusement le fauteuil de droite dont les ressorts ressortaient et s’assit précautionneusement sur celui de gauche. Elle commençait à connaître le bureau de la directrice comme sa poche ! La jeune fille se força à regarder ses pieds pour éviter que l’entourage ne lui donne la nausée. Encore que si elle avait rendu son déjeuner sur la moquette, cela n’aurait pas pu empirer l’état des choses. Cela ne ce serait même pas remarqué !
_ Vos camarades de chambre m’ont dit que vous les aviez menacées avec des rats !
_ Des souris et des hérissons, murmura Thoé.
_ Qu’est-ce que vous dites ?
_ Je disais que ce n’était pas des rats mais des souris et des hérissons ! Et je ne les ai pas menacées ! J’ai juste voulu les présenter…
Madame Mochu se mit à crier. Thoé ne prêta pas la moindre attention aux paroles que prononçait la grosse femme et elle ne se fatigua pas à essayer, vainement, de se défendre.
Elle entendit vaguement la directrice lui demander comment elle avait fait entrer ces animaux dans l’orphelinat mais Thoé se contenta de fixer ses pieds, observant que sa chaussure droite commençait à se trouer. De toute façon, qu’aurait-elle pu lui répondre ? Elle ne pouvait tout de même pas lui dire qu’elle avait changé les brosses à cheveux en souris et les peignes en hérissons !
Mais la directrice ne semblait pas avoir besoin de Thoé pour s’énerver et hurler.
Thoé finit par relever la tête et elle observa d’un air intéressé le visage de la directrice qui avait pris une teinte violacée et qui avait au moins triplé de volume. La jeune fille se demandait au bout de combien de temps, le visage, gonflé à l’extrême, exploserait. Mais la grosse femme finit par se taire, à bout de souffle, et elle se dégonfla dans un bruit de ballon crevé et une haleine de cadavre.
_ Demain, vous resterez toute la journée à l’orphelinat ! Vous êtes privée de pique-nique au lac ! Et maintenant, sortez de mon bureau ! s’époumona la directrice.

Beaucoup plus tard, assise sur le rebord de la fenêtre ouverte, alors que toutes les autres dormaient, Thoé attrapa son journal intime, un stylo et sa lampe de poche.
Orphelinat Détrack, samedi 30 juin, 3h36 du matin :
Je commence à me poser des questions. Je suis sûre et certaine d’être la seule ici à posséder un pouvoir ? un don ? comme le mien ! Quoique, j’espère que personne ne s’est aperçu que je suis capable de transformer des objets en animaux,, sans quoi j’ai peur d’avoir de très gros problèmes. Bien plus gros que ceux que j’ai eu et qui ont abouti à mes fréquents changements d’adresse ! Alors je suppose que si quelqu’un d’autre avait des capacités dans ce genre, il les cacherait. D’un autre côté, si c’était quelque chose de très commun, on en parlerait. Enfin, je crois. La question est donc : suis-je normale ? Mais après tout, ce mot ne veut rien dire… N’empêche, c’est vraiment très étrange ! Mais c’est plutôt pratique, surtout pour se venger, je dois bien l’avouer, et très amusant aussi ! Saurai-je, un jour, pourquoi je suis capable de telles métamorphoses ? J’en doute, pour cela il faudrait que j’en parle à quelqu’un et je ne vois vraiment pas à qui je pourrais faire confiance !
En tout cas, je me suis bien amusée à effrayer les sept dindes avec qui je suis obligée de partager ma chambre ! Ou plutôt, les sept éléphantes, vu leur réaction avec les souris ! Mais ce n’est pas très gentil pour les dindes et les éléphantes… Pauvres filles quand même ! Avoir peur de si petits animaux inoffensifs ! La directrice, qui entre parenthèse a, elle aussi, peur des souris, m’a puni en m’obligeant à rester ici toute la journée plutôt que d’aller au lac ! Comme si c’était une punition ! Elle me fait bien rire ! Comme si passer tous ces jours de vacances au bord d’un petit lac minable entourée de mes chères camarades de chambre était une joie dont la privation me serait insupportable ! Au contraire, c’est un vrai soulagement ! Mais je ne vais certainement pas aller le lui dire ! Qui serait assez fou pour avouer que la punition qu’on vient de lui donner est en vérité un cadeau ? Comme ça va être agréable de pouvoir se promener seule dans l’orphelinat ! Je n’aurai pas à supporter les autres pensionnaires de toute une journée, je ne verrais pas les filles de ma chambre, le rêve ! Bien sûr, la directrice sera là aussi, mais enfermée dans son bureau à faire de la comptabilité avec son Jérôme ! Du moins c’est ce qu’elle raconte… On connaît tous la vérité ! Donc, je serai tranquille. Enfin une journée qui ne s’annonce pas trop mal ! Enfin, j’espère…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyDim 20 Mar - 10:50

Bon, et bien, maintenant, je me vois obligée de te demander la suite, voilà, c'est comme ça langue

lol

J'ai bien aimé, et donc du coup, bah j'veux lire la suite lol

Pfff, les filles qui ont peur de petites souris innocentes, franchement Rolleyes

Jus de chaussettes (déjà portées, les chaussette) = super, la précision, nous fallait bien ça pour imaginer lol

Par contre, la seule remarque que j'aurai à faire, c'est la répétition du nom de Thoé. C'est pas grand chose, mais tu répètes sans arrêt son nom, je sais je suis chiante de dire ça sans titre Pfff

lol
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyDim 20 Mar - 15:05

je suis contente que ça t'ait plut. pour ta remarque sur le fait que je répétais trop le nom de Thoé, c'est fort possible. ça fait plus de deux ans que je l'ai écrit un sans doute plus d'un an que je ne l'ai pas revu et comme je le faisait lire à une copine qui n'était pas vraiment le genre de bonne lectrice qui s'intéresse à tous les détails... enfin, j'essayerai de revoir ça.
en fait, comme je l'ai dit précédemment, je n'ai pas trouvé de titre donc si par hasard un titre qui sort de l'ordinaire te vient à l'esprit, n'hésite pas!
voilà le deuxième chapitre. bonne lecture!

2
Une visite inattendue.


Thoé attendit que tout le monde parte au lac pour sortir de sa chambre où elle s’était cloîtrée pour ne voir personne. Elle commença par aller à la cuisine, pêcher un petit déjeuner à la barbe des cuisiniers.
A l’orphelinat, tout était calme, silencieux, vide ! Thoé avait l’impression d’être toute seule dans le bâtiment et cette impression était très agréable. C’était comme si elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait sans que personne ne l’en empêche ! Et Thoé ne se gêna pas ! La jeune fille commença par se rendre dans la bibliothèque. Celle-ci était, bien entendu, fermée à clé mais cela faisait bien longtemps que Thoé avait appris à forcer les serrures ! La jeune fille s’attabla devant l’ordinateur de la bibliothécaire et l’alluma. Elle comptait chercher des informations sur l’orphelinat sur Internet. Et utiliser Internet était, bien sûr, interdit ! Cela aurait coûté de l’argent à l’orphelinat et donc à la directrice ! Thoé cherchait des informations sur madame Mochu. Elle espérait trouver quelque chose pour la faire renvoyer, cela ne devait pas être trop difficile ! Elle était si désagréable et si radine qu’elle ne pouvait raisonnablement pas être devenue directrice d’un orphelinat sans pots de vin et si elle l’était devenue, c’était sûrement pour une bonne raison ! Du genre détournement de fonds destinés à de malheureux orphelins sur son compte en banque !
Mais malgré de longues recherches, Thoé ne trouva rien. Décidément, Internet n’était pas aussi performant que ce qu’on disait, on n’y trouvait absolument pas tout sur tout !
Déçue, Thoé regagna sa chambre après avoir soigneusement refermé à clé la porte de la bibliothèque. Elle qui avait espéré trouver un moyen de quitter cet orphelinat deux ans plus tôt que prévus, c’était raté ! Et Thoé savait qu’elle n’avait pas intérêt à s’en faire renvoyer car, dans ce cas, c’était en centre spécialisé pour les jeunes délinquants qu’elle risquait de finir ! Elle allait donc encore devoir supporter de vivre dans cet endroit pendant presque deux ans ! A moins de réussir à forcer le bureau de la directrice et fouiller sur son ordinateur personnel, peut être ! Mais elle ne pouvait pas essayer en ce moment car la directrice était dans son bureau, avec Jérôme ! Et s’ils étaient certainement trop occupés pour faire attention à elle, pénétrer dans le bureau sous leurs yeux risquait d’être tout de même remarqué !
_ Tant pis ! pensa la jeune fille. Une autre fois peut être !
En attendant, et puisque personne ne faisait attention à elle, Thoé décida d’essayer son don pour en connaître les limites et pour s’exercer. On ne savait jamais, cela pouvait servir ! A se venger, par exemple, mais peut être aussi pour d’autres raisons ! Qui sait ?
Thoé commença dans sa chambre. Elle transforma le pot à crayons avec ses stylos en hérisson, la pendule en tortue, les lampes de chevet en canard, pélican et perroquet, les rideaux en une nuée de papillons bleus, les chaussures en taupes, les chaises en babouins… Quand elle eut transformé les oreillers en moutons et les lits superposés en énormes vaches, tous les animaux de la chambre faisaient un boucan d’enfer et Thoé se dit qu’il était peut être temps de les démétamorphoser. C’était un travail beaucoup plus long et ennuyeux que les métamorphoses. C’était aussi beaucoup plus difficile car les animaux bougeaient et donc la jeune fille devait leur courir après afin de les immobiliser. Et après, elle devait remettre tous les objets à leur place initiale ! Ensuite, Thoé se rendit dans la grande salle. Elle métamorphosa les lampadaires en hérons ou en cigognes, les vases en mangoustes, les tableaux en écureuils volants, les bancs en bassets et (Oh problème !) la théière en éléphant ! Thoé essaya de le démétamorphoser immédiatement mais l’éléphant ne se laissa pas faire ! Il commença à courir partout, terrorisant les autres animaux qui se réfugièrent tous sous les tables. Mais l’éléphant était fou furieux et il détruisait tout ce qu’il rencontrait ! Pour le coincer, Thoé courut chercher des brosses pour les transformer en souris qu’elle installa tout autour de l’éléphant. Celui-ci, terrorisé, ne bougeait plus ce qui permit à Thoé de le démétamorphoser. Ensuite, Thoé redonna leur forme première aux autres animaux et rangea la pièce comme elle put. Elle fila ensuite dans sa chambre avant que quelqu’un ne s’aperçoive de quelque chose !
Après toutes ces émotions, Thoé préféra cesser de jouer avec son pouvoir et elle prit un livre. Mais la jeune fille ne parvenait pas à se concentrer sur l'histoire que racontait son roman. Une histoire stupide d’ailleurs avec un homme à qui il arrivait toutes sortes de malheurs depuis qu'un sorcier africain lui avait jeté un sort !
Thoé reposa son livre. Elle avait encore envie de métamorphoser quelque chose mais elle craignait qu’il se produise un autre désastre comme celui qu’elle avait créé dans la grande salle ! Ce qui était étonnant c’était qu’une théière s’était transformée en éléphant. D’habitude, l’objet transformé et l’animal avaient à peu près la même taille ! Peut-être avait-elle d’avantage développé son don ? C’est pourquoi Thoé ne se remit qu’avec beaucoup de précautions à sa séance de métamorphoses. Mais cette fois-ci, heureusement, elle resta dans le monde des insectes : elle transforma les barrettes et les pinces de ses camarades de chambres en sauterelles et papillons, les crayons en phasmes ou mantes religieuses et divers petits objets en araignées et en punaises. Souriant intérieurement, la jeune fille se demanda ce qui se passerait si elle transformait les pinces des ses codétenus de cellule en araignées alors qu’elles étaient dans leurs cheveux. Probablement de quoi s’amuser à leurs dépens !
Thoé venait de terminer de rendre leur forme initiale aux insectes, du moins à ceux qu’elle avait retrouvés, et elle s’apprêtait à se rendre dans la cuisine pour recommencer ses expériences quand la porte s’ouvrit brusquement. C’était Jérôme ! Il avait un drôle d’air et Thoé se demanda s’il était content d’avoir pu se sortir des griffes de madame Mochu ou s’il était déçu.
Quand elle le vit entrer, Thoé pensa immédiatement au désastre de la grande salle. Cette fois, elle allait se faire renvoyer, c’était certain ! Pour une fois que ce n’était pas fait exprès ! C’était vraiment trop injuste !
_ Madame Mochu veut te voir dans son bureau ! dit-il.
Thoé le suivit comme un condamné à la guillotine suivrait le bourreau jusqu’à l’échafaud. La jeune fille se demanda si, finalement, vivre dans un centre pour jeunes délinquants était vraiment pire que vivre dans cet orphelinat. Il fallait se convaincre que rien ne changerait et tout se passerait bien ! Enfin, il fallait l’espérer…
Thoé entra dans le bureau. Jérôme referma la porte derrière elle, la laissant seule face à la colère de la directrice. Cette dernière avait le visage écarlate, pourtant elle ne semblait pas particulièrement en colère. Peut-être était-elle encore essoufflée à cause des ses ébats passionnés avec Jérôme !
_ Assieds-toi ! J’ai à te parler sérieusement…
La directrice ne lui avait pas parlé méchamment. Finalement, elle ne devait pas être au courant pour la grande salle. Mais dans ce cas, pourquoi l’avait-elle fait venir ?
_ Tout à l’heure, j’ai reçu un coup de téléphone de quelqu’un disant être ton parrain. As-tu un parrain ?
Pas à sa connaissance. Mais elle n’allait certainement pas répondre cela et manquer une aubaine pareille ! Elle qui rêvait de quitter l’orphelinat, voilà qu’un parrain apparaissait, comme sorti d’un coup de baguette magique. Et, quel qu’il soit, ce serait toujours mieux que l’orphelinat !
_ Je ne m’en souviens pas, en tout cas. Mais cela doit être vrai. Pourquoi se serait-il présenté ainsi si tel n’était pas le cas ? Je ne pense pas que quelqu’un puisse inventer un mensonge de ce genre pour s’approcher de moi…
_ C’est aussi mon avis. Qui voudrait de toi s’il n’était pas vraiment ton parrain ?
Thoé préféra ne rien répliquer même si cette remarque acerbe l’avait profondément blessée. Malheureusement, la directrice avait raison. Sinon, quelqu’un l’aurait adoptée, du moins quand elle était encore petite !
_ Bon, continua la directrice sans remarquer le trouble de Thoé. Il viendra ici dans l’après-midi. Je le recevrais d’abord seule puis, je te ferais venir. Finalement, c’est une chance que tu ne sois pas partie au lac ! Au moins comme ça, l’affaire sera vite réglée ! Tu peux partir maintenant ! Je te ferais chercher !
_ Il avait un sacré drôle d’accent, avait ajouté la directrice, perdue dans ses pensées.
Thoé retourna donc dans sa chambre en se demandant à quoi pouvait bien ressembler son parrain et surtout à pourquoi il ne s’était pas manifesté plus tôt ! La directrice avait parlé d’un accent. Venait-il d’un autre pays ? Et elle ? Si cela se trouvait, son pays d’origine avait été en guerre (guerre où seraient morts ses parents) son parrain l’avait alors déposé dans un orphelinat d’un pays étranger pour la protéger et, la guerre enfin terminée, il venait la chercher ! C’était une réponse comme une autre et, au moins, elle avait l’air possible, logique… Mais elle n’était pas sûre de connaître un pays qui ait été en guerre depuis ses quatre ans !

Thoé se rendit dans la cuisine, désertée par les cuisiniers, afin de métamorphoser encore quelques objets. Mais la jeune fille s’aperçut qu’elle n’avait plus le cœur à cela. Elle ne pensait plus qu’à une chose : elle avait un parrain et il s’était manifesté ! Se pouvait-il qu’elle quitte enfin cet orphelinat ? Si tel était le cas, alors ce jour serait certainement le plus beau jour de sa vie ! Et même si son parrain était un vieux grincheux, elle trouverait bien le moyen de s’amuser et de s’entendre avec lui. Elle serait libre ! LIBRE !
Surexcitée, Thoé retourna dans sa chambre. Elle avait envie de sauter partout pour montrer sa joie mais sa bonne humeur retomba rapidement. Elle venait de penser que le mot parrain pouvait être pris dans un autre sens. C’était peut être un notaire ou quelque chose comme ça qui devait gérer les biens que lui avaient légués ses parents et il n’avait appelé que pour se présenter. Ce serait terrible ! Et c’était sans doute la vérité. Thoé savait bien que ce genre de miracles n’existait que dans les contes de fées. Un parrain apparaissant soudain comme un lapin sortant d’un chapeau de magicien, cela n’existait pas ! Elle s’était encore emballée et la déception était douloureuse.
Thoé s’allongea sur son lit, les yeux tournés vers le plafond. Elle avait envie de pleurer, de crier sa rage et sa déception. Pourquoi les orphelins n’avaient-ils jamais de chance ? Pourquoi les contes de fées n’étaient-ils jamais réels ? Pourtant, elle avait bien une sorte de don, de pouvoir ! Alors pourquoi n’aurait-elle pas aussi un vrai parrain qui viendrait la chercher ? Thoé se raccrochait à cette idée tout en s’en voulant d’augmenter ainsi sa déception quand elle apprendrait la vérité.
Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre…
Thoé finit par se rendre aux cuisines pour demander quelque chose à grignoter. Maintenant, elle comprenait ce que voulaient dire les gens en déclarant que l’attente et l’espoir pouvaient être les pires supplices qui soient !
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyDim 20 Mar - 15:05

Il était près de quinze heures quand Jérôme vint la chercher dans sa chambre et la conduisit dans le bureau de la directrice. Il referma la porte derrière lui et s’assit, un peu à l’écart, tout en jetant des regards furieux en direction du fauteuil faisant face à la directrice. Thoé s’approcha en s’efforçant de respirer calmement. Elle se laissa tomber lourdement sur la chaise qui restait et se releva tout aussi brusquement. C’était la chaise aux ressorts cassés ! Thoé décida de rester debout, cela valait mieux si elle tenait à ce que son derrière ne soit pas lacéré ! Elle finit par se tourner vers l’homme qui était assis à sa droite et qui la regardait maintenant avec un petit sourire amusé. Effectivement, ses réactions avaient de quoi faire rire quelqu’un qui ne savait pas que la chaise était cassée !
Quand elle vit l’homme, Thoé faillit se rasseoir sur la chaise tant elle était surprise. L’homme ne devait pas avoir trente ans, était brun, bronzé et avait de grands yeux bleus et même si les critères de beauté variaient d’une personne à une autre, tout le monde aurait été forcé d’avouer que son parrain était beau, très, et séduisant aussi. A vrai dire, il avait un charme fou et la directrice l’avait remarqué ! Elle n’arrêtait pas de le dévorer des yeux au grand énervement de Jérôme. Thoé comprit, à son grand amusement, que l’éducateur était jaloux. Il n’a pourtant pas à s’inquiéter, pensa-t-elle, jamais son parrain ne s’intéresserait à une femme comme madame Mochu ! Du moins, elle y veillerait !
_ Thoé, je te présente ton parrain, monsieur… hésita la directrice qui semblait avoir oublié le nom.
_ Chrysaor, Hess Chrysaor.
Tiens, pensa Thoé, je ne suis pas la seule à avoir un prénom bizarre. Et madame Mochu avait raison, il a vraiment un accent très prononcé. Il vient sans doute d’un autre pays, comme je l’avais imaginé !
_ Effectivement, vous me l’avez dit, murmura madame Mochu d’une voix qu’elle voulait attirante.
Hess Chrysaor se tourna vers Thoé et lui fit un clin d’œil en désignant la directrice. Décidément, il n’était pas seulement jeune et séduisant, il avait de bons goûts en plus !
Thoé se força à se calmer en s’enfonçant les ongles dans ses mains. Si elle continuait ainsi, elle allait finir par se comporter comme madame Mochu. Quelle horreur !
_ Si j’ai bien compris, continua la directrice sans s’apercevoir que Thoé et son parrain se moquaient d’elle, monsieur Chrysaor te recherche depuis quelque temps déjà. Il a eu un peu de mal à te retrouver à cause de tes fréquents changements d’adresses…
Thoé se mordit les lèvres, plus pour ne pas éclater de rire que par honte.
_ Alors comme ça, vous êtes mon parrain, dit Thoé pour entamer la conversation.
_ Oui, et ton cousin aussi.
_ Vous n’êtes pas d’ici…
_ Non, et toi non plus. Tu es née en Australie.
_L’Australie ?! Mais c’est à l’autre bout du monde ! Enfin, il n’y a pas vraiment de bout puisque la terre est ronde mais bon…
Il lui sourit une nouvelle fois. Son étonnement semblait l’avoir amusé d’avantage encore. Mais bon, elle avait une bonne excuse, personne ne savait rien de l’Australie en Europe, c’était un pays tellement lointain, tellement mystérieux… et absolument autonome !
_ Pourquoi êtes-vous venu me chercher après tout ce temps ?
Thoé avait finalement posé la question qui lui importait le plus. Un voile de tristesse et de culpabilité passa dans les yeux de Hess Chrysaor mais il l’en chassa très vite pour adopter à nouveau un ton joyeux.
_ Pour te ramener dans ton pays. J’ai déjà fait toutes les démarches et signé tous les papiers. Je suis assez pressé et madame Mochu a eu l’obligeance d’accélérer le procédé…
La directrice sourit en se redressant dans son fauteuil. Enfin, on parlait d’elle !
Hess Chrysaor jeta un regard à Thoé.
_ Bien sûr, tu n’es pas obligée de venir avec moi. Tu es assez âgée pour décider toute seule de ce que tu veux faire. Tu peux rester ici si tu le souhaites, tu n’as qu’à me le dire, je comprendrais…
_ Y a pas de problème, je viens avec vous ! s’exclama Thoé précipitamment ce qui déclencha un sourire de la part de son parrain et un grondement de la part de la directrice.
_ Tu as vraiment envie de venir ?
_ Vraiment ! C’est comme un rêve qui se réalise ! Quand partons-nous ?
_ Thoé ! gronda madame Mochu. Ce n’est pas un comportement de jeune fille bien élevée ça ! Ne soit pas si impatiente !
_ C’est que je suis tellement pressée de quitter cet endroit et de vous quitter ! s’exclama-t-elle en insistant sur le vous.
Thoé avait ajouté cela en espérant déclencher la colère de la directrice mais cette dernière se retint pour ne pas passer pour une femme colérique devant l’homme de ses rêves !
_ Comme je te l’ai dit, je suis moi-même pressé. Demain, ça va ? Ce n’est pas trop tôt ? s’inquiéta Hess.
_ Demain, parfait ! Vous auriez dit ce soir, ça allait aussi ! Ne vous inquiétez pas, je serais prête à l’aube s’il le faut !
_ Je vois que tu es pressée de nous quitter, maugréa la directrice. Tu n’étais pas bien ici ?
_ Non ! répondit Thoé, provocante. Et je suis enchantée de vous quitter !
La jeune fille se dirigea rapidement vers la porte pour éviter la colère de la directrice qui avait retrouvé son teint violacé habituel quand Thoé la rencontrait dans son bureau en tête-à-tête.
_ A demain ! lança-t-elle à son parrain.
Et elle s’enfuit à travers les couloirs jusqu’à sa chambre où elle se jeta sur son lit.
Enfin ses rêves se réalisaient ! C’était un vrai parrain et il était venu pour l’emmener ! C’était le plus beau jour de sa vie !
Elle était tellement surexcitée et heureuse que, quand ses camarades de chambre revinrent de leur sortie au lac, elles demandèrent :
_ Qu’est-ce que tu as ? Tu ne devrais pas être si heureuse alors que tu étais punie ! Qu’est-ce que tu as encore manigancé ?
_ Il y a que j’ai un parrain et qu’il est venu pour m’emmener chez lui ! Je pars demain ! Je ne verrais plus vos sales tronches du matin au soir ! Le rêve !
Les sept adolescentes, mortes de jalousie, cherchèrent des choses méchantes à dire à leur ennemie de toujours :
_ Je parie que c’est un vieux bonhomme grincheux qui cherche une servante ! lança Clara.
_ Raté ! Il n’a pas trente ans et il est plus beau que toutes vos stars préférées réunies ! répondit Thoé en désignant les multiples posters de chanteurs et d’acteurs que les autres avaient punaisé un peu partout dans la chambre.
Les sept filles encaissèrent difficilement le coup. Elles n’arrivaient pas à croire que Thoé puisse avoir un parrain, et qui plus est, un parrain craquant ! Elles l’avaient toujours détestée parce qu’elle était bizarre, défigurée par un tatouage sur la joue et à l’orphelinat depuis qu’elle avait quatre ans. Sans parler du nombre d’établissements desquels elle s’était fait renvoyer ! Elle était différente et c’était ce qui les gênait le plus !
_ Si tu as vraiment un parrain, alors pourquoi n’est-il pas venu plus tôt ? Il avait d’autre chose à faire plus importante, sans doute ? demanda Alice méchamment.
Thoé serra les poings. Alice avait touché juste mais elle n’allait pas la laisser gagner si facilement.
_Jalouse ? Alors là, vraiment je n’aurai pas crû cela de toi ! ironisa Thoé.

Les huit filles se couchèrent en se jetant de méchants regards. Thoé attendit que toutes dorment pour se saisir de son journal intime et s’installer sur le rebord de la fenêtre.
Orphelinat Detrack, dimanche 1 juillet, 1h24 du matin :
Je n’arrive pas à croire à ma chance. J’ai un parrain, un parrain ! Et il est venu me chercher pour m’emmener chez lui ! En Australie ! C’est là que je suis née ! Je vais enfin revoir mon pays. C’est étrange quand même cette histoire. Comment se fait-il que je me sois retrouvée en France alors que manifestement ma famille vit, ou du moins vivait en Australie ? De l’autre côté de la terre ! Il a dû se passer quelque chose de véritablement affreux pour que quelqu’un prenne la peine de m’emmener jusqu’en France ! Et il a dû arriver quelque chose à mes parents sans quoi, ce ne serait pas mon parrain qui serait venu me chercher. Enfin, je suppose… Il faudra que j’interroge Hess Chrysaor à propos de mes parents. Et aussi pour savoir pourquoi il a mis si longtemps à venir me chercher… Il faudra que je le lui demande prudemment, il ne faudrait pas lui faire croire que je lui reproche quelque chose ! Je suis tellement heureuse de partir de l’orphelinat ! Surtout qu’il a l’air de se reprocher quelque chose, à mon sujet je veux dire. Voilà qui complique encore cette affaire !
En attendant, mon parrain a l’air vraiment très gentil, j’ai l’impression que nous allons bien nous entendre tous les deux. Je ferais ce qu’il faut pour ça ! Je ne suis pas idiote, la vie avec lui ne peut pas être pire que celle à l’orphelinat et je suis prête à faire des compromis ! Je crois que je serais prête à faire n’importe quoi, ou presque pour quitter cet orphelinat à vrai dire… Et je vais le quitter ! Je pars demain ! C’est comme un rêve qui se réalise, c’est le plus beau jour de ma vie ! Enfin, du moins de celle que j’ai vécue ! Nul ne sait ce que me réserve l’avenir… Un rêve… J’espère que ce n’est pas qu’un rêve et que demain, quand je me réveillerai, mon parrain existera toujours et m’emmènera avec lui. Ce serait vraiment trop affreux si ce n’était pas réel, si ce n’était qu’un songe ! J’ai peur de m’endormir et de me réveiller pour m’apercevoir que j’ai tout inventé. Je crois que si c’était le cas, je n’arriverais pas à le supporter… Et cela ferait trop plaisir à cette horrible madame Mochu qui a essayé de draguer mon parrain et cousin et aux filles de ma chambre. Surtout à ces pestes de Clara et d’Alice ! Décidément, s’il y a une chose que je regrette en partant si vite, c’est de ne pas pouvoir me venger d’elle ! Mais bon, quitter l’orphelinat vaut bien quelques sacrifices !
En attendant, j’ai bien exercé mon pouvoir. J’ai l’impression qu’il s’est développé ! Je me demande jusqu’où je peux le développer. Et aussi, comment cela se fait-il que j’ai ce pouvoir ! Enfin, même si c’est vraiment bizarre, je suis contente d’avoir ce pouvoir. Même si ça a provoqué pas mal de dégâts ! En parlant de ça, j’espère que personne ne s’apercevra de rien avant que je sois partie ! Ce serait vraiment trop stupide si mon départ était annulé à cause de ça !
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyMer 23 Mar - 21:14

Excuse, je poste de commentaire que maintenant, alors que je l'ai lu quand tu l'as posté (mais la flemme de cliquer sur répondre, tu peux pas savoir à quel point c'est chiant...)

Bref, du coup, je sais plus ce que je voulais dire sans titre Pfff

Heu... un "la suite" te suffirait-il pour aujourd'hui ? J'ai encore beaucoup aimé. J'veux savoir ce qu'il va se passer avec ce type lol

Enfin, zolée pour ce commentaire fort peu constructif Triste
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyMer 23 Mar - 22:03

bon, ben puisque ça te plait toujours, voici le chapitre 3 (pour l'instant j'ai encore de la marge, j'en ai 20 d'écrits totalement et un 21 commencé). quand tu dis "ce type", tu veux parler de son parrain? mais pourquoi donc tout le monde le trouve louche celui-là? encore que dans ton cas, je reconnais qu'on l'a à peine vu et que Thoé était tellement prête à tout pour quitter l'orphelinat qu'elle était loin d'être objective. alors, maintenant tu vas pouvoir faire un peu plus connaissance avec ce cher Hess Chrysaor (je me suis rendue compte bien plus tard que prononcé à autre voix le prénom était assez ridicule mais j'aimais bien l'écriture alors...). et dans le chapitre 4, il y aura d'importante révélation!

3
Le voyage.


Quand Hess Chrysaor vint chercher Thoé le lendemain matin, quel ne fut pas son étonnement de la trouver prête et avec une seule petite valise.
_ Tu m’attends depuis longtemps ? demanda-t-il.
_ Si je dis depuis hier, j’aurai l’air ridicule, n’est-ce pas ?
_ Bien sûr que non, je comprends qu’on puisse vouloir quitter un endroit comme ça avec une telle directrice…
Parrain et filleule grimacèrent avant d’éclater de rire.
_ C’est tout ce que tu as comme bagage ? s’étonna Hess.
_ C’est tout ce que je veux emmener. Je ne tiens pas à garder des affaires qui me rappelleraient l’orphelinat…
_ Je vois. De toute manière, nous t’achèterons tout ce dont tu auras besoin quand nous arriverons !
Ils passèrent voir la directrice pour régler les derniers petits détails puis Hess conduisit Thoé jusqu’au taxi qui les attendait. La jeune fille se retourna une fois vers l’orphelinat : Adieu, dit-elle en son for intérieur, adieu vie de malheur, aujourd’hui je rentre chez moi !
_ Comment allons-nous nous rendre en Australie ? demanda Thoé.
_ En bateau, j’espère que ça ne te pose pas de problème. C’est beaucoup plus long que l’avion mais c’est beaucoup plus pratique. Et, je peux bien te le dire, je n’aime guère l’avion !
_ Je n’ai jamais pris le bateau. J’espère que je n’aurai pas le mal de mer, cela serait vraiment trop bête ! Combien de temps durera la traversée ?
_ Une semaine mais ne t’inquiète pas, tu n’auras pas le temps de t’ennuyer. Il y a plein de choses à faire dans ces gros bateaux : il y a une piscine, un cinéma, des boutiques…
_ Oh, je ne m’inquiète pas le moins du monde ! Je suis sûre que je vais bien m’amuser ! Et je suis sûre que ce sera très intéressant !

Après quelques heures de route, ils arrivèrent au port. Hess avait déjà réservé les billets et réglé tous les détails. Il avait même fait faire un passeport à Thoé ! L’embarquement fut donc rapide et un jeune steward en costume blanc les conduisit à leurs cabines.
Thoé était enchantée par cette aventure. Elle adorait tout, la petite cabine où tout était cloué, où la couchette pouvait se replier, le hublot qui surplombait la mer… Thoé se dépêcha de ranger ses maigres bagages dans la cabine pour aller explorer le navire.
Celui-ci avait six ponts, le premier étant destiné aux gros bagages et aux réserves de nourriture, d’eau… le deuxième était pour les marins, les deux suivants contenaient les cabines des voyageurs, dans le cinquième, on trouvait les boutiques, le cinéma, deux boites de nuit, un restaurant, les médecins… et enfin, le sixième, en grande partie à l’air libre, comprenait la cabine de pilotage, un autre restaurant, la piscine et des centaines de chaises longues qui permettaient aux voyageurs de faire des bains de soleil.
Thoé était émerveillée. C’était la première fois qu’elle montait sur un bateau et en plus, ce bateau devait la ramener dans son pays ! La jeune fille s’accouda au bastingage pour le départ et elle observa le port et la côte qui s’éloignaient.
_ Adieu France, adieu Europe ! Je tâcherais d’oublier les douze années que j’ai passé ici ! Du moins les mauvais souvenirs ! lança-t-elle dans le vent, à l’abri des oreilles des autres passagers grâce au bruit des moteurs du bateau.

Plus tard, elle rejoignit son parrain à une table à l’air libre du restaurant situé sur le pont six, pour déjeuner.
_ Alors, demanda-t-il, le bateau te plaît-il ?
_ C’est génial ! Et pour l’instant, je n’ai même pas le mal de mer ! Le bateau est superbe et la mer aussi. C’est vraiment un merveilleux voyage !
_ Je suis bien content que cela te plaise… Je crois que nous pourrions essayer de faire un petit peu plus connaissance. Et pour commencer, tu peux me tutoyer et m’appeler Hess. Après tout, je n’ai que douze ans de plus que toi et s’il est vrai que je suis ton parrain, je suis aussi ton cousin ! Est-ce que tu as des questions à me poser ?
Thoé réfléchit. Elle lui aurait bien poser des questions à propos de ses parents mais elle craignait que ce ne soit trop tôt. Finalement, elle préféra des questions plus liées à son parrain.
_ Tu as vingt-huit ans donc, quel est ton métier ?
_ Je travaille au ministère, sous les ordres directs du Premier ministre…
_ C’est possible ?!
_ Bien sûr ! Pourquoi, tu en doutais ? Est-ce que je ne te semble pas assez sérieux pour un travail de ce genre ? demanda-t-il en souriant.
_ Non, ce n’est pas ça. Mais je n’ai pas l’habitude de voir des personnes si jeunes à des postes si élevés, surtout dans la politique ! En Europe, les personnes politiques sont beaucoup plus âgées que toi !
_ En Australie aussi, ne t’inquiète pas ! Nous ne sommes que trois à avoir des postes très importants et moins de trente ans.
_ Vous devez être très intelligents tous les trois !
_ Peut être… mais tu pourras t’apercevoir que la vie en Australie fonctionne avec un certain nombre de… privilèges. Oui, c’est le mot exact !
_ Des privilèges ! Comme ceux des nobles et du clergé sous les monarchies ?
_ Pas tout à fait mais un peu quand même. Les privilèges ne permettent pas tout, il faut aussi des capacités, rassure-toi ! Les privilèges permettent surtout d’avoir une certaine notoriété, les gens ont confiances et éprouvent du respect pour ceux qui possèdent des privilèges…
_ Des privilèges dus à quoi ?
_ A l’argent pour certains mais ceux-là ne donnent pas vraiment confiance, pour les autres, c’est parce qu’eux ou leurs parents se sont illustrés dans un domaine. Tu vois que ce n’est pas aussi injuste que cela y paraît puisque les privilèges peuvent être obtenus par le travail ou le talent.
_ Oui… Tu es marié ? Tu as des enfants ?
_ Non aux deux questions.
_ Comment se fait-il que je me sois retrouvée dans un orphelinat en France ? finit par demander Thoé après quelques hésitations.
_ C’est moi qui t’y ai déposée, pour te protéger. J’avais seize ans alors…
Comme Hess n’avait pas l’air de vouloir s’étendre sur le sujet, Thoé préféra changer de conversation. Elle ne voulait pas se fâcher avec son parrain dès le premier jour !
_ Tu me cherches depuis longtemps ?
_ Depuis huit ans, enfin si on veut ! Mon travail m’occupant tout particulièrement, j’avais beaucoup de mal à prendre du temps pour partir à ta recherche. C’est pourquoi il m’a fallut si longtemps pour te retrouver. J’espère que tu ne m’en veux pas trop !
_ Pourquoi t’en voudrais-je ? Je suis tellement heureuse que tu sois venue me chercher que le reste n’a guère d’importance !
_ La vie était donc si horrible à l’orphelinat ?
_ Oh, pas si horrible ! Personne ne m’a jamais battue et les punitions que j’ai reçues étaient tout à fait méritées ! Mais, je ne m’y sentais pas bien, je n’aimais pas être là-bas…
_ C’est pour cela, je suppose, que tu as changé plusieurs fois d’établissement ?
_ On peut dire ça comme ça, répondit Thoé en souriant. Mais la vérité est que je n’ai jamais réussi à bien m’entendre avec les autres ! Cela doit être dans mon caractère…
_ Je suppose que tu t’es parfois sentie un peu… différente des autres. Cela s’arrangera quand nous serons en Australie…

Thoé passa l’après-midi à faire les boutiques du bateau. Hess lui avait donné de l’argent pour qu’elle puisse s’acheter tout ce qu’elle voulait. Pas ce dont elle avait besoin, ce qu’elle voulait ! Et comme il avait insisté sur le fait qu’il ne fallait pas qu’elle hésite à dépenser, Thoé lui obéit, ravie. La jeune fille acheta pêle-mêle des vêtements, des livres, des CDs de musique…
Pour la première fois de sa vie, Thoé avait l’impression d’être une jeune fille normale, pas une pauvre orpheline qui ne savait rien de ses parents et de son passé ! Pour la première fois de sa vie, elle n’était plus seule !
Thoé était tellement heureuse qu’elle était dans un état de surexcitation qui frisait la crise de nerf ! Elle décida donc d’aller lire sur l’une des chaises longues pour essayer de se calmer un peu avant de finir dans un asile pour les fous. Mais Thoé n’arrivait pas à se concentrer, trop de choses trottaient dans sa tête. Elle ne savait toujours rien de ses parents et elle avait l’impression que Hess n’avait pas vraiment envie d’en parler. Quel lourd secret cachait-il ? Et qu’avait-il voulu dire en expliquant que s’il l’avait emmenée dans un orphelinat en France, c’était pour la protéger ? Elle avait donc été en danger, pour quelles raisons ? Décidément, il allait falloir qu’elle se décide à poser certaines questions à Hess. Elle ne pouvait pas rester sans savoir même s’il ne semblait pas avoir très envie de parler de ces choses là !
Thoé eut soudain envie d’en savoir plus sur l’Australie. Après tout, elle ne savait rien de ce pays si éloigné de l’Europe ! L’adolescente se releva brusquement et se rendit dans la librairie pour acheter le plus gros livre sur l’Australie qu’elle put trouver.
Mais le livre était étrangement peu fourni et peu clair. Surtout au sujet de l’histoire contemporaine du pays ! Thoé parvint seulement à apprendre que l’Australie n’était habitée que sur les côtes et sur trois cents à quatre cents kilomètres à l’intérieur des terres. Le reste de l’île était constitué d’une gigantesque forêt tropicale totalement inhabitée et impénétrable à ce qu’en disait le livre. Aucune voie de transport ne la traversait, toutes la contournaient en dehors de la voie des airs qui était fort peu utilisée. Apparemment, le pays vivait en totale autarcie et n’avait presque aucun contact avec les autres pays. Le pays avait subi une période d’importants troubles politiques qui avait duré un peu mois de onze ans et s’était arrêtée il y avait à peu près dix ans. Aujourd’hui, le pays était une démocratie. Sur les troubles, il n’y avait rien. Le reste du livre était consacré à la géographie, la faune et la flore de l’île. C’était décidément très étrange ! Surtout que les quatre années qu’elle avait vécues en Australie faisaient partie de la période de troubles ! Est-ce que cette période de troubles avait quelque chose à voir avec le fait que son parrain l’avait déposée dans un orphelinat en France ? Dans ce cas, cela se rapprochait de l’idée de guerre qu’elle s’était imaginée.


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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyMer 23 Mar - 22:03

Après le dîner, Hess proposa à Thoé d’aller au cinéma :
_ Bien sûr, je comprendrais que tu préfères passer la soirée en boite de nuit avec des personnes de ton âge, dit-il.
_ Je préfère aller au cinéma ! répondit-elle précipitamment.
En voyant les regards étonnés de son parrain, elle ajouta :
_ J’ai horreur des boites de nuit et de danser ! Et j’ai tendance à ne pas bien m’entendre avec les gens de mon âge !
_ Dans ce cas, je crois que nous allons bien nous amuser tous les deux !
_ De quoi parle le film ?
_ Je ne sais pas trop. Je crois que c’est un film comique avec des extraterrestres et pleins d’effets spéciaux…
Quand elle alla enfin se coucher, Thoé avait l’impression d’avoir passé la meilleure soirée de sa vie. Après le film, elle avait discuté avec son parrain pendant de longues heures et elle était de plus en plus persuadée qu’ils allaient bien s’entendre. Et même si pour le moment, il ne semblait pas vouloir lui parler de ses parents, ce n’était pas grave. Elle attendrait ! Il finirait bien par tout lui raconter, c’était forcé ! Il fallait juste lui laisser un petit peu de temps !

Le voyage était vraiment idyllique ! Thoé mangeait au restaurant trois fois par jour, elle se baignait dans la piscine, allait au cinéma, faisait les boutiques ou lisait paresseusement sur les chaises longues. Mais ce qu’elle préférait, c’était les longues discussions à propos de tout et de rien qu’elle avait avec son parrain. C’était bien la première fois qu’elle avait quelqu’un avec qui elle pouvait vraiment parler et, pour la première fois de sa vie, Thoé se sentait vraiment en vacances ! Ils avaient traversé la Méditerranée, passé le canal de Suez et ils se trouvaient maintenant dans la dernière partie du voyage, dans l’océan Indien. Plus que quelques jours et elle serait enfin chez elle, en Australie !

Au soir du cinquième jour, le vent se leva et la mer devint houleuse. D’énormes vagues s’écrasaient sur la coque du bateau et la grande majorité des passagers était malade. Thoé n’aurait pas dit qu’elle était parfaitement en forme mais elle n’était pas en train de vomir tripes et boyaux contrairement aux autres passagers aussi se sentait-elle privilégiée. Mais elle ne parvint pas à fermer l’œil de la nuit tant le vaisseau tanguait et le vent mugissait. Au matin, le temps ne s’était pas amélioré, au contraire ! Une véritable tempête s’était levée, le rugissement des vagues couvrait le bruit des moteurs et le pont six se retrouvait fréquemment recouvert par les vagues gigantesques. Thoé commençait à s’inquiéter. La mer semblait vraiment furieuse et c’était comme si elle avait voulu dévorer le navire et tous ses occupants. Thoé qui commençait enfin à avoir de la chance se demanda si celle-ci n’avait pas tourné et s’ils n’allaient pas tous finir au fin fond de la mer, prisonniers du navire. C’était une pensée bien déprimante mais Thoé en avait vu d’autres ! Elle se disait qu’au moins, si elle mourait maintenant, elle aurait vécu quelques jours de bonheur, c’était déjà pas mal !
Enfermée dans sa cabine, la jeune fille regardait la mer par son hublot qui contrairement à l’habitude s’ouvrait sur l’intérieur de l’océan. Mais elle ne risquait pas de voir le moindre poisson tant l’eau était sombre. Un noir d’encre, de mort, de néant !
Thoé sentit monter en elle une crise de claustrophobie et elle sortit précipitamment de sa cabine. Allant à l’encontre de tous les règlements qui interdisaient de monter sur le pont six lors d’une tempête et de toute prudence, Thoé força les portes et se retrouva à l’air libre. Tenant fermement le bastingage, la jeune fille affrontait les éléments déchaînés. Le vent et les vagues lui fouettaient le visage mais Thoé n’en avait cure. Enfin elle respirait ! Et la peur qui lui contractait l’estomac dans sa cabine commençait à s’estomper. Mais ce n’était pas le cas de la tempête qui semblait même redoubler de violence !
Une vague particulièrement violente passa par-dessus le bateau, emportant tout sur son passage : les chaises longues pourtant clouées au plancher et Thoé ! La jeune fille passa par-dessus bord et se retrouva en pleine mer. Elle avait l’impression que la mer cherchait à l’entraîner vers le fond pour la noyer. La tempête était trop forte, elle n’arrivait pas à garder la tête hors de l’eau et les vagues l’éloignaient du bateau. Au bord de la panique et de la noyade, Thoé essayait désespérément de rejoindre le navire. Mais la mer l’entraînait de plus en plus. Une vague plus grosse que les autres la recouvrit. Sous l’eau, Thoé essayait en vain de remonter. Ses poumons étaient prêts d’éclater et elle se sentait au bord de l’évanouissement quand elle aperçut l’une des chaises longues, ballottée par les flots tumultueux, à quelques mètres d’elle à peine. Thoé essaya de la rejoindre sans y parvenir mais elle venait d’avoir une idée pour se sortir de là. Elle se força à fixer la chaise des yeux. Celle-ci se métamorphosa. Elle prit d’abord une teinte gris bleu, s’affina tout en prenant davantage de volume, des nageoires et une queue lui poussèrent… La chaise longue s’était métamorphosée en un magnifique dauphin aussi à l’aise dans la tempête que Thoé l’était sur la terre ferme. Le dauphin se précipita sur Thoé et laissa la jeune fille s’accrocher à sa nageoire. Aussitôt, le dauphin fila en direction du navire. Il le rattrapa sans mal et, profitant qu’une énorme vague recouvrait à nouveau le bateau, il déposa Thoé sur le pont avant de reprendre sa forme initiale.
Thoé s’était effondrée sur le plancher, elle était trempée et respirait avec peine. Mais elle était vivante et c’était le plus important !
Soudain, elle entendit un cri :
_ Thoé ! Thoé !
La jeune fille parvint à se redresser et elle put ainsi s’apercevoir que celui qui criait et accourrait était son parrain.
_ Tu vas bien ? demanda-t-il mortellement inquiet.
_ Je crois que ça va…
_ Mais que faisais-tu sur le pont ? As-tu perdu l’esprit ?
Hess avait crié mais Thoé savait bien qu’il était plus inquiet qu’énervé.
_ Je ne supportais plus d’être enfermée dans ma cabine.
_ Tu vas pouvoir te lever ?
Thoé essaya mais ses jambes se dérobèrent sous elle et elle s’effondra à nouveau. Elle était éreintée et n’avait même plus la force de bouger. Hess l’attrapa et la porta jusqu’à l’infirmerie. Après un dernier sourire, Thoé perdit connaissance dans les bras de son parrain.
Elle passa le jour suivant à l’infirmerie et ne put en sortir que quelques heures avant de débarquer dans le port d’une petite ville d’Indonésie.
_ Pourquoi débarquons-nous en Indonésie ? demanda Thoé.
_ Le bateau ne va pas jusqu’en Australie. Aucun gros bateau n’y va. Pour nous y rendre, il faudra prendre un bateau privé.
_ Ce n’est pas trop difficile à trouver ?
_ Avec ma position au ministère, beaucoup de choses se simplifient, tu sais.

Chambre d’hôtel dans une petite ville d’Indonésie au nom imprononçable et évidement impossible à écrire, jeudi 11 juillet, 3h43 du matin :
Nous sommes en Indonésie dans un petit hôtel près du port. Ici, c’est vraiment très différent de la France, on se croirait presque dans un autre monde. Tout paraît tellement exotique ! Enfin, c’est normal ! Demain, nous devons reprendre un bateau mais cette fois-ci, direction l’Australie. Le trajet durera deux jours à ce que m’a dit Hess. J’ai vraiment hâte d’être en Australie, de retrouver mes racines… Une fois là-bas, j’espère que Hess se décidera à me parler de mes parents, je commence vraiment à trouver son silence bizarre et même inquiétant ! Qu’est-ce que ça cache ? Est-ce qu’il y a quelque chose de terrible avec mes parents ? Ou avec moi peut être ? Je devrais aussi l’interroger sur mon tatouage. Je suis sûre et certaine que je l’avais déjà quand je suis arrivée dans mon premier orphelinat français. A vrai dire le contraire serait vraiment bizarre ! Je ne vois pas pourquoi on aurait tatoué une petite orpheline en France. Donc, on a dû me tatouer en Australie. Ce qui signifie que Hess doit sûrement savoir pourquoi j’ai ce tatouage et ce qu’il représente. A moins évidemment que ce soit une particularité en Australie de tatouer les petits enfants. Mais dans ce cas, Hess devrait être tatoué aussi, non ? Et puis, une telle particularité, on en aurait parlé, non ? Quoique, l’Australie est un pays si étrange, si secret ! En France, on ne savait absolument rien sur ce pays ! A part son emplacement bien sûr mais sinon, personne n’avait aucune idée de sa capitale, de son régime politique, de ses paysages… Du moins personne de ma connaissance. Et comme je n’ai jamais pensé à faire des recherches sur l’Australie sur Internet je ne sais pas si j’aurai pu y trouver des informations. Mais j’en doute. Car après tout, si on avait su quelque chose de ce pays, j’en aurai bien entendu parler au moins une fois dans ma scolarité ou aux informations ! Ce n’est pas un minuscule pays coincé entre des pays très riches, c’est une gigantesque île ! Presque un continent à elle toute seule ! Tout ça est vraiment très bizarre. A l’heure de la mondialisation, j’aurai crû que plus aucun pays ne pouvait vivre en totale autarcie. A part les pays communistes peut être et encore… mais eux, on en parle aux infos !
Pour changer de sujet, j’espère qu’il n’y aura pas une autre tempête ! Ah, on peut dire que j’ai eu de la chance ! La première fois que je monte sur un bateau, je dois survivre à une monstrueuse tempête ! Ces vagues terrifiantes qui essayaient de m’emporter aux fins fonds de l’océan pour être dévorée par d’horribles monstres marins… Non, là je divague. N’empêche j’ai vraiment crû que j’allais mourir. En fait, j’ai réellement failli mourir ! Je suppose que c’est bien fait pour moi, ça m’apprendra à vouloir prendre l’air en pleine tempête ! Mais ce n’est pas de ma faute, du moins pas complètement. C’est vrai, je ne pouvais pas savoir que la tempête allait provoquer chez moi une crise de claustrophobie et que cette crise m’entraînerait sur le pont où je serais happé par une monstrueuse vague et où je manquerais de peu me noyer ! Heureusement que je me suis rappelé à temps que j’avais mon pouvoir. Sans quoi, je serais morte ! Enfin, cette mésaventure n’aura pas été totalement inutile, elle m’aura prouvé que Hess tenait vraiment à moi (il était tellement inquiet) et c’est vraiment réconfortant. D’autant plus que c’est bien la première fois que quelqu’un tient à moi. Du moins pour ce que je me rappelle. Je suppose que mes parents tenaient à moi. Enfin, j’espère…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyLun 28 Mar - 15:42

Meuh non je suis pas en retard pour commenter, du tout du tout...

Hum hum...

Pendant un moment je me suis dit : tiens, pas mal pour finir l'histoire, elle croit aller en australie et en fin de compte elle se noie Mdr

Hum hum...

Bon, j'adore toujours Happy

Si tu veux envoyer la suite, chuis preneuse Happy
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyLun 28 Mar - 20:08

bon, ben voilà le chapitre 4. je ne sais pas si tu as déjà remarqué mais mon Australie n'a pas grand chose de commun avec la véritable Australie et c'est encore pire dans ce chapitre. je précises juste que c'est voulu et pas que je suis totalement inculte sur l'Australie (quoique...)!

4
Retour au pays.


Après les deux jours de traversée, Thoé et Hess arrivèrent enfin en Australie. Thoé posa le pied sur le sol australien avec une grosse boule dans la gorge, l’émotion d’être enfin chez soi. Ou alors c’était qu’elle avait plus le mal de mer qu’elle ne le croyait ! Thoé s’arrêta sur le port pour s’emplir de tout ce qui faisait l’Australie. Un monde nouveau s’ouvrait devant ses yeux. Son monde !
Hess appela un taxi qui s’arrêta immédiatement. Thoé se doutait que le métier, et donc la célébrité, de Hess n’y était pas pour rien.
La jeune fille remarqua que le chauffeur lui jetait un drôle de regard, le même regard que lui avait jeté le pilote du bateau qui les avait menés en Australie. Et ce regard n’avait rien d’agréable, c’était un regard froid, glacial même !
Le chauffeur les conduisit jusqu’à la capitale de l’Australie, Aurora, située sur la côte nord de l’île. Le taxi les déposa devant une grande propriété près d’un immense parc.
_ C’est ta maison ?! Elle est gigantesque ! s’extasia Thoé. Tu habites seul ? Tu n’as pas de petite amie ?
_ Non, et je n’habite plus seul puisque c’est aussi ta maison maintenant ! C’est mon père qui l’a achetée, il espérait avoir une grande famille…
_ Ce ne fut pas le cas ?
_ Non, ma mère est morte à ma naissance et il ne s’est jamais remarié. Maintenant, lui aussi est mort et il n’y a plus personne dans cette maison… Enfin, maintenant, tu es là !
_ Oh, je suis désolée…
_ Ce n’est rien. Il va falloir que tu apprennes notre langue !
_ Oui. Dis-moi quelque chose en australien, je voudrais voir comment ça sonne !
Hess s’exécuta.
_ Oui, j’ai compris, répondit Thoé.
Et elle répéta avec quelques hésitations, sous les yeux ébahis de Hess, la même phrase mais en australien cette fois-ci.
_ Comment est-ce possible ? s’étonna Hess. Tu as étudié l’australien en cours ?!
_ Non, mais quand tu m’as parlé, j’ai compris. J’ai bien vécu mes quatre premières années ici ?
Hess acquiesça.
_ Et bien, je crois que je me souviens un peu de cette langue.
_ Je suppose que c’est tant mieux, comme ça, tu auras plus de facilité pour parler couramment l’australien mais, c’est vraiment étrange ! Viens, je vais te faire visiter la maison ! Et tu vas pouvoir installer ta chambre, tu vas même pouvoir la choisir !

Thoé avait passé deux jours à arranger sa chambre et à visiter la maison et la propriété pour les connaître par cœur. La maison était magnifique, comme la propriété et Thoé avait l’impression d’être une princesse dans son palais tant la différence entre la maison de Hess Chrysaor et les orphelinats dans lesquels elle avait vécu était grande ! Elle se sentait vraiment chez elle. En famille ! Hess avait spécialement pris des vacances pour rester avec elle et l’aider à s’habituer à sa nouvelle vie. Et Thoé vivait les plus beaux jours de sa vie.
Tous les jours, un professeur venait lui enseigner l’australien pendant deux heures. Au début, lui aussi lui avait jeté un regard étrange mais il avait fini par la regarder normalement et même s’il restait un peu froid avec elle, la jeune fille ne s’en formalisait pas. Thoé apprenait vite, d’autant plus vite qu’elle voulait apprendre et parler couramment l’australien !
Fier de ses progrès, Hess ne lui parlait plus qu’en australien pour qu’elle s’habitue et Thoé essayait de lui répondre le plus possible dans la même langue. Parfois, il lui manquait encore un peu de vocabulaire mais la jeune fille ne s’en inquiétait pas, elle finirait bien par parler couramment l’australien ! Par le lire et l’écrire parfaitement aussi !
Un matin, Hess appela Thoé. Il voulait lui faire visiter la ville. Thoé en fut enchantée. Elle le fut encore d’avantage quand elle vit arriver la calèche devant le portail de la maison. Une magnifique calèche tirée par deux chevaux gris.
_ Nous allons visiter la ville en calèche ?!
_ Oui, c’est beaucoup plus pratique qu’une voiture pour apprécier la beauté de notre ville. J’espère que ça te plaît ?
_ Je trouve ça super !
Hess et Thoé montèrent dans la calèche. Le cocher salua respectueusement Hess en l’appelant par son nom mais quand il tourna les yeux vers Thoé, son sourire disparut. Il fit une drôle de tête et se retourna précipitamment vers ses chevaux. Thoé haussa les épaules. Le comportement du cocher était bien étrange mais elle n’en avait cure, elle était bien trop heureuse pour cela !
La calèche sortit du quartier où habitait Hess, un quartier très riche, et s’engagea sur une large allée pavée bordée d’arbres gigantesques et majestueux. Le bruit des sabots des chevaux résonnaient sur les pavés, le soleil brillait, les oiseaux chantaient et Thoé se sentait exceptionnellement bien. L’Australie était vraiment le plus beau pays du monde ! Sans doute est-ce ce que disait tout le monde en parlant de son pays mais au moins elle pouvait faire des comparaisons.
L’allée déboucha sur une magnifique place aux pavés colorés au centre de laquelle se trouvait une fontaine blanche en pierre. Aux quatre coins de la place se trouvaient des statues représentant trois hommes et une femme. La place était encadrée par de magnifiques bâtiments qui ressemblaient à des palais de la Renaissance, hormis un blanc éclatant à la place des dorures.
Le cocher arrêta la calèche et Hess et Thoé en descendirent.
_ Cette place est le cœur de la ville, expliqua Hess. Devant toi, tu peux voir le palais de justice avec les deux statues représentant la justice qui encadrent l’entrée et la balance au-dessus, à ta gauche, ce grand bâtiment, c’est la banque nationale et derrière toi et à droite, c’est le palais d’Etat ou palais ministériel…
_ C’est là que tu travailles ?
_ Oui, avec les ministres et le président.
_ C’est pratique, ce n’est pas très loin de la maison, comme ça, tu n’as pas trop de trajet à faire…
_ Oui, surtout que mon travail me prend vraiment beaucoup de temps !
Thoé longea la place et s’arrêta devant l’une des statues qui l’ornaient. Elle lut la plaque : Marcius Topsecré. Les autres statues représentaient Eléna et Ménélas Diké et, Isidor Chrysaor !
Hess s’était approché de Thoé pendant qu’elle lisait la plaque au pied de la statue.
_ C’était mon père, murmura-t-il d’un ton ému.
_ Pourquoi ces quatre personnes sont-elles représentées ?
_ Ces quatre personnes ont donné leur vie pour la République… répondit Hess tristement.
Thoé le regarda d’un air interrogateur mais Hess garda le silence. Il semblait se recueillir au pied de la statue.
Une dizaine de minutes plus tard, il releva la tête :
_ Viens, nous allons continuer la visite !
Ils remontèrent dans la calèche. Les chevaux prirent le trot et la visite continua. Hess montra à sa filleule le Parlement, le quartier financier, la demeure du président puis la calèche s’arrêta devant la place du marché.
_ Le marché se tient tous les jours sur cette place, expliqua Hess. C’est le plus grand marché d’Australie et on y trouve vraiment de tout !
Thoé ouvrait des yeux grands comme des soucoupes. Le marché était vraiment gigantesque et on y trouvait vraiment tout et n’importe quoi ! C’était comme s’il n’existait pas de magasins, qu’il n’y avait que des étals de marché !
Hess et Thoé déambulèrent dans le marché. Sur leur passage, tout le monde saluait Hess tout en jetant des regards étonnés et furieux à Thoé.
_ Dis donc, tu es connu ! s’exclama Thoé.
_ Avec mon père et mon travail, c’est normal. Et je dois reconnaître que ce n’est pas désagréable !
Thoé acheta quelques petits bibelots, pour le plaisir puis Hess l’emmena déjeuner dans un restaurant. Ils s’attablèrent à l’extérieur, le regard tourné vers la place du marché.
_ Vous désirez, monsieur Chrysaor ? demanda un serveur qui venait de s’approcher.
Le serveur jeta un regard à Thoé qui la mit profondément mal à l’aise.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyLun 28 Mar - 20:09

Ils passèrent l’après-midi sur le port à observer les voiliers et les bateaux qui faisaient le tour de l’île. Tous les passants saluaient Hess et regardaient Thoé bizarrement. La jeune fille finit par en avoir marre et elle demanda à son parrain :
_ Pourquoi est-ce que tout le monde fait une tête d’enterrement en me voyant ?
_ C’est à cause de ton tatouage…
_ De mon tatouage ?!
_ Ou plutôt de ce qu’il signifie…
_ Et qu’est-ce qu’il signifie ?
Hess poussa un profond soupir.
_ Assieds-toi, murmura-t-il en désignant une table de café. Il vaut mieux…
Etonnée, Thoé s’assit mais apparemment, c’était plutôt Hess qui avait besoin de s’asseoir : il se laissa tomber sur une chaise comme s’il venait de parcourir vingt kilomètres à pied. Un serveur s’approcha. Hess commanda un café noir et Thoé un soda. Quand le serveur eut apporté les boissons et qu’il eut disparu derrière le comptoir, Hess commença à parler. Il parlait très doucement, il murmurait presque, comme si ce qu’il avait à lui dire était un secret de la plus haute importance.
_ Je me doutais bien que tu me poserais un jour cette question, ou alors que tu me demanderais de te parler de tes parents… J’ai essayé de retarder le plus possible ce moment, mais je sais que c’était stupide de ma part. Tu as le droit de savoir, il faut que tu saches…
Thoé commençait à s’inquiéter. Hess avait vraiment l’air sérieux et mal à l’aise. Les révélations qu’il allait lui faire étaient-elles donc si graves ?
_ Tout a commencé il y a un peu plus de vingt ans quand une Famille décida de prendre le pouvoir en Australie, elle mit en place un nouveau régime : l’Etat pour l’ordre et la pureté de l’Australie. Les partisans de ce régime étaient appelés les Orpuristes…
Thoé nota que cela correspondait à la période de troubles du livre qu’elle avait lu sur le bateau.
_ Au début, personne ne s’inquiéta, continuait-il. L’Australie était en pleine période d’anarchie et la prise de pouvoir fut plutôt bien accueillie. Mais cela ne dura pas longtemps. La Famille, outre son népotisme, instaura un régime de terreur. Tous ceux qui s’opposaient à elle étaient éliminés, la population était exploitée et le pire de tout, la population était séparée en différentes classes. Et la Famille avait entrepris l’extermination de ceux qu’ils considéraient comme des sous-hommes.
Thoé frémit. C’était vraiment horrible, quelle période atroce ! Et la jeune fille s’inquiéta d’autant plus car si Hess lui parlait de cette histoire, cela voulait dire qu’il y avait un rapport avec elle. Et Thoé commençait à se demander s’il ne valait pas mieux rester dans l’ignorance. Hess remarqua son trouble et se tût. Thoé respira à fond, il valait mieux tout savoir !
_ Continue, je t’écoute ! dit-elle.
_ Au fil des années, une résistance s’organisa pour se débarrasser de cette terrible Famille. Il y avait des espions et des agents doubles dans les deux camps et la guerre civile faisait rage, faisant des milliers de morts. Les résistants qui étaient arrêtés par les milices de la Famille étaient torturés pendant des jours et des jours avant d’être exécutés de manières horribles…
Pour se reconnaître, les membres de cette Famille avaient pour habitude de se tatouer des serpents sur tout leur corps, c’est leur marque que tu as…
Thoé leva les yeux vers son parrain.
_ Qu’est-ce que ça veut dire ? Que je fais partie de cette Famille ?
_ Tu es la fille du couple fondateur…
_ Je vois. Qu’est-ce qui s’est passé, explique-moi !
_ Mon père, ton oncle donc, fut d’abord dans le camp de la Famille, comme on l’appelait. Naïf, il avait crû qu’ils n’avaient pris le pouvoir que pour réorganiser le pays et qu’ensuite, ils le céderaient pour mettre sur pied une démocratie. Quand il a compris son erreur, il a changé de camp. Il est devenu le plus important espion et agent double de la Résistance. Il faisait croire à tes parents qu’il était avec eux et il ramenait tous les renseignements qu’il pouvait trouver au chef de la Résistance, Marcius Topsecré. La guerre continuait. Je savais qui était vraiment mon père et je l’aidais comme je pouvais. J’étais ton parrain et je m’inquiétais pour toi. Pour plusieurs raisons. D’abord parce que si jamais la Résistance finissait par remporter la victoire, la population voudrait se venger de la Famille et qu’il ne ferait guère de différences entre des enfants innocents et des adultes monstrueux. Et, je ne voulais pas non plus qu’en grandissant, tu deviennes comme eux, comme j’avais vu que ton frère et ta sœur aînés étaient devenus… Tu avais quatre ans, on ne pouvait encore rien te reprocher. Sans rien dire à personne, je t’ai kidnappée et t’ai emmenée jusqu’en France où je savais que personne jamais ne viendrait te chercher et je t’ai laissée dans un orphelinat. J’avais seize ans… Bien sûr, quand je suis rentré en Australie, mon père a tout de suite compris ce que j’avais fait, mais contrairement à ce que je craignais, il m’accorda raison. La guerre continua ainsi pendant deux ans. Deux ans durant lesquels Marcius Topsecré d’abord, les Diké ensuite et enfin mon père furent découverts et massacrés. Les plus grands personnages de la Résistance étaient donc morts mais ils avaient eu le temps de préparer la victoire finale. La Famille fut renversée et on n’entendit plus jamais parlé d’elle. Certains pensent qu’ils sont morts, pas moi. Et nous sommes plusieurs à penser qu’ils se sont juste réfugiés à l’intérieur de la forêt centrale et qu’ils reviendront un jour, quand ils auront reconstitué toutes leurs forces ! Ensuite, il a fallu installer la démocratie. Les partisans de la Famille nous mirent des bâtons dans les roues et ils continuent toujours car certains n’ont jamais pu être arrêtés. Soit, ils se sont enfuis soit, ce sont des personnes qui ne se sont jamais déclarées ouvertement et on ne peut rien faire contre elles !
_ Je vois… Je comprends maintenant l’attitude des gens en voyant mon tatouage.
_ On ne peut pas le retirer, je suis désolé.
_ Je sais. J’ai déjà essayer de le retirer. Il est revenu ! Tant pis, je ferais avec. De toute façon, je n’ai pas vraiment le choix ! Et puis, je peux toujours me dire que si mes parents sont des monstres, j’ai au moins la chance d’avoir un parrain qui a lutté contre eux, qui est quelqu’un de bien ! dit Thoé en souriant.
Hess rougit fortement. Puis il se reprit.
_ Comment ça, tu as déjà essayé de retirer ton tatouage ?
_ Tu sais, il n’est pas nécessaire d’en connaître la signification pour le haïr ! A l’orphelinat, il accentuait ma différence et à vrai dire, je crois que je l’ai souvent accusé de tous mes problèmes. Finalement, je n’avais pas vraiment tort… A l’âge de quatorze ans, je n’ai plus supporter mon tatouage et je l’ai découpé au couteau. Un vrai carnage ! Mais ça n’a servi à rien, le tatouage a réapparu ! Enfin, maintenant, j’y suis habituée et même si aujourd’hui, je sais ce qu’il signifie, je ferais avec. Et j’essaierai de faire oublier ce qu’il signifie !
_ Je suis content que tu ne prennes pas cela trop mal, j’avais peur de ta réaction, je peux bien te l’avouer…
_ On ne peut rien y faire, n’est-ce pas ? Alors, il vaut mieux l’accepter et vivre avec !
_ C’est une bonne philosophie. Je m’étonne qu'une personne de ton âge puisse penser cela.
_ Bah, si je ne réagissais pas comme ça, je crois que je me serais déjà suicidée. Ou alors, je serais devenue folle !
Quoique, je le suis peut être déjà, pensa-t-elle en grimaçant.

Un autre jour, alors qu’ils prenaient le petit déjeuner sur la terrasse, Hess demanda :
_ Thoé, est-ce qu’il ne t’est jamais arrivé des choses bizarres ?
_ Comment ça ?
_ Je ne sais pas trop comment te dire. Il ne s’est jamais produit des choses incompréhensibles quand tu étais quelque part, comme une sorte de… pouvoir magique ?
_ Oh, ça !
Et Thoé fixa la cafetière qui se métamorphosa en oiseau, puis le sucrier qui se changea en cochon d’Inde. Thoé leur redonna leur forme initiale et se tourna vers son parrain.
_ Tu parlais de quelque chose comme ça ?
_ Oui. Je m’étonne que ton pouvoir soit si développé…
_ Je me suis souvent entraîné à l’orphelinat. Comment se fait-il que…
_ … tu aies un pouvoir, c’est ça ?
Thoé acquiesça.
_ Ici, tout le monde a un pouvoir. En fait, tous les terriens en avaient un avant. Mais les gens les ont peu à peu oubliés et maintenant, c’est comme s’il n’y avait jamais eu de pouvoirs. Mais pas en Australie. Ici, les gens continuaient à s’en servir.
_ Continuaient ?
_ Oui, plus personne ne s’en sert aujourd’hui. Ils rappellent de trop mauvais souvenirs ! La Famille a beaucoup utilisé les pouvoirs pour faire des choses horribles. Et les classes étaient en rapport avec les pouvoirs. Les sous-hommes, par exemple, étaient des gens qui n’avaient que des pouvoirs très faibles ou qui n’arrivaient pas à s’en servir. Alors, tu comprends, maintenant, il est interdit de se servir des pouvoirs. Et bientôt, nous aussi nous les aurons oubliés…
_ Je comprends, je ne l’utiliserai plus. Mais je suis bien contente de savoir que je suis normale. Pendant un certain temps, je me suis demandée si je n’étais pas quelque chose comme un extraterrestre ! Cette explication est beaucoup plus rassurante. Ne t’inquiète pas, je ne m’en servirais plus !
Malgré ses paroles, Thoé trouvait plutôt idiot de ne pas se servir des pouvoirs. Elle aurait même pensé qu’il aurait fallu apprendre à s’en servir à l’école, pour les développer… Mais elle ne l’utiliserait pas puisque c’était interdit. Ou plutôt pour ne pas attirer d’ennuis à Hess ! Enfin, elle ne l’utiliserait pas… sauf si elle y était obligée ! Il fallait bien qu’elle puisse se défendre tout de même !

Le mois d’août venait de commencer. La chaleur était presque insupportable et Thoé se prélassait dans la piscine quand Hess l’appela. La jeune fille sortit donc de la piscine, et rejoignit son parrain dans son bureau en inondant joyeusement toute la maison.
_ Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle.
_ Comme nous sommes déjà en août, il faut penser à tes études !
_ C’est vrai, je les avais totalement oubliées celles-là !
_ A ton âge, en Australie, tu dois rentrer dans le dernier cycle d’études obligatoires. Ici, on appelle cela une académie et on y reste trois ans, de seize à dix-huit ans compris. Si tu acceptais, je pourrais t’inscrire dans la plus célèbre et la meilleure académie du pays. Seulement, elle est loin d’ici et il te faudrait être pensionnaire, même pendant les week-ends…
_ Si tu dis que c’est la meilleure, je ne vois pas pourquoi ça me poserait un problème !
_ C’est que… je ne voudrais pas que tu croies que je t’envoie là-bas pour me débarrasser de toi, ce n’est pas ça du tout ! Et, en plus, comme je travaille beaucoup, je suis rarement à la maison…
_ Ne t’inquiète pas ! Cela ne me gène pas du tout, je t’assure ! J’espère seulement que j’ai le niveau scolaire nécessaire…

Dans ma chambre, Propriété Chrysaor : L’épière, rue Eloha, Aurora, samedi 3 août, 22h46 :
Je vis vraiment un rêve ! Rien ne peut me gâcher la vie, tout est merveilleux ! J’ai un parrain qui s’occupe de moi, je vis dans une magnifique maison, j’ai tout ce que je peux souhaiter… Bref, le bonheur ! Enfin, presque… C’est dur de vivre en sachant qu’on est la fille des pires monstres que l’Australie ait portés ! Je suis vraiment heureuse qu’ils ne m’aient pas élevée sans quoi, je serais peut être devenue comme eux… Enfin, il ne faut pas penser à ça, je n’ai réellement rien à me reprocher ! Du moins de ce côté là, je ne peux nier que j’ai semé quelque peu le désordre dans les orphelinats français mais ça n’avait rien à voir !
Je n’avais jamais imaginé que mes parents pouvaient être des dictateurs sanguinaires. Finalement, je regrette presque d’avoir insisté pour que Hess m’explique. Enfin non ! Il vaut mieux savoir, surtout pour comprendre les réactions des autres ! Et même pour soi… Et ce tatouage… Quand je pense à ce qu’il représente, à ce qu’il rappelle aux habitants d’ici… Je regrette encore plus que mon charcutage n’ait servi à rien et si Hess ne m’avait pas dit qu’il était impossible de l’enlever, je crois que j’aurai réessayé. Même si c’est très douloureux ! Enfin, je n’ai pas vraiment le choix, il va falloir que je vive avec ! Je trouverais peut être un moyen de le masquer, au moins pour que les gens que je rencontre dans la rue arrêtent de me regarder les yeux chargés de haine ! Parce que c’est quand même difficile à supporter, même si je joue les dures devant Hess pour qu’il ne se fasse pas de soucis ! De toute façon, je n’ai pas le choix ! On ne choisit pas sa famille et on ne peut pas revenir sur le passé. Tout ce qu’on peut faire c’est accepter ce qui est arrivé et aller de l’avant. En espérant que les gens vont me juger non pas sur ma famille mais sur mes actes… En tout cas, je ferais tout pour qu’on ne m’associe pas à ma famille, à ces orpuristes ! Je ne suis pas comme eux et je vais le montrer ! En attendant, j’espère que je ne tomberai jamais sur un membre de ma famille. Je ne tiens surtout pas à les rencontrer. Il vaut mieux n’avoir pas de parents, ni frère ni sœur, que des comme eux ! Ma seule famille maintenant, c’est Hess. Je n’ai certainement pas besoin d’autres personnes, surtout si ce sont des monstres !
Question pouvoir, j’évite de m’en servir pour ne pas risquer d’attirer des ennuis à Hess mais je trouve ça vraiment stupide ! Ce n’est pas parce que ma famille s’en est servie pour faire le mal que personne ne peut les utiliser pour faire le bien ! Enfin, je préfère ne pas discuter de cela, même avec Hess. J’ai peur qu’il n’apprécie pas. Après tout, lui a vécu les périodes d’horreur instaurées par mes parents et leurs proches. Il a même été touché personnellement puisque son père a été tué… Il vaut mieux que je ne lui parle plus de tout ça ! Je ne voudrais pas le rendre triste ! En parlant de ses sentiments, je crois qu’il va vraiment falloir que je m’occupe de lui retirer son sentiment de culpabilité qu’il éprouve envers moi alors que moi je n’éprouve que reconnaissance ! Quelle importance que j’ai dû rester des années dans un orphelinat puisque maintenant, grâce à lui, j’en suis sortie ? Décidément, les adultes sont gens bien compliqués…
En septembre donc, je vais entrer à l’académie Plindespry. La plus cotée des académies à ce que dit Hess. L’académie où se trouvent les élèves les plus privilégiés, que ce soit pour leur richesse, pour la respectabilité de leur famille ou pour leurs excellents dossiers scolaires. Je me demande dans quelle catégorie je serais considérée. Je suppose que ce serait celle de la respectabilité de la famille. C’est plutôt comique quand on y pense, sauf évidemment si on considère que Hess est ma seule famille ! Je me demande combien ça coûte d’étudier dans la plus prestigieuse académie du pays. Bien sûr, Hess peut me la payer, ce n’est pas le problème. C’est juste que ça va me changer. Je ne rencontrais que des orphelins désargentés et maintenant je vais côtoyer les adolescents issus des familles les plus fortunées. Quel changement ! Je me demande si je ne vais pas les trouver pire que mes anciens camarades. Je devrais peut être faire des efforts, après tout il paraît que l’espèce humaine n’est pas faite pour la solitude. Quoique je ne suis pas sûre que même en me montrant très sympa, et tout et tout, je réussisse à me faire des amis. Je crains que ce ne soit difficile avec mon tatouage… En tout cas, j’espère que je ne me sentirais pas trop nulle quand je serais là-bas. Après tout, je ne sais pas du tout ce que peuvent bien étudier les jeunes australiens ! Et peut être que je vais être totalement à côté de la plaque et être parfaitement ignorante !
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 16 Avr - 14:29

voilà le chapitre 5, bonne lecture!

5
Le clan des trois.

Deux semaines avaient passé. Il faisait toujours aussi beau et chaud et Thoé était enchantée à longueur de journée. Elle passait les plus merveilleuses, et aussi les premières vraies, vacances de sa vie ! Seules ses pensées parfois la mettaient mal à l’aise. Quand elle pensait à sa famille et à toutes les horreurs qu’elle avait perpétrées…
Un matin, alors que Thoé se préparait un petit déjeuner à base de milk-shakes aux fruits, Hess entra dans la cuisine en veste et pantalon de costume.
_ Qu’est-ce que tu fais en costume ? demanda-t-elle.
_ Je dois me rendre au palais d’Etat pour mon travail. Tu aimerais venir avec moi ?
_ Je pourrais ?! Je veux dire, je ne risque pas de te gêner ?
_ Non, bien sûr que non ! J’aimerai beaucoup que tu viennes avec moi, surtout parce que certaines choses que j’ai à y faire te concernent…
_ Dans ce cas, je viens ! Euh, je vais aller me changer, dit Thoé en observant sa tenue.
Ne comptant pas sortir en dehors de la maison, elle avait juste enfilé un paréo par-dessus un maillot de bain ce qui risquait de ne pas très bien convenir pour se rendre au palais d’Etat, là où travaillaient le président et les ministres !
Après de longues hésitations et de nombreux essayages, Thoé finit par enfiler un pantalon en lin bleu et une chemise blanche. C’était assez élégant, il fallait espérer que cela suffirait. De toute façon, il le faudrait bien, elle n’avait rien de plus élégant à se mettre puisqu’elle n’avait jamais pensé utile de s’acheter des habits chics ! Elle s’occupa ensuite de sa coiffure. Elle s’était volontairement laissée pousser une mèche de cheveux qui lui cachait la moitié gauche du visage, et son tatouage. C’était plus simple de ne pas se faire remarquer que de devoir supporter les regards mauvais que lui jetaient ceux qu’elle rencontrait… La jeune fille vérifia que la mèche cachait bien le tatouage puis, satisfaite, elle rejoignit son parrain dans le salon.
_ Je suis prête ! Je suis assez bien, ça va ?
_ Tu es parfaite, ne t’inquiète pas ! J’ai appelé une calèche, elle ne devrait plus tarder…
Effectivement, une dizaine de minutes plus tard, le cocher s’annonça au portail. Cette fois-ci, les deux chevaux qui tiraient la calèche étaient d’un alezan flamboyant, assorti à la couleur bois de la carriole. Hess et Thoé s’installèrent dans le véhicule.
_ Où dois-je vous conduire, monsieur Chrysaor ?
_ Au palais d’Etat ! Et dépêchez-vous, je vous prie, nous sommes pressés !
Le cocher acquiesça et lança ses chevaux au trot le long de la large allée pavée bordée d’arbres majestueux. Un quart d’heure plus tard, ils arrivèrent sur la place aux quatre statues où ils descendirent de voiture. Thoé admira une nouvelle fois la beauté et la majesté de la place et plus particulièrement celles du palais d’Etat. Il était d’autant plus majestueux qu’il restait assez sobre : il n’avait ni les dorures ni les sculptures des palais de la Renaissance en Europe et affichait seulement une architecture d’une pureté de style et d’une blancheur immaculée qui rendait le bâtiment emprunt d’une atmosphère de dignité et de gravité.
Thoé et son parrain gravirent les quelques marches qui menaient à la porte en bois blanc sculpté. Le portier salua Hess et lui ouvrit la porte. Il était vêtu d’un uniforme blanc à coutures et boutons bleus, comme l’insigne qu’il portait au niveau de son cœur et qui représentait un kangourou, symbole de la démocratie australienne.
Thoé et Hess passèrent ensuite devant le concierge qui salua Hess de façon militaire.
_ C’est un ancien soldat, expliqua Hess. Il se croit toujours à l’armée ! On ne lui dit rien car c’est un vieil homme, et de toute façon cela n’a guère d’importance.
Hess entraîna Thoé jusqu’à une cage d’ascenseur avec une grille comme les vieux ascenseurs des grands hôtels. Il y avait même un garçon d’ascenseur qui demanda à quel étage ils voulaient aller.
Thoé grimaça. Hess s’en rendit compte et demanda :
_ Qu’y a-t-il ? Cela n’a pas l’air d’aller…
_ J’ai horreur des ascenseurs, expliqua Thoé d’une petite voix. J’ai toujours peur de rester coincée. Pourtant, ça ne m’est jamais arrivé, peut être parce que je prends toujours l’escalier…
Hess lui jeta un drôle de regard puis son visage s’éclaira.
_ C’est une bonne idée ! Nous allons prendre les escaliers. Ainsi, j’aurai fait mon sport pour la journée, nous devons aller au quatrième étage !
Plantant là un garçon d’ascenseur ébahi, Hess et Thoé firent demi-tour jusqu’à une petite porte qui s’ouvrait sur de vieux escaliers en pierres. Les marches étaient de tailles inégales et tellement usées que la pierre s’était creusée en leur centre. La cage d’escalier était sombre, seules de petites fenêtres permettaient d’y voir à peu près. Manifestement, l’escalier n’avait pas été utilisé depuis des lustres ! Sans doute pas depuis que les ascenseurs avaient été inventés ! Et donc, personne n’avait songé à y installer l’électricité. Thoé grimaça, que se passerait-il s’il y avait un incendie et si les ascenseurs étaient coincés ?
Thoé et son cousin entamèrent précautionneusement la montée. Au bout de cinq minutes épuisantes, ils n’étaient pas encore arrivés au premier étage. Ils se jetèrent un regard amusé avant d’éclater de rire. Et, dans une même lancée, ils se mirent à courir pour gravir les trois étages suivants.
Ils arrivèrent sur le palier du quatrième étage essoufflés, échevelés et débraillés. Mais quand ils se regardèrent, ils éclatèrent de rire.
_ Finalement, tu n’aurais peut être pas dû te changer ! s’exclama gaiement Hess.
_ Je crois que je sais maintenant pourquoi ils ont installé des ascenseurs ici ! Les escaliers brisaient la dignité et la gravité de ceux qui travaillaient !
Hess ouvrit la porte et tomba nez à nez avec un homme à l’air sérieux et à la coupe et au costume impeccables. Il leur jeta un regard réprobateur tout en continuant son chemin. Thoé et Hess éclatèrent à nouveau de rire.
_ C’était le Premier ministre, mon patron, réussit à articuler Hess entre deux éclats de rire.
_ Ah, murmura Thoé aussitôt calmée. Tu vas avoir des problèmes ?
_ Aucune idée…
_ A mon avis, dit Thoé d’un air malicieux, il ne prend jamais l’escalier !
Ce qui déclencha une nouvelle crise d’hilarité.
Ils firent quelques pas dans un long couloir avant de s’arrêter devant un grand miroir qui couvrait la moitié supérieure de l’un des murs. Ils entreprenaient de se rendre un peu plus présentable quand une voix moqueuse les surprit :
_ Alors, c’est comme ça qu’on vient au travail ? Il y a du laisser-aller ! Je crois que le Premier ministre a été choqué…
A ces mots, Thoé se retourna. Hess lui n’avait pas bougé, il remettait tranquillement sa cravate. La jeune fille se retrouva devant un homme ayant au maximum une trentaine d’année et l’air sérieux. Il était blond, bronzé et avait des yeux bleus, lui aussi était vêtu d’un costume mais portait une cravate fantaisie avec des kangourous bleus sautant à la corde.
_ Je te présente Wilfried Réucy, ministre de l’éducation, dit Hess. Et Wilfried, je te présente ma cousine et filleule, Thoé.
Wilfried observa la jeune fille avec insistance puis se rendant compte de son impolitesse, il détourna son regard et souriant, demanda :
_ C’est donc cette jeune fille qu’il va falloir inscrire à l’Académie ? Tu as de la chance, mon frère est ici, cela va simplifier les choses…
_ Isaac Réucy, le frère jumeau de Wilfried, est aussi le directeur de l’Académie Plindespry, expliqua Hess.
_ Venez, il nous attend dans mon bureau ! dit Wilfried. Comme ça, nous serons tranquilles !
Ils n’eurent pas à marcher longtemps pour arriver au bureau du ministre de l’éducation. C’était une très grande salle recouverte d’un plancher en bois clair avec une gigantesque baie vitrée qui donnait de l’autre côté du bâtiment, non pas sur la place. Il y avait de nombreuses armoires et étagères dans les tons bleus et gris et les murs étaient peints dans un jaune pâle qui donnait encore plus de luminosité à la pièce. Dans l’un des coins, se trouvaient deux fauteuils et un canapé en cuir ocre et dans le coin opposé le bureau en inox, avec un arrondi et un monceau de papiers qui le recouvrait presque entièrement.
Sur l’un des fauteuils était installé un homme. Il portait des lunettes de soleil sur la tête en serre-tête (pas devant les yeux), une chemise déboutonnée, avec des surfeurs en imprimés, qui laissait apercevoir un torse dont la musculature n’aurait pas fait honte aux sauveteurs d’Alerte à Malibu et un bermuda rouge pétant. Pour compléter cette tenue, l’homme portait des claquettes. Un vrai look de surfeur ! De plus, avec ses cheveux chatains clairs et ses yeux bleus, Thoé l’aurait d’avantage vu à la une d’une série pour adolescentes que directeur de la plus prestigieuse académie du pays ! A part cela, il ressemblait trait pour trait à Wilfried sauf qu’il portait les cheveux un peu plus longs (disons même longs pour un homme alors que Wilfried avait une coupe plus classique) et qu’il avait l’air beaucoup moins sérieux bien sûr ! De plus Wilfried portait des lunettes de vue et non pas de soleil.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 16 Avr - 14:30

Quand il vit la tête que faisaient Hess et Thoé, l’homme se leva et serra la main de l’adolescente :
_ Je suis Isaac Réucy, dit-il d’une voix grave et chaleureuse. Désolé pour la tenue mais jusqu’à hier, j’étais en vacances au bord de la mer et je m’essayais vainement au surf ! Jusqu’à ce que ces deux rigolos décident de me faire revenir d’urgence et me gâchent mes vacances ! Enchanté de te rencontrer…
_ Je suppose que ce n’est pas dans cette tenue que vous dirigez l’établissement le plus coté d’Australie, remarqua Thoé. Dommage… Alors, voilà le groupe des trois plus jeunes personnes à hautes responsabilités…
Puis, se tournant vers Wilfried et Isaac, elle ajouta :
_ Vous n’avez jamais pensé à échanger vos places, juste pour une journée ? Vous vous ressemblez tellement que personne ne devrait s’en rendre compte !
_ Oh, nous avons déjà essayé ! s’exclama gaiement Isaac. Mais nous avions oublié de prévenir Hess et il sait nous reconnaître…
_ Exact, continua Hess. Et quand je me suis exclamé : Isaac, que fais-tu à la place de ton frère ! Le Premier ministre m’a entendu et il n’a guère apprécié. Nous fûmes convoqués tous les trois dans son bureau comme des gamins et je fus accusé injustement d’avoir participé à l’affaire ! s’exclama Hess d’un air faussement outré.
Thoé sourit. Alors comme cela Hess et ses amis étaient dans la ligne de mire du Premier ministre ! Et ils avaient le sens de l’humour ! Ce qui, manifestement, n’était pas le cas du Premier ministre !
Thoé remarqua que Wilfried pinçait les lèvres au souvenir de cet incident. Manifestement, c’était le plus sérieux des trois, du moins de temps en temps !
_ Alors comment s’est passé votre voyage ? demanda-t-il.
_ A part que Thoé a absolument voulu essayer de se noyer, tout s’est très bien passé ! ironisa Hess. Ah oui ! J’oubliais aussi le dragon de l’orphelinat !
Thoé sourit en comprenant que le dragon était madame Mochu. Ce mot lui convenait parfaitement ! Encore que, ce n’était pas très gentil pour les dragons !
_ Alors, demanda Isaac. Tu apprécies notre beau pays ?
_ Je n’ai vu qu’Aurora pour l’instant mais je dois dire que c’est une ville magnifique. Avec une histoire passionnante !
Les trois hommes restèrent silencieux quelques instants.
_ Je vois que nous entrons dans le vif de sujet, remarqua Isaac. Tu lui as tout raconté, c’est mieux ainsi… Tu imagines bien que ton retour en Australie n’est pas forcément du goût de tout le monde, nous avons dû insister grandement ! C’est pourquoi il est très important que tu viennes étudier à l’académie, enfin si tu en as envie bien sûr !
_ Mon tatouage ne vous gêne pas, vous ? demanda Thoé en relevant la mèche de devant sa joue gauche.
Les deux frères n’eurent aucune réaction de répulsion ou de dégoût ce qui les lui rendirent immédiatement très sympathiques. Au moins, eux non plus, ne la regardaient pas comme un monstre !
_ Ce n’était pas la peine de les tester Thoé, dit Hess. Tu pouvais me faire confiance, je t’ai dit que c’était des amis…
_ Il vaut toujours mieux vérifier par soi-même, parfois on a des surprises ! Bon, passons. Vous avez dit que mon retour n’enchantait pas tout le monde pour employer un euphémisme. Tout le monde, c’est qui ? Des personnes du gouvernement, par exemple ?
Les trois amis restèrent silencieux, un air gêné sur leurs jeunes visages.
_ Bon, je vois. J’aime mieux être prévenue tout de suite. Je suppose que si je rentre à l’académie, cela ne va pas être du goût de tout le monde non plus…
_ Il n’y aura pas de problème ! répondit fermement Isaac Réucy. Je suis le directeur de l’académie et personne, à part peut être le ministre de l’éducation (Il se tourna vers son frère avec un sourire ironique) ne peut rien me dire. Et puis, j’ai déjà prévu quelques petites choses pour que tu n’aies pas de problème, du moins pas trop…
_ Personne, pas même le Premier ministre ?
_ A trois contre un, il ne peut rien dire ! répondit Hess. Et il serait plutôt maladroit de sa part de nous licencier pour cela ! Cela lui vaudrait sa place !
_ C’est bien ce que je pensais, il n’apprécie pas mon retour, j’aurai pu le parier ! J’aurai dû lui faire une grimace quand nous l’avons croisé dans le couloir, au moins comme ça, il aurait une vraie raison !
Les trois hommes la regardèrent ahuris.
_ Ben, quoi ? Je n’ai que seize ans ! Vous auriez sans doute préféré que je dise que j’aurai dû poser une bombe ?
_ Il faudrait que nous nous occupions des inscriptions, dit Wilfried changeant de sujet.
_ Très bonne idée ! s’empressèrent de répondre les deux autres.
Wilfried sortit alors de l’un de son tiroir une telle liasse de papier que Thoé se demanda si une journée entière suffirait pour les remplir. Probablement pas…
En fait, la liasse n’était pas à remplir, seules quelques feuilles nécessitaient leur attention. Et la liasse était en grande partie constituée de son livret scolaire… Thoé grimaça, elle imaginait aisément ce qu’il pouvait y avoir d’écrit dedans. D’ailleurs le simple fait qu’elle ait changé cinq fois d’établissement scolaire laissait facilement imaginer le reste ! Et prenait au moins une bonne dizaine de pages !
Mais le contenu du livret scolaire ne semblait nullement intéresser les trois hommes…
Isaac et Wilfried posaient des questions à Hess et remplissaient, eux-mêmes, le dossier d’inscription.
Il y eut tout d’un coup un silence et Thoé sentit, plutôt qu’elle n’entendit, que c’était à elle de répondre. Mais elle n’avait pas du tout écouté la question…
_ Vous m’avez demandé quelque chose ?
_ Oui, nous voudrions savoir sous quel nom tu voudrais que nous t’inscrivions, expliqua Wilfried.
Thoé les regarda étonnée, ne voyant pas où ils voulaient en venir.
_ Est-ce que tu veux qu’on t’inscrive sous mon nom ? demanda Hess. Ou…
La jeune fille finit par comprendre.
_ Non. Il vaut mieux que je garde mon véritable nom. De toute façon, il est toujours préférable de ne pas cacher la vérité aux autres, cela amène généralement moins de problèmes. Par contre, je n’ai pas la moindre idée de mon nom de famille, personne ne me l’a jamais dit…
_ Scary, murmura Hess. Ton nom de famille est Scary.
Il y eut un silence.
_ Il y a quelque temps, le simple fait d’entendre ce nom déclenchait des hurlements de panique, dit Isaac. Et maintenant… je crains qu’il soit difficile de l’entendre sans trembler…
_ Et bien, ça promet si jamais les profs ont l’habitude d’appeler leurs élèves par leur nom de famille ! Je suppose que ce n’est pas un nom très courant…
_ Je suppose que non, murmura Hess. Ou alors ceux qui portaient ce nom en ont changé…
_ Ou alors, ils se sont fait massacrer, dit Wilfried qui sembla aussitôt regretter ses paroles même sans les regards de reproche de Hess et d’Isaac.
_ De mieux en mieux ! s’exclama Thoé d’un air ironique. Je suppose que personne ne parle plus de ce qui s’est passé pendant qu’ils avaient le pouvoir ?
Devant les signes affirmatifs que lui renvoyèrent les trois hommes, Thoé leva les yeux au ciel dans un geste suffisamment accentué pour qu’ils comprennent que c’était fait exprès :
_ Et bien bravo ! C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire ! Laisser des fantômes traîner dans les esprits (elle avait d’abord pensé dire des cadavres dans des placards mais elle s’était reprise, craignant que cela soit plus qu’une image, on ne savait jamais après tout !) est la pire chose qui puisse être ! Il faut ex-té-rio-ri-ser ses peurs ! Sans quoi, c’est leur donner trop de facilité si jamais ils décidaient de revenir !
Les trois hommes la regardèrent ébahis.
_ Tu as sans doute raison, murmura Hess. Mais tu n’as pas vécu tout ça, tu ne peux pas comprendre. C’était vraiment horrible…
_ Non, je n’ai pas vécu ça, c’est bien pour ça que j’ai une réaction raisonnée mais c’est comme quand on va voir un psy, c’est parce qu’étant extérieur à ce qui nous est arrivé, il peut nous aider. Là, le problème c’est qu’il n’y a personne d’extérieur. Il faut donc que vous vous montriez plus courageux et plus raisonnés !
Après quelques instants de réflexion, ils se remirent à remplir les formulaires. Thoé réfléchissait déjà à autre chose. Il y avait quelque chose qui lui posait beaucoup plus de problèmes que sa famille monstrueuse pour le moment.
_ Au fait, vous voulez m’inscrire à l’académie mais qui vous dit que j’en suis capable ? Je veux dire que je ne sais rien de ce qu’on enseigne ici, comment pourrais-je réussir à suivre les cours ?
_ Tu sais, la plupart des matières sont les mêmes dans tous les pays, expliqua Isaac, et tu parles et écris très bien l’australien, n’est-ce pas ?
_ Oui, mais ça ne suffit pas forcément…
_ Et j’ai crû comprendre que tu n’as jamais eu de problèmes dans tes études, du moins c’est ce que j’en ai déduit en lisant ton livret scolaire…
_ Parce que vous l’avez lu ?! s’horrifia Thoé.
_ Evidement, il fallait bien que je sache ce qu’il y avait dedans…
_ Et rien ne vous a gêné ?!
_ Tu veux sans doute parler des quelques petits problèmes disciplinaires…
_ Quelques ?! C’est un euphémisme ! s’exclama Thoé en repensant à tout ce qu’elle avait fait et surtout à toutes les punitions, méritées ou pas, qu’elle avait dû subir.
_ Nous allons dire que tu as droit à une nouvelle chance, que tu n’étais pas dans de bonnes conditions et que maintenant, ça va aller beaucoup mieux…
_ On va dire ça ! dit Thoé en pensant qu’avec le nom qu’elle portait cela risquait de se révéler difficile d’avoir une scolarité normale et sans bavure !
_ Enfin, pour reparler de niveaux, si tu veux, je vais te faire passer quelques tests comme cela, tu sauras vraiment si tu es prête, proposa Isaac.
_ D’accord…

Après une longue série de tests que Thoé, à son grand étonnement, réussit facilement, Isaac, Hess et elle sortirent du bureau de Wilfried pour le laisser travailler. Dans le couloir, ils croisèrent le Premier ministre. Celui-ci, en apercevant le tatouage de Thoé eut un rictus de dégoût qui n’avait rien d’agréable. Décidément, cela commençait bien ! et Thoé se demandait ce que cela allait être quand elle serait à l’Académie…

Dans ma chambre, propriété Chrysaor : l’Epière, rue Eloha, Aurora, mardi 20 août, 23h56 :
Aujourd’hui je suis allée au palais d’Etat. Une architecture magnifique ! Et assez ancienne mais rien qui ressemble de près ou de loin à ce que j’ai vu dans des livres d’architecture européenne ! C’est vraiment différent, comme l’est ce pays.
J’ai rencontré les amis de Hess. Isaac et Wilfried ont vraiment l’air très sympathique. Et ils ont su rester jeunes. Surtout Isaac ! J’ai du mal à imaginer qu’il puisse être le directeur de la plus prestigieuse académie ! J’aurai imaginé quelqu’un à l’air plus sérieux, plus austère et surtout plus classique ! Au moins dans la tenue vestimentaire ! Et Isaac est exactement le contraire de tout cela. Mais peut être s’habille-t-il autrement lorsqu’il travaille. Après tout, il revenait de vacances. Mais j’ai un doute… En tout cas, je comprends pourquoi Hess les apprécie tant. A eux trois, je suis sûre qu’ils forment un groupe à part, un groupe de jeunes dirigeants aux idées nouvelles, réformistes et surtout plus tolérantes que certains anciens… Je veux bien sûr parler du Premier ministre ! Celui-là, quel sale type ! Il m’a regardé comme il aurait regardé un détritus lui barrant la route ! Ou même pire ! Je n’ai pourtant rien fait, il devrait le savoir ! Quelqu’un d’aussi obtus ne devrait pas pouvoir avoir un poste aussi élevé. Je suis sûre qu’un esprit aussi étroit que le sien n’est pas fait pour ce poste, il doit être incompétent ! J’avais une de ses envies de lui faire un croche-patte ! Enfin, ce n’est pas une solution. Ce n’est pas avec ce genre de réaction qu’il arrêtera de me détester, au contraire ça lui donnerait des raisons supplémentaires ! Et puis ce serait vraiment réagir comme une gamine ! Je ne m’abaisserai pas à ça, même si c’est la seule chose que mérite un type comme lui. En fait, il n’est même pas digne de ma colère, à peine de mon mépris ! Et ce qui m’énerve le plus c’est qu’il puisse avoir une influence sur moi. Je suis folle de rage alors que je ne devrais même pas lui prêter la moindre attention. Décidément, j’ai encore beaucoup à apprendre, notamment pour maîtrises mes sentiments.
Changeons de sujet avant que je me mette encore dans des états idiots. Je ne pense pas que j’aurai de gros problèmes pour suivre en cours. J’ai vraiment trouvé les tests que m’a fait passer Isaac faciles. C’est tout à fait dans le même genre que ce que j’apprenais en France. Tant mieux, je commençais à m’inquiéter ! Par contre, en ce qui concerne les autres élèves et les professeurs, j’ai toujours de quoi m’angoisser ; s’ils réagissent comme le Premier ministre ou d’ailleurs tous les passants dans les rues… Enfin, Isaac a dit qu’il avait trouvé quelques petites choses pour que je sois à peu près acceptée. Je me demande bien quoi ! Enfin, je le saurai bientôt car la rentrée approche ! Hess doit m’emmener à l’académie Plindespry le dimanche premier septembre… A vrai dire, je crois que je commence à être très inquiète. Ce qui n’arrangera rien, au contraire ! Quoique, telle que je me connais, dès que je ne suis pas seule, si je suis inquiète, personne ne s’en aperçoit car dans ce cas, je fais la fière, jusqu’à l’insupportable s’il le faut, n’importe quoi pour que personne ne s’aperçoive que je suis comme tout le monde, avec mes peurs, mes angoisses… Décidément, je suis impossible… et je ne suis pas sûre d’avoir envie de changer. Après tout, je préfère qu’on me prenne pour une dure à cuire même si à cause de cela je suis seule. Je suppose que c’est un choix comme un autre…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 23 Avr - 15:31

Comment ça je suis en retard ?

Mais nooooooooooooon, pas du tout !

Hum hum

Zolée, la pauvre Cassie que je suis est débordée.

Mais j'ai lu, quand même, même si j'avais rien écrit, j'avais lu, haha !

Ouaip

Donc, z'en étais où ?

Les Australiens, ils parlent pas Anglais ? unsure

Peur des ascenseurs ? Niark, on dirait moi (bah oui, ma plus grande peur, ce sont ces gros trucs qui se détraquent pour un rien)

Mais c'est bien, c'que les gens qu'ont peur des ascenseurs deviendront pas obèses comme les flemmards qui n'ont pas le courage de grimper les quelques marches (bon, encore, pour aller au 9 ième étage, je les comprends, un peu...)

Bon, bref, tout ça pour dire que, même si j'ai pas le temps de commenter, je lis, et tant que je dis pas STOP ARRETE DE POSTER CETTE IMMONDICE, ça veut dire que tu peux continuer la postatation Happy

Et, tu cherches toujours un titre ? Moi j'ai pensé à "La Marque du Serpent"

Ouais, je sais, rien à foutre de mes titres à 3 balles aux puces lol
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 23 Avr - 18:26

en fait, je poste dès que je sais qu'une personne a lu et comme plus personne ne semblait venir sur le forum...
alors toi aussi tu as peur des ascenseurs! (j'ai toujours été persuadée que les ascenseurs n'attendaient qu'une chose: que j'en prenne un et que je reste coincée ad vitam aeternam!)
sinon, en ce qui concerne l'australie, je suppose que tu as remarqué que mon australie n'avait pas grand chose à voir avec la véritable australie (capitale aurora, côte nord la seule habitée, autarcie, forêt vierge au milieu...) et bien, pour l'anglais, c'est la même chose! mon australie n'a jamais été colonisée par les anglais donc ils parlent leur propre langue qui est... l'australien!
ceci dit, bonne lecture!

6
L’académie Plindespry.
Le jour tant redouté de la rentrée arriva finalement. La veille, Thoé avait préparé ses bagages en se demandant vraiment comment elle allait être reçue. Elle commençait à s’inquiéter. Elle avait des raisons… Bien plus que n’importe quel nouvel élève ! Enfin, il ne fallait pas y penser et ce dire que tout irait bien. Après tout, elle n’avait jamais été particulièrement bien reçue dans les établissements scolaires de France. A cause de son caractère il est vrai. Pas parce que sa famille avait fait des choses monstrueuses ! Et Isaac Réucy qui parlait d’un nouveau départ, d’une seconde chance… Ça, elle allait en avoir besoin, de la chance !
Hess avait promis de revenir la voir pour le week-end afin qu’elle s’habitue progressivement. C’était surtout les autres élèves et les professeurs qui allaient devoir s’habituer à elle ! Et elle lui avait promis de bien se comporter et de bien travailler. De toute façon, il valait mieux qu’elle évite de trop se faire remarquer. Disons de se faire encore plus remarquer qu’à l’entente de son seul nom ! Heureusement, Isaac Réucy était le directeur, et le meilleur ami de Hess. Il lui avait promis qu’il serait toujours là si elle avait un problème et qu’il avait fait son possible pour que son arrivée ne soit pas trop… explosive !

Thoé mit ses bagages dans le coffre du taxi et s’installa à l’arrière, à côté de Hess. C’était seulement la deuxième fois qu’elle montait dans un véhicule à moteur en Australie ! Mais ils n’avaient pas le choix. L’Académie était située à un peu plus de deux cents kilomètres de la capitale, beaucoup plus à l’intérieur des terres que Aurora qui était avant tout un port.
_ Tu n’as pas de voiture ? demanda-t-elle à son parrain.
_ Non, et je n’ai même pas le permis ! Ici, cela n’a guère d’intérêt, expliqua Hess. A l’intérieur des villes, on utilise surtout les véhicules tractés par des chevaux pour protéger l’environnement et compte tenu de notre pays, quand nous voulons voyager, nous utilisons fréquemment les moyens de transport tels que le train ou le car. Et de temps en temps, des taxis !
_ Pourtant, dans ton travail, tu dois te déplacer souvent ?
_ C’est vrai. Mais le palais d’Etat à une douzaine de chauffeurs et de voitures. Et pour les longs trajets, nous prenons le train. Il y a très peu de routes ici !

Le trajet durait plusieurs heures et Thoé en profita pour observer le paysage qui défilait sous ses yeux. Quand ils eurent quitté la capitale, ils voyagèrent le long d’une route serpentant au milieu de champs et de villages. Quelques fois, ils traversaient une petite ville mais l’île semblait vraiment peu peuplée, du moins par rapport aux pays européens ! Les paysages étaient magnifiques et très étonnants ! Car on passait subitement d’une vallée très verte, parsemée de champs et dans laquelle coulaient de nombreux cours d’eau, à des zones arides, de désert de pierre rouge dans lesquels se dressaient parfois des sortes de collines rouges aux formes de trapèze sur lesquelles rien ne poussait, pas la plus petite végétation ! De temps en temps, Thoé apercevait une sorte de gros lézard qui se dorait au soleil, à même le sol argileux qui devait pourtant être brûlant, mais ils disparaissaient très vite lorsqu’ils voyaient la voiture.
Après une cinquantaine de kilomètres dans la fournaise de ces déserts rouges, ils entrèrent à nouveau dans une zone de culture et de terres habitées. Les villages étaient de plus en plus nombreux et ils finirent par arriver dans une ville à peine plus petite et moins peuplée qu’Aurora. Mais le trajet n’était pas encore terminé, l’académie se situait encore à une cinquantaine de kilomètres de cette ville, un peu à l’écart de toutes habitations et à une dizaine de kilomètres seulement de la forêt vierge…
_ Promets-moi de ne jamais t’aventurer dans la forêt ! dit Hess en s’apercevant que Thoé semblait très attirée par l’inextricable végétation. C’est vraiment dangereux !
_ Je n’y songeais même pas, murmura la jeune fille. Puisque c’est là que, à ton avis, se terre ma famille…

Ils finirent par arriver en vue d’un immense mur d’enceinte en pierre. Ils le longèrent quelque temps avant d’arriver au portail : un portail immense en fer forgé noir avec pour motifs des kangourous, emblème national, et sur lequel on pouvait lire : ACADEMIE PLINDESPRY.
Le portail était grand ouvert et un car venait de pénétrer dans la propriété. Le taxi s’engouffra à sa suite sur une route lisse et blanche. Ils parcoururent plus d’un kilomètre dans une forêt aménagée avant d’arriver aux bâtiments de l’académie. Ceux-ci étaient splendides ! Entièrement constitués de pierres blanches et de tuiles bleues pour les toits, avec de nombreuses fenêtres, on ne pouvait pas les manquer ! Il y avait trois bâtiments, regroupés autour d’une cour. Le bâtiment central, le plus important, auquel on accédait par un immense escalier blanc en forme de fer à cheval, et sur lequel on pouvait lire ACADEMIE PLINDESPRY en grosses lettres bleus correspondait à l’administration, aux salles de cours, au réfectoire et à la bibliothèque. Le bâtiment de droite était le pensionnat des élèves et celui de gauche contenait les appartements de tous les adultes vivants à l’Académie.
_ Tu veux dire qu’il n’y a aucun adulte dans le pensionnat ? s’étonna Thoé.
Hess lui sourit d’un air malicieux.
_ Il n’y a que quatre surveillants pour tout le bâtiment, tu imagines bien les possibilités que cela laisse !
_ Je n’y crois pas, tu m’encouragerais à faire des bêtises ?
_ Pas des bêtises, juste de nouvelles expériences ! De toute façon, il ne s’est jamais rien passé qui nécessiterait plus de surveillance !

Dans la cour, le cinquième car venait de s’arrêter, déversant des flots d’élèves de deuxième et troisième années. Les élèves de première année, eux, venaient presque tous avec leurs parents. Ils arrivaient donc en taxi ou dans des carrioles venant de la gare. Tout le monde attendait dans la cour. Soudain, ils firent tous silence. Isaac Réucy venait d’apparaître devant le bâtiment principal. Il tenait un mégaphone à la main et le porta devant sa bouche :
_ Tout d’abord, bonjour à vous tous ! Et bienvenue à l’académie Plindespry ! Les anciens élèves, qui doivent connaître par cœur mon petit discours, peuvent directement rejoindre leurs chambres pour déposer leurs affaires. Ils y trouveront la salle dans laquelle ils devront se rendre pour avoir leurs emplois du temps…
Il y eut un remue-ménage parmi les élèves et les deux tiers environ quittèrent la cour, les bras chargés de bagages, en direction du pensionnat.
_ Quant aux nouveaux élèves, à nos jeunes premières années, qu’ils se rendent dans l’amphithéâtre avec ceux qui les accompagnent. Mon collaborateur et directeur adjoint Alphonse Strikt que voici, va vous y conduire… ajouta Isaac en présentant un jeune homme qui ne devait pas avoir trente ans et qui se tenait, raide comme la justice, dans son costume, affichant un air de sérieux qui dénotait fortement avec l’air joyeux du directeur qui, s’il portait cette fois-ci un pantalon, avait gardé une chemise fantaisie !
_ Est-ce qu’il arrive à Isaac de porter un costume ? demanda Thoé.
_ Pas souvent, reconnut Hess. Il préfère porter des vêtements joyeux, je le cite !
_ Je sens que je vais bien m’amuser cette année !
_ Je l’espère…
Tout en discutant, ils avaient suivi les autres jusqu’à l’amphithéâtre qui se situait derrière les bâtiments où s’étendaient encore des dizaines d’hectares. L’amphithéâtre ressemblait aux antiques théâtres romains ; c’était un bâtiment circulaire en pierre dans lequel se trouvaient des gradins et une tribune. La seule réelle différence, c’était le toit. Le plafond était d’ailleurs peint en bleu nuit et l’éclairage était constitué en partie par des milliers de petites lumières ressemblant à des étoiles. On se serait crû dehors par une douce nuit d’été ; c’était magnifique !
_ Tu apprécies la décoration ? demanda Hess en suivant le regard de sa filleule.
_ C’est vraiment magnifique ! De quand l’académie date-t-elle ?
_ D’une bonne centaine d’année mais elle a presque été entièrement détruite pendant la guerre civile car elle servait de quartier général aux résistants… Maintenant, elle a été entièrement restaurée et elle brille à nouveau de mille feux…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptySam 23 Avr - 18:26

Isaac Réucy arriva dans l’amphithéâtre, accompagné d’une quarantaine d’hommes et de femmes. Il les présenta comme les professeurs de l’académie puis expliqua ensuite qu’il existait quatre options : langues mortes, religions, zoologie-botanique, astronomie ; et que chaque élève de première année devait en choisir au moins deux. En deuxième et troisième années, ils pourraient en arrêter du moment qu’ils en gardaient au moins une. Ensuite chacun des quatre professeurs concernés expliqua sa matière.
_ Maintenant, je vous invite tous à descendre sur l’estrade pour venir chercher vos numéros de chambre et de classe. Adressez-vous aux professeurs ! expliqua Isaac.
Hess et Thoé descendirent donc mais au lieu de se diriger vers l’un des professeurs comme les autres, Hess entraîna Thoé jusqu’à Isaac.
_ Je m’attendais à un peu plus de fantaisie de ta part, Isaac ! s’exclama Hess.
_ Que veux-tu, il faut bien que je respecte un certain protocole !
Les deux hommes pouffèrent à ce mot. Thoé les regarda, un peu étonnée. Ils ne semblaient pas se rendre compte que tout le monde les regardait, courroucés, particulièrement le collaborateur d’Isaac.
_ Occupons-nous un peu de cette demoiselle, se reprit finalement Isaac.
_ Vous vous occupez personnellement de mon cas ! s’étonna Thoé. C’est par amitié pour Hess ou pour éviter que quelqu’un se rende compte de qui je suis ?
_ Thoé ! s’horrifia Hess.
_ C’était juste une question !
_ Passons, dit très vite Isaac. Alors, tu as choisi tes options ?
_ Vous avez bien dit au moins deux ?
Hess et Isaac la regardèrent étonnés.
_ Oui, pourquoi ?
_ Trois, cela rentrerait dans mon emploi du temps ?
_ Evidemment, les options ont lieu le mercredi et le samedi matin. Alors, lesquelles veux-tu ?
_ Langues mortes, religions et zoologie-botanique…
_ En fait, il n’y a qu’astronomie qui ne te plaît pas ! se moqua gentiment Hess. Tu n’aimes pas avoir la tête dans les étoiles ?
_ Je trouve qu’il vaut mieux s’intéresser à ce qu’il y a sur notre planète avant de s’intéresser aux autres !
_ Ton raisonnement se défend. Bon, je t’inscris pour ces trois options. Tu pourras toujours en arrêter une en cours d’année si jamais cela fait trop ! Voilà ton numéro de chambre et ta classe. Il faudra que tu te rendes dans la salle 12A demain à dix heures. Tu rencontreras ton professeur principal, les autres élèves de ta classe et tu recevras ton emploi du temps. Tiens, prends ce plan de l’école, il pourrait t’être utile !
_ Tu veux que je t’accompagne jusqu’à ta chambre ? demanda Hess.
_ Non, je crois que je préfère y aller seule, cela vaut mieux à mon avis.
_ Très bien. N’hésite pas à m’appeler, pour n’importe quoi ! Et je viendrais ce week-end pour voir si tu t’adaptes bien…
Thoé sourit, c’était agréable de voir que Hess se faisait du souci pour elle.
_ Ne t’inquiète pas, Hess ! Je prendrais soin de Thoé, je te le jure ! s’exclama Isaac. Tu devrais y aller maintenant sinon, le Premier ministre ne va pas apprécier que tu sois absent demain !
Hess acquiesça, fit un millier de recommandations à Thoé et lui dit au revoir pendant une bonne dizaine de minutes. Il finit par partir, presque à reculons.
_ N’hésite pas à venir me dire si quelque chose ne va pas ! lui dit Isaac avant de rejoindre les professeurs.
Thoé sourit. Avec ces deux là, elle allait être surprotégée ; ce serait bien la première fois ! C’était plutôt agréable mais en même temps, cela pouvait vouloir dire que sa présence à l’académie risquait d’être plus problématique que ce qu’ils lui avaient dit… Eh bien tant pis, elle ferait avec !
Thoé ramassa ses bagages et se dirigea vers le pensionnat. Elle devait se rendre chambre 34.

La chambre qu’elle occupait se situait au premier étage. Au rez-de-chaussée se trouvait une grande salle pour faire ses devoirs ou se retrouver entre amis et une partie des chambres des filles. Le premier étage était exclusivement réservé aux filles et les deux suivants étaient réservés aux garçons.
Thoé savait qu’elle allait devoir partager la chambre avec deux autres filles de première année et elle se demandait comment elles allaient la recevoir. Elle craignait que cela ne se passe pas merveilleusement bien.
Thoé finit par arriver devant la porte de la chambre 34. Elle poussa la porte qui s’ouvrit, elle n’était pas fermée à clé. La jeune fille faillit lâcher ses bagages tant elle était surprise. Elle qui s’attendait à une chambre du genre de celles qu’elle avait habitée dans les différents orphelinats, elle fut agréablement surprise ! Tout d’abord, la chambre était bien plus grande que celle qu’elle occupait à l’orphelinat avec sept autres filles ! Et elles ne seraient que trois ! La chambre était séparée en trois compartiments, fermés sur trois côtés et contenant un lit avec sa table de nuit, une armoire avec penderie, une étagère et un bureau. Le reste de la pièce contenait une table avec quatre chaises, de nombreuses étagères et dans une pièce attenante, il y avait une salle de bain pour elles toutes seules. C’était le grand luxe !
_ Salut ! lui dit une fille avec une natte dorée qui lui descendait presque jusqu’au genoux. Tu n’as qu’à prendre le lit là-bas, j’espère que ça te convient…
_ C’est parfait.
_ Moi, c’est Aliénor. Et elle, c’est Corey, continua la fille en désignant une adolescente aux cheveux courts et roux. Et toi ?
_ Thoé.
_ D’où viens-tu ? demanda la dénommée Corey.
_ D’Aurora, répondit Thoé en évitant de préciser qu’elle n’y habitait que depuis deux mois. La jeune fille avait caché son tatouage derrière une mèche de cheveux et elle était fermement décidée à ne pas dire à ses camarades de chambre qui elle était vraiment. Elles le sauraient bien assez vite !
_ Nous aussi ! s’exclama Aliénor. Corey et moi, nous nous connaissons depuis la maternelle ! Une chance qu’on ait réussi à être dans la même chambre ! Il faut dire que j’ai envoyé mon frère le demander au directeur l’année dernière. Mon frère est en troisième année, c’est bien pratique !
Aliénor continua comme ça de parler. Elle semblait très bavarde mais ne paraissait pas avoir besoin que quelqu’un lui réponde.
Finalement, Thoé se dirigea dans son coin pour commencer à installer ses affaires. Elle entendait les deux autres filles discuter de mille petites choses pendant qu’elle rangeait ses vêtements.
_ Tu viens dîner ? C’est l’heure… demanda Aliénor en passant la tête de l’autre côté du mur qui isolait le coin de Thoé.
Cette dernière regarda sa montre. Dix-neuf heures trente, déjà ! Elle n’avait pas vu le temps passer.
_ Non merci, je suis fatiguée et je n’ai pas faim. A plus tard !
Les deux filles partirent et Thoé continua son rangement. Elle finit par se laisser tomber sur son lit, réellement fatiguée, mais aussi inquiète. Inquiète de ce qui allait se passer le lendemain quand les autres élèves apprendraient qui elle était… Contrairement à ce qu’elle faisait croire à Hess et à Isaac, elle était persuadée que cela ne se passerait pas bien et elle n’était pas sûre de pouvoir tenir le coup. Elle regrettait d’avoir accepté d’aller à l’Académie mais Hess, Isaac et Wilfried semblaient tant y tenir… Et puis, si elle était restée avec Hess, elle l’aurait gêné. Thoé aurait presque préféré que Hess ne vienne jamais la chercher et qu’elle continue sa petite vie si ennuyeuse où l’hostilité de ses camarades n’était que proportionnelle à ce qu’elle faisait pour être seule. Mais là, ce serait différent. Et elle pouvait difficilement blâmer les autres élèves s’ils la haïssaient ! Leurs raisons, même si elles n’étaient pas très bonnes, étaient compréhensibles…
Thoé finit par s’endormir en se demandant s’il ne vaudrait pas mieux qu’elle ne se réveille jamais.

Chambre 34, ma chambre, à l’académie Plindespry, dimanche 1 septembre, 20h47 :
Me voilà donc à l’académie. La chambre est superbe, les deux filles qui la partagent avec moi ont l’air sympa… même si Aliénor semble bavarde et peut être un peu imbue de sa personne, et si Corey semble manquer un peu de caractère. Mais je suis sévère, et probablement injuste. Elles m’ont très bien accueillie… mais elles ne savent pas qui je suis. A mon avis, quand elles le sauront, elles changeront d’attitude… Dans ce cas, ce que je viens d’écrire sur elles ne serait qu’une vengeance par avance. Je me demande bien comment cela va se passer demain. J’ai un mauvais pressentiment. Je suppose que si ça n’avait pas été le cas, je leur aurais dit mon nom de famille. C’est vraiment étrange, j’ai l’impression que j’étais quelqu’un d’autre en France, quelqu’un qui se serait fait une joie de provoquer rien qu’en se présentant, d’éloigner tout le monde… Mais c’était une autre vie, un autre endroit… Tout est tellement différent, je suis tellement différente ! Et cela ne s’explique pas par le changement de pays mais par ce que j’ai appris, sur moi, ma famille… Peut être que mon comportement passé s’explique par mon ignorance sur qui j’étais. Maintenant, j’en sais un peu, mais si peu ! Je me demande si cela ne me perturbe pas plus que de ne rien savoir. C’est peut être pour ça que je m’inquiète. Je me pose trop de questions…
Quoiqu’il en soit, je me demande comment on va me recevoir quand on connaîtra mon nom. Les professeurs sont forcément au courant qu’ils vont m’avoir dans leur classe, je me demande bien comment Isaac leur a fait accepter ma présence… Peut être qu’il les a menacés de les renvoyer s’ils refusaient de me faire cours ? Et même si ce n’est pas le cas, je doute fort qu’ils m’acceptent avec enthousiasme ! Je vais être leur bête noire… Avant, cela ne m’aurait pas gênée, je le leur aurais fait payer d’une façon ou d’une autre car cela aurait été injuste mais maintenant… C’est quand même injuste ! Je n’ai rien fait, moi ! Tout est devenu tellement compliqué ! Je ne peux plus me comporter comme une adolescente rebelle, je suis obligée de prendre en compte ma famille, ce qu’ils ont fait… et je comprends en partie ce que les gens ressentent en me voyant avec mon tatouage. Je les comprends un peu et donc je me sens mal au lieu de les ignorer ou de choquer. Tout à fait l’inverse de ce que je faisais. Et je ne me sens pas mieux. Au contraire !
Et si les professeurs, des adultes, réussissent à se comporter correctement avec moi, ce n’est pas dit que des adolescents le puissent, ou le veuillent même ! C’est bien la première fois que je me soucie de l’effet que je vais produire sur d’autres élèves ! Peut être parce que ce sera la première fois que leur réaction pourrait être des hurlements de panique et une fuite précipitée ? Quoique, si tel était le cas, cela pourrait être drôle ! Pendant un certain temps du moins et après… C’est étrange. Maintenant que je pourrais être seule sans avoir à faire le moindre effort, j’ai envie d’avoir des amies alors qu’avant où quelques efforts m’auraient permis d’en avoir, j’ai toujours tout fait pour qu’on me déteste ! Enfin, on verra bien demain ! Il ne sert à rien de faire des suppositions ce soir, je saurai ce qu’il en est bien assez tôt… Il sera toujours temps de réfléchir à mon comportement et à ma vie…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyMar 26 Avr - 22:04

et voilà le chapitre 7. au fait Cassie, ton titre est plutôt intéressant, il faut que je réfléchisse... bonne lecture!

7
Premier jour, premières réactions.


Le lendemain matin, Thoé fut la première à se lever. Le plus silencieusement possible, elle alla se préparer dans la salle de bain. A son retour, Aliénor et Corey étaient éveillées et elles commençaient à se préparer.
_ Dans quelle classe es-tu ? lui demanda Aliénor.
Thoé regarda le papier qui lui était destinée.
_ En 1C.
_ Nous aussi ! s’exclama la jeune fille. C’est un coup de chance car ceux qui sont dans la même chambre ne sont pas forcément dans la même classe. Mon frère, par exemple, est dans la même chambre que son meilleur ami mais il n’est pas dans la même classe…

Un quart d’heure plus tard, Aliénor et Corey étaient prêtes et les trois jeunes filles sortirent de leur chambre pour aller prendre le petit déjeuner au réfectoire. Thoé suivait les deux autres en se sentant coupable de ne pas leur dire qui elle était mais, en même temps, elle se sentait incapable de leur révéler son identité et de supporter leurs réactions, violentes à n’en pas douter !
Elles croisèrent Isaac Réucy un peu avant d’arriver au réfectoire :
_ Thoé, dit-il. Pourrais-tu venir avec moi ? Je voudrais te parler…
La jeune fille acquiesça sous le regard interrogateur de ses deux camarades de chambre et suivit Isaac jusqu’à ce qui semblait être son bureau.
_ Assieds-toi et prends tout ce que tu veux ! dit-il en lui présentant un plateau chargé de pains, céréales, fruits, lait, thé…
_ Qui y a-t-il ? demanda Thoé. Est-ce que vous avez finalement renoncé à me faire aller en cours ?
_ Non, bien sûr que non ! Je voulais juste savoir comment cela s’était passé hier soir et ce matin.
_ Plutôt bien, pour l’instant.
_ Tu avais l’air de bien t’entendre avec les deux autres filles de ta chambre…
_ Elles ne savent pas qui je suis. Je n’ai pas pu leur dire ! De toute façon, elles le sauront bien assez tôt…
_ Je vois… Tu es sûre que cela va aller ?
_ Il le faudra bien ! Je ne m’enfuirais pas comme si j’étais coupable de quelque chose ! Et puis, les difficultés, ça me connaît…
_ Je peux faire quelque chose pour toi ?
_ Je ne pense pas. Et même si c’était le cas, je ne suis pas certaine que j’accepterais votre aide. Il faut que je me débrouille seule. C’est important ! Et puis comme ça, si jamais ma présence ici pose vraiment trop de problèmes, pour vous cela en fera moins que si vous m’aviez plus aidée devant les autres…
_ Thoé ! Tu n’as aucune raison de t’inquiéter pour cela ! Wilfried, Hess et moi savons très bien ce que nous faisons et nous sommes capables d’assumer les responsabilités de nos actes !
_ Peut être, mais ce n’est pas forcément la peine d’assumer les conséquences d’actes inutiles ! Bon, il faut que je vous laisse sinon, je vais finir par être en retard pour mon premier jour ! A mon avis, mes professeurs n’apprécieraient pas. Ils auraient encore plus de raison de me détester !
Avant qu’Isaac ait pu dire quoi que ce soit, Thoé était déjà sortie et avait refermé la porte derrière elle.
Dos collé contre le mur près de la porte, la jeune fille attendait de voir si Isaac allait essayer de la rattraper. Mais cinq minutes plus tard, il n’en avait toujours rien fait. Thoé ne savait pas si elle devait être déçue ou rassurée. Elle haussa les épaules ; cela n’avait pas d’importance pour le moment. Ce qu’elle devait faire, c’était affronter sa première journée de cours !
Thoé courut jusqu’à sa chambre pour prendre ses affaires et le plan de l’école afin de trouver sa salle de classe. Elle arriva juste au moment où les élèves entraient dans la salle. Elle n’était pas en retard, une chance ! Et de la chance, elle allait en avoir bien besoin pour affronter la suite !
Thoé se glissa jusqu’à une table près de la porte où personne n’était installé. La jeune fille préférait éviter d’être trop près des autres élèves quand ils sauraient qui elle était vraiment. Et se mettre à côté de la porte était aussi une bonne stratégie, au cas où elle devrait effectuer une sortie précipitée !
Le professeur principal était aussi le professeur de sciences mathématiques. Elle s’appelait madame Téoreym. Thoé sourit intérieurement. En français, ce nom convenait très bien à une prof de maths ! Evidement, pour les autres élèves qui ne parlaient pas couramment le français, cela n’avait rien de drôle !
Le professeur saisit sa liste et commença à faire l’appel. Thoé ne prêtait qu’une oreille distraite aux noms de ses nouveaux camarades de classe, elle était bien trop préoccupée en pensant aux réactions que provoqueraient le sien, quand un nom lui rappela quelque chose :
_ Aliénor Diké… disait le professeur.
C’était bien la jeune fille qui logeait dans la même chambre que Thoé. Etonnamment, en entendant ce nom, l’atmosphère de la classe changea. Elle était plus gaie et plus sérieuse à la fois. Un mélange étonnant que Thoé ne comprit que comme une manifestation de sympathie envers Aliénor. Thoé était persuadée qu’elle avait déjà entendu ce nom quelque part et elle fouilla dans son esprit pour essayer de retrouver où. Finalement, la réponse lui sauta à l’esprit ! Sur la place principale d’Aurora ! Le nom de deux des statues ! Alors comme cela, Aliénor avait de la famille morte pour la résistance, en héros, voilà qui expliquait l’attitude des autres élève. Une autre idée vint à l’esprit de Thoé. Elle était dans la même chambre et dans la même classe qu’Aliénor, qu’une fille ayant une famille considérée comme héroïne nationale. Etait-ce un hasard ou plus probablement, une idée d’Isaac ? Quoi qu’il en soit, Thoé n’était pas certaine que ce soit une bonne idée mais il était trop tard maintenant. Le professeur arrivait à la fin de la liste…
_ Thoé Scary…
Thoé leva la main en observant les réactions des autres élèves. L’atmosphère s’était beaucoup rafraîchie et les élèves la regardaient d’un air où se lisait en même temps la peur et l’horreur. Même le professeur semblait mal à l’aise !
Et bien, cela promettait, pensa Thoé. Au moins, maintenant, elle n’aurait plus besoin de cacher son tatouage derrière une mèche de cheveux !
Le professeur finit par reprendre son souffle et elle commença à expliquer comment fonctionnait l’Académie puis distribua les emplois du temps. Thoé observa le sien. Les cours commençaient l’après-midi même et elle allait devoir supporter quatre heures de cours avec ses nouveaux camarades de classe. L’après-midi allait être longue ! Elle allait devoir assister à une heure de langues vivantes, une heure d’histoire et anthropologie et deux heures de biologie, anatomie et médecine. C’était un programme intéressant mais elle commençait à craindre que cela ne suffise pas pour contrebalancer l’opinion que les élèves et les professeurs avaient déjà d’elle !
Madame Téoreym continuait ses explications. Elle avait embrayé sur les noms des professeurs et le règlement intérieur. Thoé n’y prêta qu’une oreille distraite. Elle comptait le nombre d’heures de cours qu’elle avait par semaine. Trente-cinq ! Encore plus qu’en France ! Elle n’aurait pas crû cela, il lui semblait que la France était l’un des pays où les jeunes devaient subir le plus d’heures de cours. Et bien, elle s’était trompée mais finalement, il valait peut être mieux qu’elle passe beaucoup de temps en cours. Ainsi, elle pourrait s’absorber dans le travail et ne pas penser aux autres élèves, à sa famille… Il resterait le soir, le mercredi après-midi et les week-ends pour déprimer…
Thoé s’étonna d’avantage en étudiant plus attentivement son emploi du temps. Elle avait six heures de langues vivantes. Mais quelles langues vivantes ? Personne, à part elle, ne semblait s’étonner de cette formulation, cela devait donc être une particularité de l’Australie. Thoé aurait bien voulu savoir ce qu’il en était vraiment mais elle n’osa pas poser de question de peur d’être ridicule. Elle n’avait pas besoin de cela en plus !

Finalement, le professeur libéra les élèves pour qu’ils puissent aller déjeuner. Thoé sortit la dernière de la classe en se demandant si elle n’avait pas fait une bêtise en acceptant de venir étudier à l’Académie. Mais Hess, Isaac et Wilfried semblaient tant y tenir…
La jeune fille retourna déposer ses affaires dans sa chambre. Elle y croisa Aliénor et Corey qui lui jetèrent un regard furieux et dégoûté. Thoé préféra ne pas y prêter attention et elle repartit en direction du réfectoire. Celui-ci était constitué d’une centaine de tables à huit, six ou quatre places et d’un très long comptoir où l’on empilait sur son plateau ce que l’on voulait manger. Thoé s’aperçut qu’elle n’avait pas très faim, surtout quand elle remarqua que tous les regards, ou presque, étaient tournés vers elle. Manifestement, tout le monde était déjà au courant de son identité. Les nouvelles circulaient vite ou alors ses camarades de classe étaient vraiment très bavards. Quoi qu’il en soit, elle pouvait difficilement espérer maintenant se faire des amis. Thoé soupira. Après tout, elle avait l’habitude, elle n’allait pas se décourager pour ça ! La jeune fille s’installa seule à une table au fond de la salle en se demandant ce qui allait encore lui arriver.
Elle aperçut Aliénor qui faisait la queue devant le comptoir puis qui se dirigeait d’un pas furieux vers une table où deux jeunes hommes, sûrement des élèves de troisième année, discutaient.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyMar 26 Avr - 22:04

_ En cours d’histoire et anthropologie, j’ai madame Larmaleuil. Je crois que je vais me mettre à hurler si elle me regarde encore avec son air de pitié ! C’est vraiment un calvaire de devoir étudier l’histoire contemporaine !
_ Que veux-tu, c’est la rançon de la gloire !
_ Ne te moque pas ! Si j’avais pu choisir, je serais rester un simple élève, et je ne serais pas orphelin !
_ Excuse-moi, j’essayais juste de détendre l’atmosphère. Ce n’est pas vraiment une réussite… A part cela, ta classe n’est pas trop mal ?
_ Non, ça va. Je n’ai pas trop à me plaindre. A part que Egor Salmufleu est dans ma classe…
_ Aie ! Quelle galère ! Moi qui espérais qu’il avait été enfin renvoyé de l’académie !
_ Malheureusement, il est trop intelligent pour ça, comme le reste de sa famille !
_ Bon, changeons de sujet, cela ne sert à rien de s’échauffer pour si peu. Tiens, il y a ta sœur qui arrive vers nous. Elle a l’air furieux et elle a largué la fille qui l’accompagne toujours d’habitude…
_ Corey. Bientôt, il y aura toute une bande de filles autour d’elle…
Aliénor déposa bruyamment son plateau sur la table et se laissa tomber sur une chaise.
_ Quelque chose ne va pas ? demanda Matt Diké, son frère.
_ Si quelque chose ne va pas ?! hurla-t-elle avant de se rendre compte qu’ils n’étaient pas seuls. Evidemment que cela ne va pas ! continua-t-elle plus doucement mais avec autant de colère. Je suis dans la même chambre et dans la même classe qu’une certaine Thoé Scary ! Fais quelque chose !
_ Scary ? s’étonna Erion, le meilleur ami de Matt. Ou ce nom est plus commun que je le pensais ou alors…
_ C’est l’une de leurs filles…
_ Comment se fait-il qu’elle soit ici alors ? s’étonna Erion.
_ C’est la protégée de Hess Chrysaor et des frères Réucy. Elle n’est responsable de rien, elle avait quatre ans quand son parrain, Hess Chrysaor l’a emmené en France. Je ne suis même pas sûr qu’elle sache vraiment qui sont ses parents…
Aliénor et Erion le regardèrent ébahis.
_ Comment sais-tu tout cela ?
_ Le directeur est venu me parler. Il ne tient pas à ce qu’il lui arrive malheur, si j’ai bien compris, et il voulait se montrer honnête envers moi je suppose…
_ Pourquoi est-ce qu’il est venu te parler à toi et pas à moi ? C’est pourtant moi qui vais devoir la supporter en classe et dans la chambre !
_ Parce que tu n’es encore qu’une gamine ! Je ne veux pas que tu te comportes méchamment avec elle. Pas même que tu te montres désagréable, il ne faut pas que tous les autres élèves de ta classe t’imitent…
_ Pourquoi m’imiteraient-ils ?
_ Ne fais pas celle qui ne comprend pas ! Tu as dû remarquer qu’ils sont tous, ou presque, prêts à t’obéir et à tout faire pour te faire plaisir ! Tout ça à cause de notre nom de famille !
_ Pourquoi tu te plains ?
_ Matt a été nommé délégué principal alors même qu’il n’avait pas proposé sa candidature, expliqua Erion. Et cela ne l’enchante pas du tout !
_ Je ne te comprends vraiment pas ! dit Aliénor. Tu devrais être content !
_ Tu comprendras peut être un jour… que l’amitié et la sympathie ne s’achètent pas, ni avec de l’argent ni grâce à un nom glorieux ! En attendant, je ne veux pas que tu fasses des ennuis à cette fille, ni que tu l’approches de trop près !
_ Ça, ça ne risque pas !
_ Où est-elle ? demanda Erion, curieux.
Aliénor désigna Thoé à l’autre bout de la salle. Les deux jeunes hommes l’observèrent. Thoé avait relevé la mèche de cheveux qui cachaient son tatouage, comme par défi. Matt se dit qu’il y avait bien peu de chance qu’elle sache vraiment qui était sa famille et qu’elle ait imaginé ce qui l’attendait comme accueil quand elle était arrivée.

Thoé mangea rapidement pour fuir au plus vite la lourde atmosphère qui s’était installée dans le réfectoire à son arrivée. Décidément, cela risquait d’être encore pire pour elle que quand elle était à l’orphelinat. Et pourtant, elle n’avait rien fait !
Thoé alla se promener dans la forêt de l’Académie jusqu’à l’heure de ses cours. Elle avait besoin d’être un peu seule (ou plutôt elle avait besoin de ne voir personne car en ce qui concernait sa solitude…) pour réfléchir et pour réussir à rester calme. La jeune fille était assez intelligente pour comprendre qu’il valait mieux qu’elle évite de trop se faire remarquer contrairement à son habitude. Tout était si différent maintenant…
Thoé se précipita dans sa chambre pour prendre ses affaires avant de courir pour rejoindre son cours de langues vivantes. Elle avait encore failli être en retard, décidément rien n’allait !
Il ne restait qu’une place libre, au premier rang. Thoé s’y assit en remerciant ceux qui avaient aménagé les salles de classe d’avoir installé plus de tables que d’élèves, ainsi elle était seule à une table. Elle n’aurait pas pu supporter en permanence le regard furieux et dégoûté de l’un de ses camarades.
Le professeur, une jeune femme, mademoiselle Martin, expliqua qu’ils auraient trois professeurs de langues vivantes, un pour l’espagnol, un pour l’anglais et elle pour le français. Elle avait expliqué tout cela en français et Thoé s’aperçut avec amusement que les autres élèves n’avaient pas plus compris ce que disait leur professeur qu’elle ne comprenait ses professeurs d’anglais lorsqu’elle était encore en France. En revanche, elle comprenait parfaitement le français !
Madame Martin fit l’appel. Elle n’eut aucune réaction de sympathie ou d’antipathie en lisant les noms d’Aliénor Diké et de Thoé Scary. Thoé en conclut qu’elle ne devait pas connaître grand chose à l’histoire récente de l’Australie, ce qui s’expliquait par le fait qu’elle était française, cela aussi, elle l’avait expliqué en français.
Le professeur commença alors à interroger les élèves à l’oral en français. Elle leur posait des questions simples du genre, d’où viens-tu ? Qu’est-ce que tu aimes faire ? Etc… Evidemment, les élèves ne comprenaient pas grand chose et leurs réponses étaient plutôt comiques. Du moins pour Thoé qui était la seule à comprendre. Quand madame Martin commença à l’interroger, elle se rendit compte qu’elle parlait à une française et elle partit dans une grande discussion avec Thoé à propos de la France.
A la fin de l’heure, Thoé voyait son avenir à l’Académie s’éclairer. Au moins, elle avait un professeur qui ne la détestait pas. Et qui était très sympathique en plus !
Les trois heures suivantes furent moins agréables mais les professeurs se contentèrent de l’ignorer et Thoé se força à travailler sérieusement pour éviter de penser à autre chose.

Chambre 34, académie Plindespry, lundi 2 septembre, 23h26 :
Et bien voilà, ma première journée à l’académie Plindespry se termine. Elle s’est passée à peu près comme je m’y attendais. La réaction des élèves et des professeurs était à peu près celle que j’avais imaginée. A part qu’aucun ne s’est mis à crier ni n’est parti en courant. Il ne faut pas exagérer quand même ! En fait, leur réaction se borne à essayer tant bien que mal de m’ignorer. C’est mieux que ce que je m’étais imaginé… Par contre, le problème maintenant, c’est qu’Aliénor et Corey ne me supportent plus et qu’elles sont dans la même chambre que moi ! Enfin, je suppose qu’on finira par trouver un moyen pour s’éviter. Evidement, je n’avais pas prévu que l’une de mes camarades de chambre se trouvait orpheline à cause de mes parents. Evidement, ça ne simplifie pas les choses ! C’est d’ailleurs étonnant. A ce qu’elle m’a dit, il n’est pas si fréquent que des élèves partageant la même chambre soit aussi dans la même classe. Et de plus, je doute qu’Isaac m’ait répartie au hasard dans une chambre et une classe. Mais s’il l’a fait exprès alors je ne comprends pas son stratagème. Il ne pouvait quand même pas imaginer qu’Aliénor pourrait s’entendre avec moi. Il ne faut pas exagérer ! Ne connaît-il pas la nature humaine ou la prend-il pour une sainte ? Ce qui n’est pas le cas. On ne peut pas le lui reprocher. Je suis moi-même loin d’être un ange !
C’est bizarre tout de même. En France, je faisais tout ce que je pouvais pour que les autres, les professeurs et surtout les élèves, me détestent et me laissent seule et maintenant, sans rien faire c’est ce qui m’arrive et je m’en plais. Evidement, ce n’est pas la même chose : on ne me déteste pas pour avoir fait quelque chose, juste parce que je m’appelle Scary et que j’ai ce stupide tatouage sur la joue ! Je savais bien que c’était une calamité ce tatouage, dommage que mon charcutage n’ait servi à rien… Je sais qu’il y a des gens qui n’aiment pas une partie d’eux mais je crois que moi, j’ai de bonnes raisons ! Il est quand même rare qu’une partie de soi vous attire haine et provoque peur et mauvais souvenir ! Quand je pense qu’en posant le pied sur la terre d’Australie, j’espérais un nouveau départ. Un nouveau départ, tu parles ! Je suis plus connue ici que je ne l’étais en France et si bien sûr, j’ai gagné Hess, je crois que j’ai aussi gagné une dose de problèmes que je n’imaginais même pas possible ! Il faut dire que je ne vois pas comment j’aurai pu imaginer que mes parents avaient été des tyrans sanguinaires et que certains de mes camarades de classe se trouveraient être les enfants de leurs victimes ! Cela me donnerait presque envie de repartir en France, ou plutôt de n’en être jamais partie. Et puis non ! Je serais de la lâcheté de ma part. Après tout je n’ai rien à me reprocher et j’ai autant le droit de vivre et d’être heureuse que les autres ! Ils n’auront qu’à s’habituer à moi car je reste ! Je ne m’enfuirai pas comme si j’avais quelque chose à me reprocher. Et j’ai l’habitude d’être seule. Finalement, comme ça, je ne me sentirai pas trop dépaysée. Je crois que voir leurs réactions, même si elles étaient proches de ce que j’avais imaginé, m’a fait du bien. Je me sens redevenir moi-même. Après tout, ne dit-on pas que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ? Et puis, il n’y a pas que de mauvaises choses, il y a au moins une bonne nouvelle, j’ai un professeur qui ne me déteste pas, mon professeur de français. Sans doute parce qu’elle ne doit pas connaître grand chose à l’histoire de l’Australie mais c’est déjà ça, je suppose. Bon, je vais arrêter là, demain j’ai sept heures de cours et vu comment les choses se présentent, cela va être assez éprouvant…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyLun 2 Mai - 13:27

vous vouliez en savoir plus sur l'histoire de l'australie et la famille de thoé? évitez de manger avant...

8
Des découvertes…


Quelques jours avaient passé. Des jours que Thoé avait trouvés très longs à cause de l’antipathie qu’elle inspirait aux autres. Enfin, elle commençait à s’habituer et ne faisait plus guère attention aux regards chargés d’animosité que lui lançaient les autres élèves et plus particulièrement ses deux camarades de chambre. Elle ne pouvait rien y changer alors, il valait mieux ne pas y faire attention… Ou du moins s’y efforcer.
On était mercredi, Thoé avait eu quatre heures de cours, langues mortes et religions. La jeune fille était très contente de ses options et à vrai dire, elle trouvait tous les cours bien plus intéressants que ceux qu’elle avait en France. La vie aurait pu être vraiment très agréable s’il n’y avait eu son tatouage…
Après la cantine, où elle mangea seule à une table, Thoé se rendit à la bibliothèque. Le mercredi après-midi et les week-ends, les élèves pouvaient participer à des activités sportives, culturelles… Mais après réflexion, Thoé s’était dit qu’il valait mieux qu’elle ne se mêle pas aux autres quand elle n’y était pas obligée. Ce n’était pas la peine de s’attirer davantage de haine et de problèmes qu’elle semblait en attirer naturellement ! Aussi n’avait-elle rien de prévu pour l’après-midi…
A la bibliothèque, la jeune fille décida de se renseigner sur la période de troubles qu’avait connu l’Australie. Elle voulait en savoir un peu plus sur ce qu’avait fait sa famille car, on ne pouvait pas dire que Hess lui avait donné des détails ! Elle avait de la chance, les élèves de troisième année étudiaient justement l’histoire contemporaine de l’Australie ! L’adolescente prit donc un manuel scolaire et s’installa à une table, à l’écart des autres. La table se situait dans un coin de la bibliothèque, cachée derrière des étagères de livres et totalement isolée des autres tables et des autres élèves qui les occupaient.
La jeune fille trouva les chapitres qui l’intéressaient et commença sa lecture :
Le 1 janvier 1981, alors que l’anarchie la plus complète régnait en Australie, Herman et Lucinda Scary prirent le pouvoir pour installer un nouveau régime : l’Etat pour l’ordre et la pureté de l’Australie ou EPOPA. Ils se nommèrent Orpuristes. Ils disaient agir pour rétablir l’ordre en Australie et leur coup d’état fut tout d’abord plutôt bien accueilli. Ils instaurèrent de nouvelles institutions politiques et nommèrent aux postes clés des membres de leur famille …Ensuite venait une description des institutions et un organigramme composé des différents postes et de ceux qui les avaient occupés. Parfois, il y avait des points d’interrogation. Thoé s’en étonna, elle pensait que tous ceux qui avaient travaillé pour sa famille étaient connus. Mais après tout c’était idiot de sa part ! Hess lui avait bien dit qu’il restait de nombreuses personnes dont on n’avait pas pu prouver qu’elles étaient orpuristes. Le seul nom qu’elle reconnut, à part celui de Scary bien sûr, qui revenait un certain nombre de fois, fut celui d’Isidor Chrysaor, le père de Hess et donc son oncle, qui occupait alors le poste de ministre de la culture. La jeune fille reprit sa lecture :
Mais très vite, le régime devint autoritaire. Dès février, les rares opposants au régime furent emprisonnés et le 17, de nouvelles lois furent édictées pour, disaient-ils, rétablir l’ordre : les lois fraîches…
Les lois fraîches interdisaient à quiconque de s’opposer au régime en place de quelques manières que ce soient sous peine de prison, déclaraient obligatoire un recensement des gens et de leurs pouvoirs et donnaient les peines encourues pour tout manquement aux règlements établis. De plus, elles rétablissaient la peine de mort qui, bien que n’étant pas réellement autorisée avait été très utilisée pendant la période d’anarchie. La Famille n’avait donc fait que légaliser une pratique très courante. Jusque là, il n’y avait pas de quoi être terrorisé au seul nom de Scary, pensa Thoé. Certes, la Famille avait pris le pouvoir de force et tenait à le garder mais ils n’avaient encore pratiqué aucune atrocité. La jeune fille s’étonna de l’importance que les auteurs du manuel donnaient au recensement obligatoire, cela ne lui semblait guère intéressant. Mais sans doute cela avait-il son importance…
Le 9 octobre, les lois pouvoirs furent publiées. Elles ordonnaient l’instauration d’un nouvel enseignement obligatoire : celui du développement des pouvoirs. Ces lois, instaurées par Isidor Chrysaor, semblèrent inoffensives. Mais sans le savoir, Chrysaor avait, avec ces lois, ouvert la voie à la ségrégation magique. En parallèle, Klein Scary, ministre de l’intérieur, mit en application les lois KS : interdiction de publier des textes qui n’auraient pas été autorisés par le Conseil de l’ordre, interdiction de tous les journaux, écrits et audios, autres que le journal officiel, interdiction de manifestations et de grèves, obligation pour les jeunes de six à vingt ans d’intégrer une école officielle dans laquelle leur serait enseigné le respect du régime et des lois et la "bonne culture", c’est à dire la culture officielle… Ces lois autorisant la censure et interdisant les libertés fondamentales furent très mal accueillies. Dès le lendemain de leur parution, des manifestations éclatèrent dans toute l’Australie. Mais elles furent réprimées immédiatement. L’état envoya les milices qui chargèrent les manifestants, n’hésitant pas à tirer dans la foule. Les meneurs furent arrêtés et exécutés sans procès… La terreur s’installa dans le pays et les premiers groupes de résistance se constituèrent. Mais la résistance était désorganisée, faible et rapidement réprimée.
Le 23 juin 1982, les lois séparatrices furent publiées. Elles séparaient la population en cinq classes sociales suivant la puissance des pouvoirs :
_ la classe majore, qui était considérée comme la meilleure. Ses membres étaient respectés, intouchables, avaient tous les droits, ne payaient pas d’impôts et étaient généralement membres du gouvernement.
_ Ensuite venait la classe sous-majore. Ses membres pouvaient exercer tous les métiers, sauf les métiers les plus importants du gouvernement, payaient peu d’impôts et se situaient juste après la classe majore dans la hiérarchie.
_ La classe médium n’avait pas le droit d’exercer des métiers de commandement, même dans les entreprises les moins importantes, mais ses membres pouvaient exercer certains métiers à responsabilité et posséder des terres et des biens. Ils devaient payer de lourds impôts.
_ Etre membres des deux dernières classes était un enfer. La classe mineure payait de très lourds impôts, ne pouvait accéder qu’à des postes mineurs, n’avait pas le droit de posséder des terres ou de l’immobilier, devait respect et obéissance aux deux premières classes et surtout ne jamais se faire remarquer.
_ La dernière classe était celle des sans-nom. Ils ne pouvaient rien posséder, n’accédait qu’aux métiers les plus ingrats, sans responsabilités, avec des salaires de misère, payaient de très lourds impôts, n’avait aucun droit et la moindre infraction aux lois les conduisait à la peine de mort…

Thoé grimaça. Cette ségrégation basée sur les pouvoirs lui semblait horrible, les membres de la dernière classe lui semblaient être des esclaves dont la vie n’avait aucune importance. Elle commençait à comprendre pourquoi le nom de Scary inspirait tant de haine et de dégoût. Un peu inquiète de ce qu’elle allait découvrir, Thoé reprit sa lecture, une boule d’appréhension dans la gorge :
Suite à ces lois, la résistance s’intensifia. Mais les répressions étaient toujours massives et tout résistant arrêté était immédiatement exécuté. Le gouvernement avait décidé d’éliminer la classe sans-nom en lui rendant la vie tellement difficile qu’ils ne pourraient, pour survivre, que voler ou mendier ce qui était, pour eux, passible de la peine de mort. De plus, les membres de cette classe ne pouvaient pas aller à l’école, emprunter des moyens de transport publics (et comme ils ne pouvaient rien posséder, ils ne pouvaient se déplacer qu’à pied), aller au restaurant, au cinéma…, n’avait pas le droit de regarder dans les yeux ni d’adresser la parole à des membres des deux premières classes. Ils étaient écrasés et ne pouvaient pas se révolter. Mais ces atteintes aux droits de l’homme provoquèrent des réactions parmi des membres des quatre autres classes magiques.
En 1984, Marcius Topsecré, membre de la classe majore, décida de renverser le gouvernement et pour cela décida d’unifier et d’organiser la résistance. Il fit alors appel à des espions et à des agents doubles dont le plus célèbre est Isidor Chrysaor qui, à la suite de la publication des lois séparatrices, avait décidé d’adhérer à la résistance et de lutter contre le gouvernement. La résistance organisa donc des guérillas, des actes de sabotages…
Pour répondre à l’augmentation de la résistance, le gouvernement créa la MAR (Milice Anti Résistance), intensifia la propagande et le 13 avril 1985 déclara l’extermination de tous ceux qui appartenaient à la classe des sans-nom. Tous ceux qui étaient capturés étaient enfermés et entassés sans eau ni nourriture dans de minuscules pièces où les milices de la mort les regardaient devenir fous, s’entre-tuer et mourir en notant toutes leurs observations sur de petits livrets, les livrets noirs, qu’ils envoyaient ensuite au gouvernement…

Des extraits de ces livrets noirs étaient présentés ainsi que des photographies montrant les pièces où des milliers de pauvres gens étaient morts.
En lisant ces lignes, Thoé avait blêmi. Elle se sentait soudain affreusement mal. Elle n’avait jamais imaginé que sa famille avait fait de telles horreurs et elle commençait à vraiment regretter d’avoir voulu porter son vrai nom de famille. La jeune fille hésita à poursuivre sa lecture mais elle se força. Il fallait qu’elle sache toute la vérité !
… D’autres fois, les milices de la mort obligeaient leurs victimes à creuser des fosses avant de les pousser dedans et d’obliger les victimes suivantes à reboucher les trous…
Suivaient des photographies des fosses, et mêmes des photographies montrant les futurs enterrés-vivants creusant leur propre tombe. Apparemment, le gouvernement avait laissé les milices de la mort prendre des photographies de leurs victimes. L’idée que ces images avaient été prises par les bourreaux les rendait encore plus insupportables.
… ou alors les brûlaient vifs sur des bûchers semblables à ceux du Moyen Age européen où les sorciers étaient brûlés.
En voyant les photographies qui accompagnaient ces lignes, Thoé faillit vomir. Elle se demanda comment un manuel scolaire pouvait présenter de telles images. Sans doute que la propagande n’avait jamais réellement disparu. La propagande pro-orpuriste s’étant juste transformée en propagande anti-orpuriste, toutes ces images devant servir à inciter les gens à haïr la Famille et l’ancien régime. Mais elles étaient difficilement supportables et leur présentation dans un manuel destiné à des étudiants avait quelque chose de sadique.
Le cœur au bord des lèvres, Thoé reprit sa lecture :
La résistance prit alors une autre forme : il ne s’agissait plus seulement de lutter contre le gouvernement mais aussi de protéger les "sans-nom". Des filières d’évasion, des cachettes… furent créer. Cette résistance de protection était dirigée par Eléna et Ménélas Diké.
La résistance s’organisa mais la MAR devint, elle aussi, plus performante. Quand elle capturait des résistants, elle ne se contentait plus de les exécuter, auparavant elle les torturait pendant des jours et des jours jusqu’à ce qu’ils parlent ou qu’ils meurent. Les résistants capturés finissaient souvent par donner, contre leur gré, des informations à la MAR. Aussi, les résistants mirent au point un programme afin que chaque résistant en sache le moins possible sur les autres. Mais pour palier à ce manque de renseignements, la MAR envoya des espions et des agents doubles dans le camp des résistants.
La guerre d’espionnage faisait des ravages dans les deux camps et la lutte armée s’intensifiait…

Suivaient alors de nombreuses batailles de 1986 à 1990, remportées par l’un ou l’autre des deux camps, parfois responsables de la destruction de villes entières et faisant de très nombreuses victimes.
Le premier chapitre sur la guerre civile s’arrêtait là. Suivait ensuite un chapitre traitant de l’idéologie qu’avait mise en place sa famille et de la vie des populations durant cette guerre. Thoé vit même dans ce chapitre une photographie représentant Herman et Lucinda Scary, leurs plus proches collaborateurs et leurs familles. La photographie datait de novembre 1985 aussi n’était-elle, heureusement, pas sur la photo (puisqu’elle n’était pas encore née). Mais elle pouvait y voir sa sœur et son frère à côté de ses parents. Tous étaient presque entièrement recouverts par le même tatouage qu’elle. Et puis sa mère était enceinte jusqu’aux yeux et c’était forcément elle qu’elle attendait ! Alors, d’une certaine manière, elle y était quand même sur cette photographie. Cette idée provoqua chez la jeune fille un malaise encore plus profond que celui qu’elle avait éprouvé en voyant juste les membres de sa famille.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyLun 2 Mai - 13:27

La jeune fille reprit sa lecture. Elle arrivait à un nouveau chapitre intitulé : 1990-1992 : la victoire de la résistance et l’installation de la République.
A partir de 1990, le gouvernement perdit du terrain. De plus en plus de personnes rejoignaient la résistance et cette dernière remportait de nombreuses batailles. De plus, les réseaux d’espionnage et particulièrement Isidor Chrysaor, grâce à son statut de proche de Herman et Lucinda Scary, renseignaient la résistance sur les moindres faits et gestes du gouvernement.
Mais ce dernier avait lui aussi de nombreux espions et certains dans les plus hautes sphères de la résistance. Cependant, Marcius Topsecré était très prudent et il ne confiait à personne ses plans d’opération avant le jour même de chaque attaque. Ainsi, les espions ne pouvaient pas prévoir les attaques et le gouvernement perdait de nombreuses batailles. Il décida donc d’éliminer Marcius Topsecré, mais avant cela, de lui extirper le maximum d’informations. Le 18 décembre 1991, les milices de la mort et la MAR envahirent la résidence secrète du chef de la résistance grâce à la trahison d’un ancien membre de la résistance, Fénélon Judas. Ils tuèrent tous les serviteurs, la femme et le fils de Marcius Topsecré ne gardant que ce dernier en vie. Ils le torturèrent pendant des heures et des heures, utilisant toutes les techniques de torture connue mais il ne parla pas. Les milices de la mort et la MAR, l’abandonnèrent, mortellement blessé, pour se rendre sur les lieux d’un sabotage. Quelques heures plus tard, Isidor Chrysaor découvrit le massacre et Marcius Topsecré qui agonisait. Ce dernier lui confia les plans des batailles avant de mourir…

Thoé imaginait très bien ce qui avait pu se passer. C’était comme si elle avait été présente sur les lieux ou qu’elle regardait un film :
Isidor Chrysaor se rendait dans la maison de Marcius Topsecré. Il frappa trois coups rapides puis cinq autres plus espacé, le code convenu. Mais personne ne vint lui ouvrir et il n’entendait aucun bruit. L’atmosphère était étrange, inquiétante. Un mauvais pressentiment le saisit. Il y avait quelque chose qui n’allait pas ! C’était comme quand on regarde un film sur le moyen âge et qu’on voit, au loin dans le ciel, passer un avion. Il avait alors essayé d’ouvrir la porte. Elle n’était pas fermée ! Réellement inquiet cette fois-ci, Isidor Chrysaor s’était précipité dans la maison manquant s’étaler au bout de quelques pas. Il avait buté contre quelque chose sur le sol. Baissant les yeux, il s’aperçut avec horreur que c’était le cadavre ensanglanté de l’un des domestiques. Isidor resta quelques instants pétrifié d’horreur puis, craignant pour la vie de son ami, il se précipita à l’intérieur de la maison. C’est là qu’il tomba sur les cadavres d’une femme et d’un jeune garçon. La femme et le fils de Marcius Topsecré ! A ce moment là, il avait compris que si jamais son ami était encore vivant, il ne le resterait pas longtemps et il avait dû s’appuyer contre un mur, torturé par les remords de n’avoir pas su prévoir l’opération que les milices de la mort avaient progammée pour l’empêcher. Puis, il s’était ressaisi en entendant de faibles gémissements et il avait fini par tomber sur son ami, baignant dans son sang. Il s’était agenouillé pour connaître l’état de Marcius Topsecré, se forçant pour que son visage n’exprime pas ses sentiments. C’est là qu’il s’était aperçu qu’il n’y avait aucune chance que son ami survive.
_ Ne t’occupe pas de moi, avait gémi Marcius Topsecré, ma vie n’a plus aucune importance maintenant… Prends les plans ils sont…
_ Mais… bredouilla Isidor Chrysaor.
_ Mais rien. Je vais mourir, je le sais… Prends les plans, quitte ton rôle d’espion, c’est trop dangereux. Cache-toi et cache ton fils ! Continue la lutte pour remporter la victoire…
Et après avoir obtenu d’Isidor Chrysaor la promesse de reprendre le flambeau, Marcius Topsecré avait poussé son dernier sourire, souriant légèrement en pensant qu’il n’aurait pas à vivre avec l’image du massacre de sa famille.
Thoé se prit la tête dans les mains. Pourquoi entendait-elle et voyait-elle dans sa tête ce qui avait dû se passer ce jour là ? C’était horrible ! insupportable…
La jeune fille ferma les yeux quelques minutes pour essayer de ne plus entendre ces voix qui résonnaient dans sa tête. Quand elle fut à peu près calmée, elle reprit sa lecture. Il fallait qu’elle sache ! Il fallait qu’elle sache quels monstres étaient vraiment sa famille !
Isidor Chrysaor respecta sa promesse. Il se retira dans le plus grand secret du gouvernement pour remplacer Marcius Topsecré. Il avait prévenu Ménélas et Eléna Diké de ce qui était arrivé à Marcius Topsecré et leur avait conseillé de se cacher. Mais ils avaient refusé, on avait besoin d’eux. Ils avaient juste caché leurs deux enfants pour les mettre à l’abri.
Mais le 16 mars 1992, la MAR et les milices de la mort envahirent leur demeure, bien décidés à leur extirper des informations avant de les tuer. Mais là encore, aucun des deux ne parla. Sachant leurs enfants en sécurité, cachés avec le fils d’Isidor Chrysaor, ils restèrent muets jusqu’à la mort. Ce n’est que bien plus tard qu’on découvrit leur mort. Hess Chrysaor, le fils d’Isidor Chrysaor, et ses deux plus proches amis, Isaac et Wilfried Réucy, les trouvèrent dans leur demeure deux jours après leur mort…

Alors comme ça, Hess, Isaac et Wilfried étaient déjà amis lorsqu’ils étaient jeunes. Et Hess connaissait très bien Aliénor et Matt Diké, les enfants de Ménélas et Eléna Diké. Cela n’empêchait pourtant pas Aliénor de la détester… C’était compréhensible, malheureusement !
… Malgré ces lourdes et douloureuses pertes, la résistance continua son combat sous la direction d’Isidor Chrysaor. Le gouvernement était de plus en plus en mauvaise posture. Mais il gardait de nombreux espions. L’un d’eux leur apprit que le nouveau chef de la résistance était Isidor Chrysaor. Herman et Lucinda Scary devinrent fous furieux en apprenant la trahison de Chrysaor. Et bien qu’il fut le frère de Lucinda, ils décidèrent son exécution, et probablement celle de ses proches. Le 1 avril, la MAR et les milices de la mort investirent la maison où il s’était retranché pour diriger la résistance. Mais la MAR et les milices de la mort ne purent trouver qu’Isidor Chrysaor et malgré toutes leurs tortures, Chrysaor ne parla pas. C’est son fils qui découvrit le cadavre le lendemain matin. Les plus grands personnages de la résistance étaient morts mais ils avaient si bien préparé le terrain que le gouvernement tomba et que ses membres furent tous tués ou emprisonnés…
Thoé ne lut jamais la suite. Son regard tomba sur une photographie représentant les quatre principaux membres de la résistance, d’une part lorsqu’ils étaient vivants, et d’autre part leurs cadavres affreusement mutilés par les tortures. La jeune fille étouffa un cri, ferma brusquement le manuel et sortit de la bibliothèque trop précipitamment pour ne pas se faire remarquer. Mais elle s’en fichait. Cela n’avait aucune importance, ça ne pouvait pas en avoir par rapport à tout ce qu’elle avait lu et vu !
La jeune fille se précipita vers le hall où l’on pouvait trouver des téléphones et elle composa, bouleversée, le numéro de téléphone du travail de Hess. Dès qu’elle entendit sa voix à l’autre bout du fil, la jeune fille s’écria :
_ Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?!
_ A propos de quoi ?
_ De ce qu’ont vraiment fait mes parents !
Il y eut un silence de l’autre côté.
_ Qui te l’a raconté ? demanda Hess brusquement.
_ Personne ! Je l’ai lu dans l’un des manuels scolaires ! Ce sont des monstres ! Pire que ça même !
Hess soupira. Jusqu’à présent, Thoé avait très bien réagi à ce qu’il lui avait raconté sur ses parents. Si bien qu’il avait fini par oublier que ce n’était qu’une adolescente et que les détails et les précisions qu’il avait volontairement omis pouvaient la bouleverser. Elle n’avait pas vécu ses événements, elle ne pouvait pas s’attendre à cela… Qui pouvait s’y attendre ?
_ Si je ne t’ai pas tout raconté, c’était pour te protéger. Je voulais attendre un peu, que tu sois vraiment prête. Je n’ai pas pensé qu’il t’était très facile de trouver ses informations toute seule… Ça va aller ? Tu veux que je vienne te chercher ? Je prends un taxi immédiatement si tu as besoin.
La jeune fille resta silencieuse quelques secondes, le temps de reprendre son souffle et de réfléchir.
_ Non, ça va aller. De toute façon, il fallait bien que je l’apprenne un jour. Maintenant, au moins, je sais exactement ce qu’il en est… Et puis, je n’ai rien à me reprocher, n’est-ce pas ? On ne peut pas choisir sa famille…
_ C’est exact. Tu es vraiment certaine que tu ne veux pas que je vienne ?
_ Oui, j’en suis sûre, répondit Thoé le plus fermement qu’elle put. De toute façon, nous nous verrons ce week-end, n’est ce pas ?
_ Oui. N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin…

Quelques minutes plus tard, Thoé raccrocha. Elle resta quelques instants face au téléphone. Elle n’était pas aussi certaine que cela irait que ce qu’elle avait dit à Hess. Ou plutôt, elle se doutait bien que ça n’allait pas aller. Mais elle ne voulait pas qu’il s’inquiète pour elle… Elle ne voulait pas être un poids pour lui !
La jeune fille redressa la tête ; elle saurait se montrer forte, il le fallait ! De toute façon, elle n’avait pas vraiment le choix !

Thoé s’apprêtait à quitter le bâtiment principal pour se rendre dans sa chambre quand un surveillant l’appela.
_ Le directeur voudrait te voir dans son bureau, dit-il.
Thoé s’étonna mais elle suivit le surveillant jusqu’au bureau d’Isaac Réucy. Elle frappa puis entra. Isaac était assis à son bureau, il venait, semblait-il, de reposer le téléphone.
_ Qu’y a-t-il ? demanda la jeune fille en se laissant tomber sur l’un des fauteuils qui faisait face à Isaac.
_ Hess vient de m’appeler, il était catastrophé. Tu sais pourquoi j’imagine…
_ Parce que je l’ai appelé à cause de ce que je venais d’apprendre sur ma famille, répondit-elle calmement.
_ Nous aurions dû y penser. Que tu pourrais avoir envie de savoir et que tu chercherais… Nous aurions pu préparer… J’imagine que tu as été bouleversée... Il faut dire que les manuels scolaires ne font pas dans la dentelle !
_ Ça, on peut le dire ! Comment peut-on publier de telles photos dans des manuels scolaires ? demanda-t-elle soudain, ne pouvant cacher plus longtemps à quel point elle était bouleversée.
_ Elles sont insupportables, je sais, répondit Isaac tristement. Je ne voulais pas qu’on les utilise mais je n’ai rien pu faire. Wilfried non plus même s’il est le ministre de l’éducation nationale. C’est une idée du Premier ministre. Il trouvait que les photos étaient percutantes…
_ Ce n’est pas vraiment le mot que j’aurais employé !
_ Moi non plus. Mais le Premier ministre voulait que les adolescents puissent savoir exactement ce qui s’était passé. Et ainsi, on leur apprend à haïr l’ancien régime et a adoré le nouveau…
_ C’est de la propagande !
_ En quelque sorte. Les manuels ne sont guère objectifs. Ce qu’ils racontent est vrai mais il y a d’autres manières de le dire… D’autant plus que tu peux comprendre que tu n’es pas la seule à te plaindre des manuels. C’est aussi bouleversant pour ceux qui connaissaient les personnes sur les photos… Et il y en a beaucoup !
Thoé imaginait bien de qui il pouvait parler. Aliénor et son frère, pour prendre les exemples les plus frappants, ne devaient pas se sentir très bien quand ils devaient étudier ces manuels… C’était même un euphémisme !
La jeune fille était restée silencieuse quelque temps et Isaac la regardait avec inquiétude.
_ Tu es sûre que ça va aller ? demanda-t-il.
_ Oui, ne vous inquiétez pas. J’ai mal réagi car je ne m’attendais pas à tant d’horreurs mais il valait mieux que je sois au courant. Maintenant, je suis blindée et je ne pourrais plus être surprise. Bon, je vais vous laisser, il me reste des devoirs à terminer…
Isaac regarda la jeune fille partir. Elle n’était décidément pas comme les autres. Et même si Isaac était persuadé que l’adolescente s’efforçait de se maîtriser pour ne pas qu’ils s’inquiètent pour elle, il était impressionné de sa maîtrise sur elle-même.

Ma chambre, académie Plindespry, jeudi 5 septembre, 1h18 du matin :
Je n’arrive pas à dormir. Rien d’étonnant à cela après ce que j’ai appris ! Hess m’avait bien dit que mes parents étaient des monstres mais à ce point ! Je ne pouvais pas l’imaginer. Non ! C’est horrible de savoir que ses parents ont fait des choses aussi atroces… Je me demande si quelqu’un peut seulement comprendre ce que je ressens. Probablement pas. Après tout, on suit généralement ses parents. Quoique, il existe forcément des personnes qui ont des membres de leur famille qui sont orpuristes alors qu’eux sont tout le contraire ! La nature humaine n’est pas peuplée que de moutons tremblants ! J’aimerai bien rencontrer des personnes qui sont dans ce cas. J’aimerai qu’ils m’expliquent comment ils font pour supporter. Je sais qu’on n’est pas responsable des actes de nos parents mais quand même ! Evidement, il y a Hess. Mais ce n’est pas pareil : même si des membres de sa famille sont les pires monstres qui existent, son père a permis de les renverser et a été un martyr ! Et lui-même a lutté contre les orpuristes ! Non, je suis seule et il faut que je parvienne à vivre avec ces images et l’idée que j’ai été engendrée par… par quoi ? Quel mot est assez fort pour les qualifier ? Ils étaient pires que des monstres ! Des démons, le diable incarné en plusieurs personnes, le Mal ?
Et c’est incroyable que le Premier ministre ait fait publier des photos pareilles dans un livre scolaire ! Dès que je ferme les yeux, je les revois. C’est insupportable ! Tous ces gens mutilés, massacrés… Sans compter que je vois et j’entends dans ma tête ce qui s’est passé lorsque les milices de la mort et la MAR ont investi les maisons de Marcius Topsecré, Ménélas et Elena Diké et d’Isidor Chrysaor… C’est vraiment étrange… et affreux ! Assister comme cela à ces tortures, ces massacres… Je crois que je ne pourrais plus jamais fermer les yeux ni dormir sans faire des cauchemars ! C’est tout de même bizarre… Suis-je la seule qui revit en direct tout ce qui s’est passé ou est-ce la même chose pour tout le monde ? Peut être que celui qui a écrit le manuel avait le pouvoir de faire revivre dans le détail les événements qu’il décrivait et que consciemment ou inconsciemment, il a mis son pouvoir en application. Enfin, je suppose que je ne le saurai jamais. Par contre, je ne sais vraiment pas comment je pourrais supporter d’étudier l’histoire contemporaine en troisième année. Rien qu’à l’idée de devoir à nouveau regarder ces photos, je me sens mal, alors les étudier… Je vais essayer de dormir mais je vois mal comment je pourrais y parvenir. Quelqu’un a-t-il une dose de somnifère suffisante pour assommer un éléphant ?
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyJeu 19 Mai - 14:03

9
Attentats.

Hess Chrysaor arriva par taxi le samedi matin à l’Académie Plindespry. Ayant appris que Thoé avait cours jusqu’à dix heures, il se rendit dans le bureau du directeur, Isaac Réucy. Comme à chaque fois qu’il entrait dans ce bureau, il fut envahi par la chaleur de la pièce et par ses souvenirs d’écoliers. Il se rappelait l’angoisse qu’il éprouvait quand il était convoqué dans le bureau du directeur, angoisse qui était accentuée par l’air strict du maître des lieux et l’austérité de la pièce. Avec un sourire, il se demanda ce qu’éprouvaient les étudiants qui étaient convoqués dans le bureau d’Isaac en entrant dans une pièce aux couleurs chaudes, essentiellement éclairée par la large baie vitrée, aux confortables fauteuils de cuir, où régnait un désordre rassurant et où les tableaux accrochés aux murs étaient de l’art abstrait éclatant de couleurs vives au lieu des habituels portraits des anciens directeurs. Et cela sans parler du proviseur même qui dénotait fortement avec l’idée d’un vieil homme strict aux costumes impeccables et classiques qui avait derrière lui une longue carrière dont la sévérité et le sérieux lui avaient permis d’être nommé directeur de la plus prestigieuse académie du pays ! Hess nota d’ailleurs avec un sourire qu’Isaac portait des sandales, un pantalon de couleur bordeaux et un polo kaki où il y avait écrit en grosses lettres oranges : Le boss, c’est moi !
_ Hess ! s’exclama Isaac quand il l’aperçu, faisant tomber les dossiers qui encombraient son bureau en faisant un grand geste de la main en signe d’amitié et de joie. Tu as fait bon voyage ?
_ Assez bon. Comment ça se passe ici ?
_ Tu veux parler de Thoé j’imagine ?
Hess hocha la tête.
_ Et bien, je n’ai pas revu Thoé dans mon bureau depuis ce fameux coup de téléphone et je n’ai eu aucun plainte contre elle de la part de ses professeurs…
_ Mais tu en as eu de la part de parents d’élèves ?
_ Evidement, nous l’avions prévu, l’inverse aurait été étonnant mais cela ne change rien… Tu ne l’as pas reeue au téléphone ?
_ Non, pourquoi ? Tu crois qu’elle se sent très mal ?
_ A vrai dire, je n’en sais rien. Elle ne laisse rien paraître mais enfin, je vois mal comment elle pourrait se sentir bien après cela. J’ai vraiment été stupide de ne pas penser qu’elle pouvait ouvrir l’un de ces satanés manuels !
_ Et qu’aurais-tu fait ? Tu n’as pas l’autorisation de les retirer… De toute manière, il fallait bien qu’elle l’apprenne. J’aurai préféré être avec elle à ce moment…
_ Ne culpabilise pas ! Tu as fait ce que tu devais et elle ne te reproche rien, ça j’en suis sûr ! De plus, ce n’est pas une petite fille sans défense. Elle ne manque ni de force ni de courage…
Il fut interrompu par un coup frappé à la porte de son bureau.
_ Oui ?
_ Monsieur le directeur, vous n’avez pas oublier la réunion avec… commença Alphonse Strikt, son collaborateur.
_ Oui, oui, je m’en souviens. J’arrive tout de suite, prévenez les autres que je ne vais pas tarder ! répondit Isaac, irrité d’avoir été dérangé pour une réunion d’administration dont il se fichait comme de sa première paire de chaussettes.
L’homme hocha la tête et sortit de la pièce en refermant la porte derrière lui.
_ Je suis désolé Hess mais je ne peux pas parler avec toi pour le moment. On ne peut jamais être tranquille ici ! Enfin si jamais tu peux revenir, nous continuerons cette conversation. Je te laisse, tu connais l’académie…
_ Bien sûr, ne t’inquiète pas ! De toute façon, Thoé va bientôt sortir de cours, dit-il après avoir regardé sa montre.

Hess se promenait dans les couloirs de l’Académie en attendant Thoé quand il aperçut Matt Diké un peu plus loin. Hess lui fit signe d’approcher :
_ Je ne te dérange pas ? lui demanda-t-il.
_ Non, je déambulais en attendant un ami. Que fais-tu à l’académie ?
_ Je viens voir comment s’adapte ma filleule…
_ C’est vrai…
_ Ça ne va pas, Matt ? demanda Hess en observant mieux le jeune homme.
Matt connaissait Hess depuis son enfance et ils étaient assez proches pour qu’il puisse se confier à lui.
_ Disons que le programme d’histoire de cette année ne m’aide pas à me sentir mieux…
_ J’imagine… Quand je pense que nous n’avons pas réussi à convaincre le Premier ministre de changer les manuels !
Matt détourna la tête en se mordant les lèvres au souvenir des photographies de son manuel d’histoire.
_ De plus, je suppose que le comportement de tes camarades de classe n’a pas changé, au contraire même ?
_ Ils m’ont nommé délégué principal alors que je n’avais même pas posé ma candidature. Enfin, maintenant j’ai l’habitude…
_ Et tu n’as pas d’autre problème avec les élèves ?
_ Disons que ceux dont les parents sont des orpuristes non-découverts ne m’apprécient toujours pas ! Mais je m’en fiche de ce qu’ils pensent de moi ! Et ils ne peuvent rien me faire s’ils ne veulent pas avoir de problèmes alors ils se contentent de me haïr dans leur coin en imaginant ce qu’ils me feront quand les orpuristes auront repris le pouvoir, enfin j’imagine.
_ J’espère que cela n’arrivera jamais !
_ Tu n’es pas le seul ! Mais je sais que, comme moi, tu ne crois pas qu’ils soient tous emprisonnés ou morts ni qu’ils aient définitivement renoncé à revenir.
Hess hocha la tête, l’air grave.
_ Hess, je peux te poser une question ? demanda Matt, brisant le silence qui venait de s’installer.
Hess le regarda d’un air interrogateur.
_ Est-ce qu’elle sait qui sont ses parents ?
_ Tu parles de Thoé ? Je lui ai plus ou moins dit et elle a appris le reste en lisant ces fameux manuels d’histoire !
_ Je vois, grimaça le jeune homme.
A ce moment là, la sonnerie de fin des cours retentit et Thoé arriva peu après.
_ Je vais te laisser, dit Matt, mon ami doit être sorti maintenant…
En voyant l’air inquiet de Hess, il ajouta :
_ Ne t’inquiète pas ! Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul et pour faire face à tout ça.
Hess le regarda partir d’un air dubitatif en se demandant ce qui allait se passer pour lui cette année. Mais Hess ne resta pas longtemps dans cet état d’esprit. Il se força à prendre un air joyeux en voyant approcher Thoé.
_ Salut ! s’exclama-t-elle puis elle continua plus sérieusement : Tu sais Hess, tu n’es pas obligé de faire semblant d’être joyeux à chaque fois que tu me vois ! Je ne vais pas me sentir vexée, tu sais…
_ Cela se voit donc autant que je fais semblant ?
_ Je commence à te connaître !
Hess hocha la tête en souriant tristement.
_ Avec qui parlais-tu tout à l’heure ? demanda la jeune fille.
_ Avec Matt Diké, tu vois qui c’est ? Je le connais depuis longtemps…
Elle hocha la tête, effectivement elle se souvenait d’avoir lu quelque chose là-dessus dans le manuel d’histoire. Alors voilà à quoi ressemblait le frère d’Aliénor, encore un qui allait l’éviter ! En fait, comme pour le moment elle n’avait croisé personne qui ne cherchait pas à l’éviter qu’il soit le frère d’Aliénor et le fils de Ménélas et Eléna Diké ne changeait rien !
_ Alors que faisons-nous maintenant ? demanda Thoé.
_ Et bien, pour aujourd’hui je te propose qu’on se promène dans le parc de l’académie, qu’on y pique-nique et cet après-midi, je t’emmènerai dans la ville la plus proche, ça te va ?
_ Génial !
L’adolescente courut déposer ses affaires dans sa chambre, elle y croisa Aliénor et Corey qui détournèrent le regard quand elles la virent. Mais Thoé s’en moquait bien, elle était trop contente que Hess soit là pour se soucier du mépris de ses camarades de chambre.

_ Alors, comment ça se passe ? demanda Hess à Thoé alors qu’ils se promenaient dans le parc de l’académie.
_ Et bien, disons que… ça se passe !
_ Explique-moi !
_ Ben… les cours sont plutôt intéressants et ma prof de français est géniale…
_ Mais ?
_ Mais les autres profs ne m’apprécient guère… Oh ! Ils ne me font rien, ajouta l’adolescente rapidement, mais ils m’ignorent et me jettent de sales regards, un peu comme les autres élèves mais bon, j’ai l’habitude ! En France on ne peut pas dire que j’avais des amis et que mes profs m’adoraient !
_ C’est drôle, commenta Hess, tu as exactement le problème inverse de celui de Matt.
_ Comment ça ?
_ Et bien, lui il souffre que les professeurs et les autres élèves se montrent trop gentils et empressés avec lui…
_ J’ai du mal à croire qu’on puisse souffrir d’être trop populaire !
_ Tu es sûre de ne pas avoir une petite idée de ses raisons ?
_ Peut être, réfléchit Thoé. Sans doute qu’il n’a pas choisi d’être populaire et donc c’est comme si on le privait d’une certaine liberté… Et puis, ce n’est pas vraiment de l’amitié qu’ils éprouvent pour lui, c’est plus un mélange de pitié et d’admiration pour sa famille… C’est vrai que ça doit être un peu lourd.
_ Tu vois que tu peux comprendre !
_ Peut être, mais en tout cas, je suis sûre et certaine que je n’aurai jamais ce problème là !
_ Tu vois que tu as un avantage sur lui ! Si jamais par malheur les orpuristes reprenaient le pouvoir, lui serait détesté…
_ Et moi je ne risquerais pas d’être appréciée car je m’opposerais à eux !
_ Je l’espère bien ! Et puis, tu peux te dire qu’au moins, ta situation ne peut que s’arranger car elle ne peut pas être pire…
Thoé hocha la tête mais en même temps, elle se demandait si sa situation ne pouvait vraiment pas empirer. Elle avait comme la sensation qu’elle n’était pas au bout de ses problèmes, au contraire ! Mais elle préféra ne rien dire à Hess pour ne pas l’inquiéter et changea de sujet.
_ Et pour toi, comment ça se passe, à ton travail par exemple ?
_ Disons que le Premier ministre me regarde maintenant comme un extraterrestre mais il ne risque pas de me poser des problèmes, surtout en ce moment !
_ Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe en ce moment ?
_ Nous avons de gros problèmes à Aurora ! Des groupes d’orpuristes sèment la panique dans la ville. Ils écrivent des slogans à la gloire de la Famille sur les murs des bâtiments appartenant à l’état, ils professent des menaces contre ceux qui se sont opposés à eux et contre tous ceux qu’ils ne trouvent pas dignes de faire partie de la population australienne… Ils ont même osé profanés la statue de Marcius Topsecré en la recouvrant d’insultes, il a fallu la repeindre entièrement ! Dans la capitale, les gens sont en proie à la panique et reprochent au gouvernement de ne rien faire pour arrêter ça alors tu imagines bien que nous avons beaucoup de travail !
_ Je pensais que la situation s’était améliorée…
_ En fait, les orpuristes n’ont jamais disparu et même s’ils restaient discrets jusqu’à présent, ils ont toujours réussi à faire parler d’eux. Mais depuis quelques mois, ils redeviennent actifs ce qui nous laisse présager le pire ! Surtout que de nombreuses personnes, dont le Premier ministre, refusent de croire à leur éventuel retour. Ils préfèrent penser que tous les membres de l’ancien gouvernement sont morts ! Les imbéciles, ils se comportent comme des autruches qui se cachent la tête dans le sable en espérant que puisqu’elles ne voient pas leurs prédateurs, ceux-ci ne les verront pas non plus !
_ Tu parles toujours du Premier ministre mais jamais du président, pourquoi ? Il en existe pourtant un, n’est-ce pas ?
_ Oui, il en existe un, répondit Hess en grimaçant de mépris, mais il est totalement incompétent et de toute façon, il n’a pratiquement aucun pouvoir, c’est le Premier ministre qui dirige réellement le pays…
_ Mais alors, à quoi sert-il ?
_ Et bien, quand il a fallu élire un président, les gens ont tout de suite pensé élire une personne qui avait des rapports avec les principaux membres de la résistance. Karlo Portunist, notre Premier ministre actuel se voyait donc évincé de la présidence car ni lui ni sa famille n’a semble-t-il participé à la résistance. Il n’a pas fait partie des orpuristes non plus, ajouta Hess en voyant la tête que faisait Thoé. Il s’est juste débrouillé pour faire élire Gustave Pitiout, un lointain cousin de Marcius Topsecré, homme sans envergure, qu’il savait pouvoir manipuler à sa guise. Ainsi, il a pu devenir le Premier ministre…
_ Tu n’as pas l’air de l’apprécier le Premier ministre ! Mais dans ce cas, comment se fait-il que tu aies un poste si élevé ?
_ Parce que mon père était Isidor Chrysaor, c’est aussi simple que cela !
_ C’est vrai, murmura Thoé, j’oubliais comment fonctionne ce pays !
_ Et à part ça, ça ne se passe pas trop mal avec tes camarades de chambre ?
_ Mes camarades de chambre… Et bien, tu en connais une, c’est Aliénor Diké, nous sommes aussi dans la même classe d’ailleurs, un coup d’Isaac Réucy sans doute !
_ Possible, c’est une drôle d’idée mais c’est assez son genre. Et alors, comment ça se passe avec Aliénor ? Je la connais moins que son frère, il faut dire qu’elle était encore jeune pendant la guerre civile et ensuite, je l’ai assez peu vue …
_ Comment ça se passe ? Oh, ça se passait très bien jusqu’à ce qu’elle apprenne qui j’étais. Là, elle a fait une tête ! inimaginable ! Maintenant, elle essaie de m’éviter et me regarde avec un mélange de frayeur et de dégoût…
_ Je vois… Ne te fais pas d’ennemis !
_ Je suis toute prête à ne pas m’en faire, le seul problème c’est que les autres semblent avoir envie d’être mes ennemis avant que je ne leur fasse quoi que ce soit !
Hess se passa la main sur le visage, comme pour essayer de chasser ces problèmes de son esprit.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyJeu 19 Mai - 14:03

Le reste de la matinée se passa plus agréablement à discuter de sujets plus futiles. Le midi, Hess et Thoé pique-niquèrent dans le parc, à l’écart des autres élèves qui passaient leurs week-ends à l’académie. Thoé passait un très agréable moment avec son parrain quand un surveillant arriva droit sur Hess :
_ Monsieur Chrysaor, on vous demande au téléphone dans le bureau du directeur. Il paraît que c’est urgent !
Hess lui jeta un regard étonné et après avoir haussé les épaules en direction de Thoé, il le suivit. Thoé se dépêcha de ranger les affaires du pique-nique et se posta devant le bureau d’Isaac Réucy pour attendre Hess.

_ Alors ? demanda Isaac quand Hess raccrocha le téléphone.
_ Alors je ne sais pas trop. Apparemment il se passe des choses très graves à Aurora et le Premier ministre m’ordonne de revenir tout de suite.
_ Tu vas lui obéir ?
_ Il le faut bien, ses ordres ressemblaient plus à des prières qu’à autre chose. Cela doit vraiment être très grave, je ne peux pas les laisser comme ça ! Je vais l’expliquer à Thoé, elle sera déçue c’est sûr, mais elle comprendra… A bientôt Isaac, je te tiendrais au courant de ce qui se passe !
Hess sortit du bureau, referma la porte et se retrouva nez à nez avec Thoé.
_ J’ai une mauvaise nouvelle, commença-t-il, je vais devoir partir. Je sais que je t’avais promis de passer le week-end avec toi mais il s’est passé de graves événements à Aurora et je dois absolument rentrer…
_ Ne t’inquiète pas ! Je comprends très bien et je ne t’en veux pas du tout. Tu me tiendras au courant de ce qui se passe ?
_ Evidemment et si je n’arrive pas à me libérer durant un week-end, nous nous verrons lors des vacances de la République…
Thoé lui jeta un regard interrogatif.
_ Ce sont des vacances qui ont lieu pendant les deux dernières semaines du mois d’octobre car c’est fin octobre 1992 qu’on a parlé pour la première fois d’une république australienne… Bon, il faut vraiment que je parte maintenant ! Fais bien attention à toi et bon courage !
Hess sortit presque en courant du bâtiment et s’engouffra dans un taxi que Isaac avait appelé exprès. Thoé le regarda partir d’un air dépité puis elle haussa les épaules. Après tout, elle n’y pouvait rien s’il y avait des problèmes à Aurora et si Hess devait absolument s’y rendre, mieux valait en prendre son parti ! La jeune fille partit donc s’installer à la bibliothèque, à la même table à l’écart des autres sur laquelle elle avait appris la vérité sur ses parents, pour s’avancer dans ses devoirs.

Elle était restée à la bibliothèque jusqu’à sa fermeture, après être passée au self. En ramenant ses affaires dans sa chambre, elle passa devant la salle télé. Une cinquantaine d’élèves s’y pressait, poussant des cris de frayeur et d’indignation. Thoé s’approcha. C’était le journal du soir : Aujourd’hui, les orpuristes ont encore frappé et plus fort que jamais, disait le présentateur d’un air tendu, vers midi, une explosion a résonné dans tout Aurora faisant trembler tous les murs de la ville. C’était une bombe qui avait été posée sur les marches de l’escalier menant au Parlement. L’explosion a eu lieu en pleine réunion des députés et à l’heure actuelle, on ne sait pas encore combien il y a de victimes… On montrait des images du Parlement détruit par l’explosion, des victimes que les secours sortaient des décombres, il y avait des interviews de survivants ou de passants qui s’étaient trouvés sur les lieux de l’attentat… Les criminels ont tenu à signer leur méfait, continuait le présentateur, ils ont inscrit en grosses lettres de peinture rouge sang sur les décombres du parlement : Les orpuristes au pouvoir ! Vive la Famille ! A bas la république… Quoi ?! J’apprends à l’instant une nouvelle incroyable ! Il semble qu’une chose terrible soit arrivée, mais où ? Nous voilà en direct avec l’un de nos correspondants : Où êtes-vous Philip et qu’est-ce que c’est que ces bruits autour de vous ?
_ Je suis sur la place du palais d’Etat. Ici, c’est l’horreur ! La panique règne… tout le monde hurle… il y a une épaisse fumée noire qui m’empêche de savoir ce qui se passe exactement Oh ! Mon dieu ! Il y a eu une seconde bombe et elle a en partie détruit le palais d’Etat ! Je vais essayer de m’approcher mais ce n’est pas facile à cause de la panique, de la fumée et des secours qui commencent à arriver…
Les élèves pouvaient suivre le journaliste à l’écran, découvrant en même temps que lui l’horreur ! Le palais d’Etat avait en partie explosé, des morceaux du bâtiment avaient volé dans toute la place. Sous les décombres, on apercevait parfois un bras ensanglanté, on voyait partout des gens hurler, couverts de sang, des pompiers qui transportaient des brancards où, cachés sous des couvertures, reposaient à jamais les victimes de l’attentat…
Thoé pensa à Hess. A l’heure qu’il était, il devait se trouver à Aurora et sans doute avait-il rejoint le Premier ministre au palais d’Etat ! Morte d’inquiétude, Thoé scrutait l’écran, cherchant à apercevoir Hess et craignant de le découvrir sous des décombres… Soudain, la caméra se fixa sur le Premier ministre. Il ne semblait pas blessé mais ses cheveux et ses vêtements, d’habitude si impeccables, étaient couverts de poussière et de petits morceaux qui venaient du bâtiment, à moitié déchirés et totalement débraillés. Il avait l’air totalement hagard, hébété. Il déambulait sur la place les bras ballants marmonnant sans cesse des paroles incompréhensibles. Il semblait en état de choc. Derrière lui, Thoé aperçut Hess et Wilfried qui amenaient un vieil homme en piteux état vers une ambulance. L’adolescente sentit une main presser son épaule. Elle se retourna brusquement, c’était Isaac. Elle ne l’avait pas entendu arriver.
_ Ils sont vivants, murmura-t-il en poussant un soupir de soulagement mais sans cesser de scruter le petit écran de télévision.
Thoé se retourna à nouveau vers le poste. Le journaliste s’était approché de Hess et commençait à l’interroger. Elle put alors s’apercevoir que Hess était légèrement blessé à la tête mais, à part cela, il semblait miraculeusement indemne.
_ Monsieur Chrysaor, savez-vous ce qui s’est passé ?
_ Il y a eu une terrible explosion qui a détruit une bonne partie du bâtiment…
_ Vous savez qui a fait le coup ?
_ Ce sont les orpuristes, après avoir fait sauté le parlement, ils s’en sont pris au palais d’Etat…
_ Pourquoi ont-ils fait ça à votre avis ?
_ Ils veulent reprendre le pouvoir ! Ils préparent le retour de la Famille…
_ Mais tous les membres de la Famille sont morts ?
_ C’est ce qu’ils veulent vous faire croire. Bien plus certainement, ils se cachent dans la forêt centrale…

_ Le Premier ministre ne va pas aimer ça, murmura Isaac, j’espère que Hess sait ce qu’il fait.
Sur l’écran, le journaliste avait laissé Hess qui avait mis fin à l’interview et décrivait maintenant ce qui se passait sur la place du palais d’Etat. Pour le moment, personne ne savait ce qui était vraiment arrivé ni le nombre de victimes. On passait de la place du palais d’Etat au Parlement avec pratiquement les mêmes images, les mêmes cris, les mêmes pleurs, la même panique… Sur toutes les chaînes, on voyait la même chose. Pour la première fois de sa courte histoire, la république australienne avait été directement frappée et le pays en avait été bouleversé.
Tout d’un coup, Isaac traversa la salle et éteignit la télévision.
_ Rentrez dans vos chambres maintenant, dit-il, nous n’apprendrons plus rien ce soir !
Dans un silence inquiétant, les élèves sortirent de la salle. Ils avaient été si bouleversés par ce qu’ils avaient vu qu’ils étaient incapables de prononcer un mot. Certains d’entre eux connaissaient des personnes ou même avaient de la famille qui travaillaient au Parlement ou au palais d’Etat et ils ne savaient pas comment ils allaient ! Et la déclaration de Hess comme quoi la Famille se cachait dans la forêt centrale ne faisait qu’empirer la panique générale.
Thoé prit, elle aussi, le chemin de sa chambre. Elle qui croyait que les orpuristes et sa famille avaient été définitivement battus, elle était servie ! Et alors qu’elle venait à peine de revenir dans son pays, elle se trouvait déjà au milieu de la bataille. Elle imaginait sans peine comme Hess devait s’en vouloir de l’avoir ramené en Australie à un moment pareil. Mais elle savait aussi qu’il fallait qu’elle sache enfin qui elle était et si elle était sûre d’une chose, c’était bien qu’elle ferait tout pour aider Hess et ses amis dans sa lutte contre les orpuristes. Elle ne les laisserait pas reprendre le pouvoir, jamais ! Il leur faudrait passer sur son cadavre avant ! Ce qu’ils feraient sans doute sans la moindre hésitation…

Ma chambre, Académie Plindespry, dimanche 8 septembre, 0h33 :
Quand je pense que ce week-end avait bien commencé ! Nous pique-niquions tranquillement et soudain Hess est rappelé d’urgence à Aurora et puis nous apprenons que les orpuristes ont fait exploser le Parlement et le palais d’Etat. On ne sait pas encore le nombre de victimes mais il y en a beaucoup, je le parierais. Heureusement, Hess et Wilfried sont vivants, je les ai vus. Une chance car j’ai bien crû mourir d’inquiétude, Isaac aussi apparemment. Je ne sais pas ce que j’aurai fait s’il était arrivé quelque chose à Hess. Je crois que je ne pourrais pas le supporter. Il est ma seule famille… Et puis, qu’est-ce que je deviendrais ? Sans doute que Isaac s’occuperait de moi mais ça ne serait pas pareil… Non, il ne faut pas qu’il arrive quelque chose à Hess. Je ne le permettrais pas !
Le Premier ministre aussi est vivant, c’est dommage… Non, je ne devrais pas dire ça ! Après tout, c’est peut être un sale type mais ce n’est pas un criminel et il n’est pas orpuriste… Et puis, ce n’est jamais bien de souhaiter la mort de quelqu’un. Quoique… à mon avis, il y a des exceptions ! Par exemple en ce qui concerne ma famille… Je crois que même les personnes les plus capables de compassion, les plus pacifistes, ceux pour qui toute vie est sacrée ne peuvent pas ne pas souhaiter que ma famille soit morte. Ils n’enverraient probablement personne les tuer mais s’il leur arrivait un accident… personne ne les regretterait ! Et quant à moi, les voir morts serait un plaisir ! Disons un soulagement… Enfin, je ne suis pas sûr que les voir morts, que voir quoi que ce soit morts puisse provoquer chez moi autre chose que la nausée. Mais disons que si j’apprenais qu’ils étaient morts, je considérerais ce jour comme jour de fête nationale et le responsable de leur mort comme un véritable héros !
Quoiqu’il en soit, j’ai choisi mon camp, ce sera celui de la république, celui de Hess (pas celui du Premier ministre) ! Et je ferais tout ce que je pourrais pour que ce camp reste au pouvoir ! N’empêche, dans quel pétrin me suis fourrée en venant en Australie ? Décidément, je vais finir par croire que j’attire les ennuis comme un aimant ! Pour l’instant, je m’en suis toujours sortie, j’espère que ça continuera…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyVen 29 Juil - 14:50

me revoilà avec un chapitre, je sais ça fait longtemps pourtant j'en ai encore un certain nombre en réserve. j'espère qu'il vous plaira!

10
Une vague de problèmes.

Thoé se trouvait dans un endroit humide et sombre avec une forte odeur de végétation en décomposition. Et cela faisait de drôles de bruits quand elle marchait, comme si elle écrasait sous ses pas des milliers d’insectes caparaçonnés et grouillants. Elle ne savait pas où elle se trouvait mais elle était sûre qu’elle n’aurait pas dû être là, qu’elle allait avoir des problèmes. Encore plus que d’habitude ! Pourtant elle avançait toujours dans une sorte de couloir ou de grotte, elle n’arrivait pas à savoir exactement car elle ne voyait rien et avançait en se tenant aux parois rugueuses et ruisselantes. Finalement, elle arriva dans une salle faiblement éclairée par une lumière rougeâtre qui semblait jaillir des murs. En s’approchant d’avantage, Thoé s’aperçut que les parois de la salle étaient entièrement recouvertes des mêmes motifs que son tatouage et que c’était d’eux que provenait la lumière. Elle en était à se demander pourquoi il existait une salle dans une caverne où les motifs de son tatouage recouvrait tous les murs et luisaient d’une lumière rougeâtre quand elle entendit un bruit derrière elle. Elle se retourna vivement et aperçut un homme nu, le corps entièrement recouvert par un tatouage identique à celui qu’elle portait sur la joue et dégoulinant d’une substance rouge et visqueuse. L’odeur lui sauta au visage, c’était du sang et sans savoir pourquoi, elle était persuadée que c’était du sang humain. D’un simple regard, l’homme éclaira la salle en mettant le feu à des torches. Non, à sa grande frayeur, Thoé s’aperçut qu’il n’y avait pas de torche, l’homme avait simplement mit le feu à quelques excroissances de pierre des parois de la caverne. Puis il ouvrit la bouche révélant une rangée de dents pointues et acérées. Cette vision paralysa la jeune fille qui avait l’impression d’être changée en statue de pierre tant elle se sentait incapable du moindre mouvement.
_ Enfin Thoé tu es revenue parmi les tiens pour reprendre ta place dans ta famille. Bientôt nous dirigerons à nouveau ce pays et nous pourrons lui redonner la pureté que ces imbéciles avec leur république et leur égalité ont souillée.
Thoé se sentait incapable de bouger ni de parler. Elle était comme hypnotisée par l’homme qui se trouvait devant elle.
_ Mais tout d’abord, il faut que tu sois initiée et pour cela, il faut un sacrifice !
A ces mots, deux hommes ayant la même apparence que celui qui parlait apparurent comme par magie en traînant une personne encore vivante qui se débattait en vain. Un poignard à la lame étrange, en zigzag, mais très acérée apparut dans la main du premier homme et il le dirigea vers Thoé.
_ Prends-le et écorche-le ! On va voir combien de temps il survivra ! Ainsi tu feras vraiment partie de notre famille !
Thoé saisit le poignard mécaniquement tout en sachant pertinemment qu’elle était bien incapable d’écorcher qui que ce soit, puis elle tourna son regard vers l’homme qui se débattait à ses pieds. C’était Hess. Thoé lâcha le poignard et, voyant que les trois hommes tatoués se dirigeaient vers elle, l’air menaçant, elle hurla.
La jeune fille se réveilla en sursaut, le visage inondé de sueur et le cœur battant la chamade. Elle était dans son lit, dans sa chambre à l’académie Plindespry. Ce n’était qu’un cauchemar, un horrible cauchemar mais un cauchemar quand même ! Thoé se força à respirer calmement et à reprendre un rythme cardiaque normal. Puis elle s’inquiéta. Elle se souvenait d’avoir crié dans son rêve, mais avait-elle aussi crié dans la réalité ? La jeune fille se leva et s’avança vers le lit le plus proche, celui de Corey. L’adolescente dormait paisiblement, il en était de même pour Aliénor. Thoé respira, elle n’avait pas crié. Douze ans à partager sa chambre avec des filles qu’elle n’appréciait pas lui avait appris à ne pas parler en dormant.
Après s’être mouillée le visage, Thoé tenta de se rendormir. Mais elle n’y parvenait pas, elle n’arrêtait pas de repenser à son étrange rêve. Qu’est-ce qu’il pouvait bien signifier ? Une question lui triturait l’esprit et elle se promit d’aller en parler avec Isaac le lendemain. Après quoi, elle se rendormit mais ce fut pour se réveiller en sursaut une heure plus tard après un autre cauchemar. Mais celui-là était beaucoup moins bizarre. Elle avait revu les images des attentats qui étaient passées à la télé quelques heures auparavant.
Plusieurs fois dans la nuit, elle se réveilla brutalement après des cauchemars aussi elle fut soulagée quand le jour se leva enfin.
Thoé se leva et se prépara en silence pour ne pas réveiller Aliénor et Corey qui avaient sans doute décidé de faire la grâce matinée. Elle se rendit d’abord au réfectoire mais la jeune fille n’arrivait pas à avaler une bouchée. Elle ressortit donc et s’arrêta devant la salle télé. Toutes les chaînes diffusaient seulement des informations sur les attentats de la veille. Maintenant, on savait de source sûre que les deux attentats avaient été orchestrés par les orpuristes et certains journalistes suivaient les dires de Hess, racontant que les attentats avaient été commandés par la Famille. D’autres suivaient les déclarations officielles qui rapportaient que les attentats avaient été commis par une petite bande d’orpuristes sans chef. Thoé croyait Hess et elle trouvait stupide de la part du Premier ministre de nier le fait que la Famille soit encore vivante, tout cela pour faire croire qu’ils étaient en sécurité ! Vous parlez d’une sécurité, les attentats avaient fait des centaines de morts et de blessés parmi les plus influents membres du gouvernement, les élus de la nation et d’autres malheureux employés ! Et c’était d’autant plus stupide que si les gens se croyaient en sécurité, ils étaient d’autant plus fragiles.
Thoé s’arracha aux informations télévisuelles. Elle n’apprendrait rien de plus en regardant ces informations en boucles. Il valait mieux qu’elle aille voir Isaac. L’adolescente se dirigea donc vers le bureau du directeur. Les couloirs étaient étrangement vides et silencieux. Les rares personnes qui travaillaient le dimanche étaient toutes en train d’écouter les informations. Thoé espérait qu’elle arriverait à trouver Isaac. Elle arriva devant la porte du bureau et frappa.
_ Entrez, entendit-elle. Bonjour Thoé.
_ Bonjour…
La jeune fille s’assit sur le fauteuil qui faisait face à Isaac. Ce dernier avait de gros cernes sous les yeux et un grand bol de café dans la main. Manifestement, lui non plus n’avait pas bien dormi. Il était manifestement en train de regarder la télévision quand elle était entrée. Thoé jeta un coup d’œil à l’écran. C’était les informations, à propos de l’attentat. Cela n’avait rien d’étonnant, toutes les chaînes devaient retransmettre ces informations en boucle et en continue. Thoé s’aperçut que les journalistes insistaient énormément sur les victimes, la famille, les amis… qu’ils laissaient derrière eux, pour émouvoir les spectateurs et leur faire haïr les orpuristes. Mais la jeune fille vit aussi avec horreur qu’on n’hésitait pas à montrer les cadavres dans toute l’horreur de ce qu’il en restait. Elle détourna les yeux, le cœur au bord des lèvres. Isaac s’en aperçut et éteignit le télévision avec une grimace en même temps de colère contre les gouvernants qui faisaient paraître ces images et de compassion pour les victimes.
_ Avez-vous eu des nouvelles de Hess et de votre frère ? demanda Thoé. Autrement que par la télévision je veux dire…
_ Oui, ils ont appelé ce matin. Ils vont bien, rassure-toi ! Et ils ont déjà repris le travail, il faut dire que le Premier ministre, lui, a pris quelques jours de congé. Je crois qu’il a été très secoué et que cela se serait ressenti dans son travail.
_ Parce qu’il sait faire un travail correctement ?
_ Thoé !
_ Désolée… Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
_ Bien sûr ! Tu peux me demander tout ce que tu veux, j’essaierai d’y répondre le mieux possible...
_ Est-ce que vous savez quel était, est le pouvoir de mon père ? le coupa Thoé.
Isaac la regarda, silencieux, un peu embarrassé.
_ C’est vraiment important pour toi de le savoir ?
Thoé hocha la tête, elle non plus n’était pas très à l’aise.
_ Il me semble que son pouvoir avait un rapport avec l’un des éléments naturels… Oui, c’est bien ça, il a le pouvoir de mettre le feu à n’importe quoi ou quelque chose comme ça.
Thoé pâlit. C’était bien ce qu’elle craignait, son rêve avait véritablement un sens, mais lequel ? En tout cas, elle espérait qu’il n’était pas prémonitoire. L’adolescente s’aperçut qu’Isaac la regardait d’un air interrogateur.
_ Merci, ça va aller. Vous me le direz, n’est-ce pas, si vous avez d’autres nouvelles de Hess ?
Après avoir reçu une réponse affirmative, Thoé sortit du bureau.
Alors c’était bien son père qu’elle avait vu dans son rêve, elle en avait eu l’intuition. Mais comment avait-elle pu savoir quel était son pouvoir ? Etait-ce un souvenir de sa petite enfance ? Perdue dans ses pensées, Thoé faillit rentrer dans une personne qui allait en sens inverse.
_ Thoé Scary ! dit celui qu’elle avait failli renverser.
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyVen 29 Juil - 14:51

Thoé s’arrêta net, leva les yeux et l’observa. C’était un jeune homme qui devait être en troisième année. Il était plus grand que la moyenne, très massif, très carré. Plus proche du rugbyman que du danseur étoile, en gros ! Il était blond et sa coupe comme ses vêtements, de grandes marques, étaient impeccables. Le genre élève modèle sans les lunettes et probablement sans les ennuis que cela apporte généralement. Thoé était sûre et certaine de ne pas le connaître (elle l’avait peut être déjà croisé dans un couloir, mais en tout cas, il ne lui avait pas tapé dans l’œil !) mais il n’avait rien d’étonnant à ce que lui, sache qui elle était. Après tout, elle était facilement repérable avec son tatouage !
_ Je m’appelle Egor Salmufleu. Tu ne me connais pas encore peut être, il faut dire qu’il vaut mieux que l’on ne nous voit pas ensemble, tu comprends pourquoi j’imagine.
Thoé n’était pas certaine de savoir où il voulait en venir mais elle attendit, curieuse de connaître la suite. Et puis, de toute façon, elle n’était pas pressée et n’avait rien de mieux à faire qu’à écouter ce qu’il avait à lui dire !
_ Nous sommes pareilles tous les deux, nous avons les mêmes idées…
Des idées ? mais sur quoi se demandait Thoé de plus en plus intriguée. Que quelqu’un vienne lui parler, c’était déjà étonnant alors qu’on vienne lui dire qu’on avait les mêmes idées qu’elle ! Surtout qu’à bien y réfléchir, elle n’avait jamais exposé ses idées sur quoi que ce soit donc tout cela commençait à être louche.
_ Evidemment, ce n’est pas facile pour toi car ton tatouage te fait facilement repérer mais quel honneur de pouvoir porter cette marque !
Thoé manqua s’étrangler. Maintenant, elle commençait à comprendre ce que voulait dire cet Egor Salmufleu et elle le regrettait assez. Alors comme cela, il était un orpuriste convaincu et il croyait qu’elle aussi ! Elle n’aurait jamais crû qu’il y avait des orpuristes à l’académie. Ou du moins, elle n’aurait jamais crû qu’un orpuriste oserait se déclarer. Même devant elle ! C’était inquiétant si les orpuristes ne craignaient plus de se déclarer, cela signifiait sûrement qu’ils pensaient être proches de reprendre le pouvoir ! Enfin, pour le moment, ils étaient toujours obligés de se cacher et la république tenait encore aussi décida-t-elle de ne pas le détromper immédiatement. Elle voulait voir jusqu’où il irait.
_ Mais cela va s’arranger puisque mon père m’a dit que ces imbéciles de Hess Chrysaor et des Réucy sont persuadés que c’était une bonne idée de te faire revenir… commença-t-il en prenant Thoé par l’épaule.
_ Qu’est-ce que tu as dit ?! s’écria Thoé en faisant volte-face brusquement.
Elle ne pouvait tout de même pas le laisser insulter Hess et les frères Réucy sans rien faire ! Pour qui se prenait-il ce type ? Elle allait lui montrer qui elle était en tout cas !
_ Enlève ton bras immédiatement et je t’interdis d’insulter Hess Chrysaor ou les Réucy !
Le jeune homme la regardait d’un air ébahi en se demandant ce qu’il pouvait bien avoir fait de travers. Il pensait vaguement que c’était peut être trop osé d’avoir traité aussi familièrement l’une des filles Scary mais il n’arrivait pas à comprendre ce que signifiaient ses dernières paroles. A moins qu’elle n’ait aperçu quelqu’un peut être… Il se retourna mais n’aperçut personne qui traînait dans les couloirs. Il se tourna à nouveau vers Thoé. L’adolescente fulminait :
_ Espèce de sale orpuriste ! Les gens comme toi devraient tous être en prison !
Egor comprit enfin que Thoé était loin de partager ses opinions et il se promit de faire payer à son père de lui avoir ordonné de prendre contact avec elle. Mais maintenant, elle savait qui il était et c’était très dangereux pour lui.
_ Sale garce ! s’écria-t-il en l’attrapant brutalement par le bras, bien décidé à lui infliger une bonne correction pour être certain qu’elle ne parlerait pas. Je vais t’apprendre à trahir ta famille…
_ Lâche-moi immédiatement ou je vais te… hurla Thoé avant d’être coupée par un bruit de pas qui s’approchait.
Egor et elle tournèrent en même temps leurs regards vers l’endroit d’où provenait le bruit. Un jeune homme s’approchait. Thoé s’en désintéressa et répéta :
_ Je te préviens, si tu ne me lâches pas tout de suite…
_ Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda le jeune homme qui venait d’arriver.
Thoé lui jeta un regard noir, de quoi se mêlait-il celui-là ! Elle le reconnut aussitôt, c’était le jeune homme qui parlait avec Hess la veille, le frère d’Aliénor. Et elle reconnut aussi l’insigne qu’il portait sur son t-shirt, celui de délégué principal, voilà pourquoi il se mêlait de ce qui ne le regardait pas.
_ Casse-toi, Matt ! répondit Egor. Ça ne te regarde pas !
_ Laisse-la tranquille !
Cette fois-ci, Thoé perdit son calme et elle s’écria :
_ Je ne t’ai rien demandé à toi ! s’adressant à Matt. Quant à toi, en se retournant vers Egor, je t’ai déjà ordonné de me lâcher, puisque tu n’as pas voulu obéir, prends toujours ça !
Et elle lui envoya son poing à la figure avant qu’aucun des deux garçons n’aient le temps de dire le moindre mot.
Thoé eut le temps de remarquer qu’elle avait sacrement bien amoché le nez d’Egor, qui saignait abondamment et qui avait plus ou moins changé de forme, avant de tourner les talons d’un air rageur. Elle entendit Matt se moquer d’Egor : Alors comme ça, on se fait battre par une fille plus jeune maintenant ! Et les grognements de rage de l’autre avant de prendre un autre couloir. Manifestement, Egor et Matt ne s’appréciaient guère. Ce qui, à vrai dire, n’avait rien d’étonnant compte tenu de ce que chacun était !
Là, elle s’arrêta et serra son poignet droit dans sa main gauche en grimaçant. Elle avait dû se le casser ! Mais de quoi était-il donc fait ce type ? De béton armé ?! Elle avait l’impression d’avoir le poignet broyé. Pourquoi avait-il fallu qu’elle tombe sur monsieur muscle ? Et un monsieur muscle orpuriste ! Dire que Hess lui avait recommandé de ne pas se faire d’ennemis. C’était gagné ! Mais elle n’avait pas vraiment eu le choix, elle ne pouvait quand même pas laisser ce type dire du mal d’Hess, Isaac et Wilfried et de tenir des propos orpuristes ! Ce n’était quand même pas de sa faute si une espèce d’armoire à glace orpuriste se promenait en toute liberté dans l’académie !
Cependant, Thoé espérait que cela n’allait pas lui attirer de problème d’avoir frappé un autre élève. Bon, il y avait peu de chances qu’Egor aille se plaindre au directeur, il n’avait pas l’air d’être du genre à accepter qu’une fille le batte, alors à le dire ! Mais il pouvait toujours l’attendre dans un coin avec une bande de copains pour la tabasser. Thoé grimaça à cette idée. Certes, elle savait se battre mais elle n’était pas superwoman et elle n’avait aucune envie de se faire massacrer ! Surtout maintenant qu’elle avait une main hors service ! Non, en y réfléchissant, il y avait peu de chances qu’Egor fasse cela, il risquerait de s’attirer trop d’ennuis si quelqu’un apprenait ce qui s’était passé. Et ne connaissant pas Thoé, il ne pouvait pas savoir si elle n’allait pas se plaindre au directeur. Surtout que tout le monde savait qu’elle était assez proche de lui. Mais il voudrait se venger d’elle, cela elle pouvait le parier ! Mais comment ? Il fallait absolument qu’elle y réfléchisse pour ne pas tomber dans un piège. Mais, ne voyant vraiment pas comment Egor pourrait se venger, Thoé l’enfouit dans un coin de son esprit où elle rangeait tous ses problèmes, pour se concentrer sur son rêve et ce qu’il pouvait bien signifier…
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MessageSujet: Re: sans titre   sans titre EmptyVen 29 Juil - 14:52

Plus tard, alors qu’elle se rendait au réfectoire, Thoé réfléchissait toujours à son étrange rêve en espérant qu’il n’avait rien de prémonitoire. Elle avait totalement oublié Egor et sa vengeance. Thoé prit un plateau, posa son repas dessus et commença à traverser la salle pour se rendre à une table libre. Soudain, elle sentit une vive douleur dans ses mains, comme si elle les avait posées sur une plaque chauffante. La douleur était tellement insupportable qu’elle lâcha brusquement le plateau qui tomba dans un fracas épouvantable. La vaisselle se brisa en mille morceaux, les couverts s’éparpillèrent dans un bruit métallique et toute la nourriture se répandit sur le sol. Thoé s’aperçut alors que tous les regards étaient tournés vers elle. Cela n’avait rien d’étonnant mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir honte et d’être en colère. La jeune fille s’efforça de ne pas y prêter attention et elle aida l’une des femmes de ménage à tout nettoyer. Elle se prépara un nouveau plateau et s’installa sans encombres à une table non occupée sous les rires moqueurs des autres élèves.
Une fois assise, Thoé observa ses mains. Elles étaient rouges et en cloques, comme si elle les avait trempées dans de l’eau bouillante. Il ne suffisait donc pas qu’elle se soit massacré le poignet, en plus il fallait que ses mains soient brûlées au troisième degré ! La jeune fille grimaça, c’était affreusement douloureux mais elle avait autre chose à faire que de se plaindre. Il fallait qu’elle comprenne ce qui s’était passé. Un plateau ne chauffait pas tout seul, particulièrement un plateau en bois ! Thoé jeta un regard autour d’elle. Elle aperçut Egor, à une table avec ses amis. Il avait un gros bandage qui lui recouvrait la moitié de la figure. Manifestement, elle l’avait sacrement bien amoché ! Mais au lieu d’adopter un profil bas, il la regardait, elle, en riant comme une hyène avec ses amis. La jeune fille eut alors un horrible doute ! Et si c’était à cause d’Egor ? Non, ce n’était pas possible, il n’aurait pas osé braver une loi ! Quoique, il était orpuriste et il ne devait certainement pas voir pourquoi il ne se servirait pas de ses pouvoirs ! Alors comme cela, il avait le pouvoir de rendre brûlant le bois, ou sans doute n’importe quelle matière… et il n’hésitait pas à se servir de ses pouvoirs pour se venger de ceux qu’il n’appréciait pas… Et bien mon gros, se dit Thoé, si tu veux jouer à ça, on peut être deux ! Et je crois que cette fois-ci tu ne remporteras pas la victoire !
Et elle fixa intensément le plateau d’Egor. Soudain, ce dernier poussa un hurlement de douleur : la fourchette qu’il tenait dans la main venait de se changer en une grosse écrevisse qui lui pinçait les doigts. Le jeune homme secoua la main jusqu’à faire lâcher l’animal qui tomba sur le sol où il reprit immédiatement son apparence normale. Thoé vit avec une certaine satisfaction qu’il hésitait à ramasser sa fourchette. Et que tous les regards s’étaient tournés vers Egor et sa bande. Mais la jeune fille avait déjà une autre idée ! Au moment où Egor s’essuyait la bouche avec sa serviette, il s’aperçut avec horreur qu’elle était vivante et il poussa un cri de surprise et de dégoût en comprenant qu’il venait d’embrasser une chauve-souris. Tout le monde éclata de rire ce qui rendit Egor fou de rage. Voulant broyer la chauve-souris entre ses énormes poings, il se fit mordre et se retrouva écrasant dans les mains une serviette en papier. Thoé s’aperçut avec une joie à peine dissimulée qu’Egor commençait à perdre la maîtrise de ses nerfs. Mais elle n’en avait pas encore fini avec lui ! Sans savoir exactement ce que cela donnerait, elle fixa l’assiette de brocolis du jeune homme. Quelle ne fut pas sa surprise, et sa joie, de voir que de l’assiette jaillissait un énorme lion ! L’animal sauta sur Egor, le renversant sur le sol. Le félin avait posé ses deux pattes avant sur son torse et il lui rugit à la figure. Le jeune homme se mit à hurler de frayeur imité, il faut bien l’avouer par la quasi-totalité des autres élèves pendant que Thoé se disait que l’haleine d’un lion en pleine tête était sûrement quelque chose d’aussi agréable que de se retrouver enfermé dans une pièce où on avait laissé faisander de la viande pendant des semaines. Mais une fois qu’Egor se retrouva à brailler comme un gamin les quatre fers en l’air, le lion disparut, et une branche de brocolis s’écrasa sur le polo grande marque d’Egor faisant une belle tâche verte sur le blanc immaculé du polo. Thoé le regarda avec une jubilation certaine se relever précipitamment et sortir du réfectoire en courant. Mais elle ne profita pas longtemps de son plaisir et sortit, elle aussi, du réfectoire, les deux mains serrées dans une serviette humide. Elle avait réussi à oublier la douleur le temps de sa vengeance mais maintenant, elle se faisait à nouveau sentir, encore plus vive et insupportable.
_ Va à l’infirmerie ! entendit-elle alors qu’elle passait près d’une table. Ils ont l’habitude.
Thoé se retourna, surprise, c’était Matt Diké qui venait de lui donner un conseil. Elle lui jeta un regard interrogateur puis sortit de la salle. Comment ça, ils ont l’habitude ? pensa-t-elle. Est-ce qu’Egor s’était déjà servi de ses pouvoirs contre quelqu’un d’autre ? Après tout, c’était fort probable. Ce qui l’était moins sans doute, c’était que cette personne se venge ! En y repensant, Thoé ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté. Elle s’était bien amusée ! La pensée qu’elle avait promis à Hess de ne pas se servir de ses pouvoirs l’effleura mais la douleur qu’elle ressentait la chassa rapidement. Elle s’étonna un peu qu’Egor n’ait jamais eu de problèmes alors qu’il se servait de ses pouvoirs, mais après tout, personne ne pouvait rien prouver !
Après quelques instants d’hésitation, la jeune fille se décida à aller à l’infirmerie. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait leur raconter pour expliquer ce qui lui était arrivé mais elle finirait bien par trouver ! Ce n’était pas vraiment la première fois qu’il lui fallait mentir !
A l’infirmerie, elle fut accueillie par une jeune femme brune et souriante qui lui fit signe de s’asseoir avant de lui demander ce qu’elle avait. N’ayant toujours pas trouvé ce qu’elle allait bien pouvoir lui raconter, Thoé lui tendit simplement les mains. L’infirmière soupira en secouant la tête puis partit chercher une pommade et des bandes mais elle ne lui posa aucune question. Manifestement, elle avait vraiment l’habitude ! Mais alors qu’elle lui bandait la main droite, la jeune femme s’aperçut que Thoé avait une entorse au poignet.
_ Je suppose que vous avez malencontreusement rencontré un mur, dit-elle.
_ On peut dire ça comme ça, répondit Thoé en se demandant si elle se serait fait plus mal en cognant un mur qu’en frappant Egor au nez.
L’infirmière soupira et banda le poignet de Thoé.
_ Revenez ce soir, je vous referai vos bandages. Demain, je vous enlèverai les bandes de vos mains, mais il ne faudra pas se servir de la main droite pendant au moins une semaine, vous avez une entorse au poignet.
Thoé hocha la tête, cela ne faisait rien, de toute manière, elle était ambidextre (une bonne habitude qu’elle avait prise la dernière fois qu’elle s’était cassé le poignet droit, en envoyant un coup de poing à un mur parce qu’elle était en colère, une idée vraiment stupide mais depuis, au moins, elle savait mieux se maîtriser, enfin…). La jeune fille remercia et sortit, étonnée de s’en être tirée sans aucune question. A croire que ce n’était pas la première fois qu’une personne venait avec des blessures étranges et ne voulait pas répondre.

Thoé retournait dans sa chambre quand elle croisa un surveillant qui lui dit que le directeur l’attendait dans son bureau. L’adolescente avait l’étrange sensation que cette convocation avait quelque chose à voir avec ce qui venait de se passer au réfectoire. Elle grimaça. Elle était là depuis à peine une semaine et elle commençait déjà à avoir des problèmes. Et dire qu’elle avait promis à Hess de ne pas se faire remarquer, c’était une réussite !

Thoé s’assit en face d’Isaac Réucy. Ce dernier avait posé ses coudes sur la table, prit sa tête dans ses mains et la regardait d’un air sévère qui contrastait avec son habituelle gaieté.
_ Vous avez eu de mauvaises nouvelles ? demanda Thoé d’un air qui se voulait inquiet.
_ Non, et tu sais très bien que ce n’est pas pour cela que je t’ai fait venir, mais pour parler de ce qui s’est passé au réfectoire…
Il observa un instant ses mains bandées.
_ Je pense en deviner une partie mais je voudrais que tu me confirmes le reste…
Thoé resta silencieuse, elle ne savait pas ce qu’avait vraiment compris Isaac et elle ne voulait pas lui avouer quelque chose dont il n’aurait pas la moindre idée. Elle allait déjà avoir suffisamment de problèmes comme cela !
_ Je sais que tu as utilisé tes pouvoirs contre Egor Salmufleu…
_ Comment le savez-vous ?
_ Je viens d’appeler Hess sous prétexte de prendre des nouvelles et j’en ai profité pour lui demander s’il t’avait parlé des pouvoirs et s’il savait en quoi consistait le tien.
_ Vous lui avez dit que je m’en étais servie ? demanda la jeune fille inquiète.
Isaac lui jeta un regard sévère.
_ J’ai pensé qu’il avait assez de problèmes pour le moment sans lui parler de cela en plus ! Surtout qu’il m’a dit que tu lui avais promis de ne pas te servir de tes pouvoirs et qu’il avait confiance en toi !
Thoé baissa la tête, honteuse. C’était bien la pire chose qu’Isaac pouvait lui dire : que Hess avait confiance en elle alors qu’elle venait de trahir sa promesse !
_ Je suis désolée, murmura-t-elle.
_ Raconte-moi plutôt ce qui s’est passé, et depuis le début !
_ Tout a commencé ce matin, quand je suis sortie de votre bureau, raconta Thoé. J’ai croisé cet Egor Salmufleu qui a commencé à me parler et j’ai vite compris qu’il était orpuriste et qu’il croyait que c’était mon cas aussi ! Alors bien sûr, je l’ai détrompé. Ça ne lui a pas plu alors il m’a attrapé le bras, j’imagine qu’il voulait me frapper mais je ne lui en ai pas laissé la possibilité et je lui ai donné un coup de poing dans le nez. Une réussite, ça aussi ! Je me suis fait une entorse au poignet au résultat !
Isaac se prit la tête dans les mains, Thoé ne savait pas si c’était de découragement ou pour cacher une folle envie de rire. Peut être était-ce un mélange des deux…
_ Continue !
_ Et bien, plus tard, au réfectoire, je tenais mon plateau quand il est devenu brûlant, j’ai bien évidemment tout lâché. Forcément, je me suis étonnée, il me paraissait incroyable de m’être brûlée les mains avec un plateau en bois, continua-t-elle en montrant ses mains bandées. C’est en voyant Egor qui riait avec ses amis que j’ai compris… qu’il s’était servi de ses pouvoirs pour se venger de mon coup de poing, qu’il avait bien mérité d’ailleurs ! Il vous a insulté tous les trois…
Cette fois-ci, Isaac ne put s’empêcher de sourire, il croyait sans peine à ce que lui disait Thoé et s’amusait de sa réaction.
_ Je ne pouvais quand même pas ne rien faire après ce qu’il m’avait fait ! Et puis, moi, je n’ai blessé personne, je voulais juste lui faire peur ! Quant au lion… je vous jure que je ne pensais pas pouvoir transformer un brocoli en lion !
Isaac s’efforça de reprendre son sérieux qu’il avait définitivement perdu en imaginant un brocoli se transformant en lion.
_ Bon, passons pour cette fois mais je veux que tu me promettes de ne plus te servir de tes pouvoirs ! Même si Egor te provoque ! ajouta-t-il après un instant.
_ Oh, ça ! Ça ne risque pas, pas après la peur qu’il a eue !
Isaac se passa la main sur le visage dans un geste qu’il voulait de découragement mais qui servait surtout à cacher le fou rire qui le gagnait.
_ Quelqu’un a-t-il assisté à ta petite querelle avec Egor, finit-il par demander. Réponds-moi franchement !
Thoé hocha la tête.
_ Qui ? Tu le sais ?
_ C’était Matt Diké.
Isaac poussa un soupir de soulagement.
_ On peut dire que tu as de la chance ! Bon, tu peux partir maintenant, mais n’oublie pas ta promesse ! Je n’aimerais pas décevoir la confiance que Hess à en toi.

Ma chambre, Académie Plindespry, dimanche 8 septembre, 23h 47 :
Et bien, on peut dire que cette journée aura été mouvementée ! Et douloureuse ! Entre mon entorse au poignet pour avoir explosé le nez de cet imbécile d’Egor et mes mains brûlées à cause de ses pouvoirs ! Mais bon, je me suis bien vengée ! Et j’ai hâte de voir quelle tête aura Egor quand on lui enlèvera son bandage. Il gardera probablement toute sa vie un nez cabossé comme celui d’un boxeur. J’ai frappé suffisamment fort pour ça. Du moins, je l’espère ! Ça va faire tâche, un nez cabossé, pour monsieur muscle parfait ! Encore que, à ce que j’ai appris, sa famille est vraiment très riche. Il va sans doute le faire réparer par un chirurgien esthétique. Si c’est le cas, j’aimerais vraiment qu’il le rate, ça c’est déjà vu. Ce serait vraiment drôle !
N’empêche, ce n’est pas juste ! Isaac m’a reproché de m’être servi de mes pouvoirs alors que ça m’étonnerait qu’il ait dit quoi que ce soit à Egor ! Enfin, c’est logique ! On ne peut pas s’attendre à ce qu’un orpuriste respecte les lois et comme on ne peut rien prouver… alors que moi qui dis être dans le camp de Hess et des autres, je suis bien obligée de me comporter selon les lois ! Même si elles sont stupides ! Et puis, finalement je n’ai pas trop à me plaindre, Isaac ne m’a pas punie ! A vrai dire, une punition aurait été inutile, j’en ai eu tellement alors, une de plus une de moins ! Mais s’il l’avait dit à Hess… alors qu’il a confiance en moi ! Ça, ça aurait été vraiment terrible ! Heureusement, il ne l’a pas fait. A moi maintenant de prouver qu’il n’a pas eu tort et que je sais tenir mes promesses ! Ce qui devrait être assez facile. Comme je l’ai dit à Isaac, ça m’étonnerait qu’Egor essaie de m’attaquer à nouveau. A mon avis maintenant, dès qu’il va me voir, il va s’enfuir en courant !
Et puis, il y a mon rêve. Celui où j’ai vu mon père se servir de ses pouvoirs ! Je ne me rappelais pas que je savais quel était son pouvoir… Toutes ces choses qui ont trait à mon passé, à ma petite enfance, doivent être enfouies dans ma mémoire et elles ne ressortent que par mes rêves… Je ne suis pas certaine d’avoir envie de me souvenir, j’aimerais tant que tout ça n’ait jamais existé ! Mais bien sûr, ce n’est pas parce qu’on a oublié quelque chose que cette chose a disparu ! Et, si je me rappelle bien certains des articles de psychologie que j’ai lus, c’est une erreur d’essayer d’oublier ce qui nous a bouleversés, ça provoque des névroses ou quelque chose dans le même genre, il me semble… Mais bon, je ne pense pas que je vais spécialement essayer de me souvenir, je ne crois pas que je sois prête à ce que je risque de découvrir… De toute façon, j’ai l’impression que je ne vais pas tarder à apprendre un certain nombre de chose sans avoir besoin de me lancer dans une auto psychanalyse. C’est d’ailleurs étrange, et un peu inquiétant aussi, ce pressentiment. Que je vais bientôt les voir et que le pire n’est pas encore venu… J’espère que je me trompe... Je n’ai pas envie que mon retour en Australie se transforme en cauchemar ! Même si on ne peut plus vraiment dire que c’est un rêve non plus…
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